19 novembre – Plus de quatre jours après l’embuscade de Hébron (Al Khalil, Cisjordanie), au cours de laquelle 12 soldats de l’armée de l’armée d’occupation et miliciens colons ont été tués, le ministère français des Affaires étrangères continue de véhiculer le mensonge d’un « odieux attentat » perpétré contre des « pélerins ».
Suite à l’attaque, vendredi soir, les services de propagande du gouvernement israélien avaient dans un premier temps fabriqué une telle version des faits, entièrement fausse : les assaillants, dont l’action a été revendiquée au nom du Djihad Islamique, ont en réalité ouvert le feu uniquement sur des forces armées, soldats et miliciens armés de la colonie de Kiryat Arba, jouxtant Hébron.
Des journalistes israéliens s’en étaient rapidement rendu compte, et l’armée israélienne elle aussi avait dû démentir rapidement.
Même le vieux soudard qu’est Ariel Sharon a publiquement reconnu qu’on était en présence d’une action strictement militaire, et non du « massacre du soir du Shabbat » évoqué par son concurrent politique Benyamin Netanyahou.
Pour Sharon, dire cette vérité n’a d’ailleurs aucune importance, puisque dans la foulée, il est passé à l’essentiel : profitons de l’affaire pour élargir la présence occupante à Hébron, avec un projet d’expulsion de près de 20.000 Palestiniens de leur ville.
Pourtant, mardi 19 novembre encore, le ministère français des Affaires étrangères s’en tient à un communiqué rendu public vendredi soir. Déjà odieux dans son expression initiale, ce communiqué, non suivi de la moindre rectification, l’est naturellement encore plus quatre jours plus tard.
Voici le texte qu’on pouvait ainsi lire mardi 19 novembre, sur les différents sites du ministère français des Affaires étrangères, en français, anglais, arabe et autres langues :
« Déclaration du porte-parole du ministère, Paris le 15 novembre 2002 :
« La France condamne avec la plus grande fermeté l’attaque odieuse contre un groupe de pélerins à proximité du Caveau des Patriarches à Hébron. Elle exprime aux familles des victimes et aux autorités israéliennes ses condoléances, son émotion et sa tristesse.
Cet acte injustifiable vise à saper les efforts en cours pour la reprise du dialogue. Il appelle de notre part une réprobation totale ».
Voilà.
Ne cherchez pas à savoir dans ce communiqué où peut bien se trouver la ville d’Hébron, vous perdriez votre temps. Ne cherchez pas non plus dans les déclarations gouvernementales, y compris passées, un seul mot de condoléances aux innombrables familles des victimes palestiniennes –le plus souvent civiles- de l’occupation israélienne : il n’y en a pas.
Et pitié pour les « pélerins » cités par M. de Villepin dans son communiqué : quand bien même des civils auraient été visés par l’attaque, ce qui n’a pas été le cas, il se serait agi –et on le savait dès la première minute- de résidents de la colonie de Kiryat Arba venant parader à Hébron, en voisins, comme tous les vendredi soir.
