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PRECISION SUR LES ISRAELIENS MORTS A HEBRON : TOUS DES HOMMES EN ARMES

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16 novembre – Les précisions sur l’identité des Israéliens tués vendredi soir dans l’embuscade qui leur avait été tendue à Hébron (Al Khalil, Cisjordanie) par des combattants du Djihad Islamique ont ajouté l’embarras politique au revers militaire que représente cette opération pour Israël.


En effet, après avoir été muette pendant des heures sur l’identité et les fonctions des 12 Israéliens tombés dans l’embuscade, l’armée israélienne a affirmé samedi que tous, sans exception, étaient des hommes en armes, militaires ou colons combattants.

Les 12 tués sont ainsi, soit des militaires de l’armée (IDF, 4 morts), soit des membres de la « Police des Frontières » (police militarisée, spécialisée depuis la création de l’Etat d’Israël dans la répression des Palestiniens, 5 morts), soit enfin des membres du service de sécurité de la colonie fascisante de Kyriat Arba (3 morts).

L’armée a tenu à faire cette mise au point après que Benyamin Netanyahou (ministre des Affaires étrangères, mais concurrent de Sharon dans le cadre des prochaines « primaires » au sein du parti majoritaire, le Likoud) eut affirmé que les principales victimes de l’attaque étaient « des fidèles revenant de la prière au Caveau des Patriarches », histoire de se rendre populaire auprès de l’électorat fanatique qui peuple ce genre de colonies.

Le mensonge de Netanyahou a d’ailleurs produit des effets, au moins auprès d’oreilles consentantes telles celles du secrétaire général des Nations-Unies Koffi Anan : oubliant les innombrables résolutions de l’institution qu’il dirige enjoignant Israël de quitter les territoires occupés (comme Hébron, par exemple), Koffi Anan y est allé de l’une des ses déclarations les plus virulentes contre les Palestiniens et leur « ignoble crime ». Le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, n’était pas en reste, qui osait parler d’un « odieux attentat », alors même qu’il avait déjà les informations sur le caractère strictement militaire de l’embuscade.

Ce caractère a été confirmé point par point dimanche par une enquête du journal Haaretz, qui a dénoncé la supercherie évoquant « une lâche attaque contre des fidèles juifs revenant de la prière ». « Tous les tués l’ont été au combat, il s’agissait tous de combattants armés », écrit ainsi le quotidien.

Ce n’est certes pas pour décerner au Djihad Islamique un brevet de loyauté militaire (du genre « pour une fois, ils n’ont pas tué de civils désarmés ») que l’armée israélienne a été contrainte de faire la mise au point, mais pour se tirer de l’embarras général dans lequel la réussite de l’attaque a plongé l’ensemble du pays.

Hébron concentre en effet les aspects les plus odieux de la colonisation israélienne de la Palestine.

Cette ville se caractérise d’abord par la présence, à ses abords immédiats, de la colonie religieuse d’extrême-droite de Kyriat Arba.

C’est de Kyriat Arba, une colonie créée dès les années 1970 alors que les Travaillistes exerçaient le pouvoir, que venait le furieux Baruch Goldstein, lorsqu’il assassinat au fusil automatique 29 musulmans en prière dans le Caveau des Patriarches, en janvier 1994, avant d’être tué à son tour par les rescapés.

Le gouvernement israélien ne fit rien, ensuite, pour s’opposer aux agressions continuelles et aux provocations anti-palestiniennes des gens de Kyriat Arba, assurant au contraire leur protection (comme c’était le cas vendredi soir, d’ailleurs) à chaque fois qu’ils pénètrent en procession armée dans la ville, peuplée à plus de 99% de Palestiniens.

Mais une aberration peut en cacher une autre, et c’est le cas à Hébron : outre Kyriat Arba, quelque 450 Juifs sont en effet implantés à l’intérieur même de cette ville palestinienne de 130.000 habitants ; le secteur dit « H2 » représente la moitié de la cité environ, mais il est depuis des années sous contrôle israélien, afin de permettre aux 450 colons d’y mener, sous protection de l’armée, une vie infernale à la population palestinienne (bouclage à domicile de rues entières quand les furieux ont choisi de s’y promener, vandalisation régulière par ces derniers des boutiques et échoppes palestiniennes, agressions physiques, parfois mortelles, sous le regard bonasse des militaires, etc.)(Le reste de la ville, dit « H1 », connaît le sort ordinaire des villes palestiniennes : bouclages, couvre-feux intermittents, fusillades pour violation du couvre-feu, rafles, etc.)

C’est pourquoi la question de Hébron arrive rapidement sur le tapis dans le débat, très feutré quand même, opposant « colombes » et « faucons » de la classe politique israélienne. Des voix s’élèvent ainsi régulièrement pour demander s’il entre vraiment dans les missions des forces « de défense » d’Israël de protéger les fanatiques.

L’armée israélienne a probablement voulu souligner ce point en insistant sur le fait que tous les morts étaient des hommes en armes.

Mais l’exercice a ses limites : car la victime la plus marquante de l’attaque du Djihad Islamique illustre, à sa manière, la spirale de folie dans laquelle avance de plus en vite la société israélienne, à commencer par son armée.

L’officier le plus gradé tombé vendredi soir est en effet un certain colonel Dror Weinberg, commandant de la place de Hébron, 38 ans, ayant fait toute sa carrière dans des unités dites « d’élite ». Weinberg devait passer prochainement général, et prendre le commandement de la Brigade Parachutiste dans quelques mois. « Cela aurait fait de lui le premier officier religieux à occuper un tel emploi » commente le quotidien Haaretz. Tout un programme, en effet !

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