25 septembre – Récit du siège de la Muqa’taa établi par la rédaction de assawra, à partir de dépêches AFP de Ramallah.
Le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, assiégé depuis près d’une semaine dans son QG de Ramallah, tue le temps en discutant avec ses compagnons de siège et en téléphonant pour garder le contact avec le monde extérieur.
Comme tous les autres, M. Arafat dort par terre et mange une fois par jour des conserves, à même la boîte. Et même si le vieux chef palestinien est « en colère » contre une communauté internationale qu’il accuse d’être favorable à Israël, il garde « foi » en sa cause et accepte son sort, cloîtré dans un bâtiment surpeuplé (250 hommes sont enfermés avec lui), humide et où règne une odeur infecte. C’est du moins le tableau qui ressort des conversations téléphoniques avec les assiégés disposant de téléphones portables.
De l’extérieur, le bâtiment – le seul qui soit encore debout dans l’enceinte du QG – ressemble à une prison. L’armée israélienne a achevé mardi de l’entourer avec du fil barbelé, et a installé des spots qui l’illuminent durant la nuit.
Des chars et des blindés sont placés en différents points de ce qui reste de la Moukataa de Ramallah, le quartier général de M. Arafat. Seul un bâtiment est encore debout : celui qui abrite M. Arafat et ses hommes.
Quiconque tenterait de franchir le barrage serait prisonnier des barbelés ou abattu, affirment les assiégés.
Malgré les conditions « horribles » à l’intérieur de l’édifice, Yasser Arafat fait tout ce qu’il peut pour détendre l’atmosphère, riant avec les membres de l’Autorité palestinienne ou des forces de sécurité, assurent-ils. « Chaque jour il vient nous voir et nous remonte le moral », raconte Khaled Hassan, un membre de l’Autorité palestinienne.
Les assiégés racontent la faim, la chaleur, la crasse et les odeurs, et aussi l’isolement et la peur d’être tués dans un assaut de l’armée israélienne. Ils subissent « une guerre psychologique », estime Bassam Abou Charif, un conseiller d’Arafat, qui appelle quotidiennement le chef palestinien.
Régulièrement, les soldats israéliens lancent par haut-parleurs des appels à se rendre, en arabe. « Il y aura beaucoup de victimes s’il y a un assaut. Les gardes du corps du président et les membres des forces de sécurité sont armés et bien sûr ils se battront », déclare un proche de M. Arafat.
En dépit des pressions et de la peur, les assiégés, au premier rang desquels le dirigeant palestinien, ressentent surtout de la « colère ».
M. Arafat « est très en colère. Le silence du monde le met en colère. Le monde n’est pas neutre », déclare un officiel palestinien assiégé ayant requis l’anonymat.
Selon lui, Arafat est occupé toute la journée, il téléphone aux responsables de l’Autorité palestinienne à l’extérieur ainsi qu’aux dirigeants arabes et européens.
Ainsi, le raid meurtrier mené sur Gaza par l’armée israélienne (9 morts) et la résolution de l’ONU votée lundi et demandant « l’arrêt immédiat » du siège de la Moukataa, ont dominé les conversations téléphoniques de M. Arafat mardi.
Conduit en représailles à deux attentats suicide, le siège de la Moukataa sera levé si une vingtaine de Palestiniens recherchés pour « activités terroristes » et retranchés dans le bâtiment se rendent, répète Israël.
Cette exigence a été rejetée par M. Arafat, dont les conseillers se plaisent à rappeler qu’il a survécu à bien d’autres sièges, comme au Liban il y a vingt ans.