20 novembre – Deux journalistes du quotidien Le Monde se sont surpassés, mercredi, à l’occasion d’une interview du nouvel ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili.
L’interview elle-même présente quelques points d’intérêt, si l’on s’efforce de lire entre les lignes.
On y découvre d’abord que l’ambassadeur, logiquement tenu à une certaine prudence dès lors que son pays n’a plus de majorité parlementaire et est entré en phase électorale, fait ouvertement la campagne du Premier ministre sortant et candidat à sa propre succession Ariel Sharon, tout en se disant « homme de gauche ».
En bon Sharonien, Zvili développe alors son programme pour (plus exactement contre) les Palestiniens, grâce à des « relances » peu embarrassantes des deux journalistes, Michel Bôle-Richard et Alain Frachon.
Il évoque notamment la création d’un Etat palestinien, en insistant sur la nécessité d’une « barrière physique » entre les deux peuples. Il s’agit, selon lui, de parvenir en Cisjordanie « à la même situation que dans la bande de Gaza, où il y a une frontière à franchir » (sic)
Mais ce qui est incroyable dans cette interview pourtant quasi-exclusivement consacrée au conflit israélo-palestinien, c’est qu’à aucun moment les journalistes n’ont posé de question à l’ambassadeur sur l’occupation, et son prolongement la colonisation.
On lit, on relit, et on ne trouve pas une seule fois le mot « occupation », ni même celui de « colonies », voire d’ « implantations » et pas plus celui de « territoires occupés ».
Incompétence ou complaisance ?
Le journaliste Michel Bôle-Richard s’était déjà illustré, il y a quelques mois, en acceptant une invitation, à Paris, d’un des responsables du service « d’information » de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Olivier Rafowicz.
Celui-ci effectuait une tournée de propagande (lorsque l’armée israélienne a des informations à donner, il revient aux correspondants du Monde, à Jérusalem de les recueillir sur place, ce qu’ils font), et voulait vendre « sa sauce » à des journalistes réunis discrètement en petit comité.
Le même lieutenant-colonel Rafowicz est annoncé ces jours-ci à Paris,. Il doit se livrer à nouveau à l’apologie des crimes de guerre commis par son armée, et lever des fonds pour celle-ci. La rédaction du Monde lui refusera-t-elle un « petit-déjeuner de presse » comme la dernière fois ?