Amira Hass est cette journaliste israélienne exceptionnelle, la seule à avoir choisi de vivre dans les territoire palestiniens occupés, pour y exercer son métier.
Elle se comporte donc comme une correspondante étrangère du quotidien Haaretz et ses articles constituent un des rares moyens dont disposent les Israliens pour prendre connaissance de ce qui se passe « de l’autre côté », de ce que vivent les Palestiniens et de ce que les soldats et l’administration israéliens leur font subir.
Actuellement installée à Ramallah, Amira Hass, née en Israël de parents rescapés du génocide des juifs, a d’abord vécu pendant 5 ans à Gaza et c’est cette période de 1993 à 1996 qu’elle décrit dans cet ouvrage, avec les camps de réfugiés, les tentes où l’on pleure les militants assassinés, les tribunaux nocturnes, et le long boyau de béton où s’entassent à l’aube les ouvriers palestiniens qui vont travailler en Israël.
Les réfugiés auxquels Amira Hass donne la parole ont d’infinies ressources de fierté et d’humour pour dire l’exil, le deuil, l’occupation et l’opiniâtre espoir.
Mais c’était avant la terrible répression qui s’est abattue sur eux, avant les bouclages, les atrocités, le vandalisme de l’armée israélienne, et surtout avant cette totale séparation entre Palestiniens et Israéliens.
De passage il y a quelques mois en France, Amira Hass ne cachait pas son pessimisme face à une situation radicalement différente, particulièrement grave à son avis du fait de l’absence de contacts entre Israéliens et Palestiniens dans la vie quotidienne, du fait de la déshumanisation de l’Israélien aux yeux des Palestiniens qui n’ont désormais affaire qu’à des soldats chargés de les réprimer et de les humilier.
De Amira Hass, aux Editions La Fabrique, (octobre 2001), 577 pages, 23 euros
