21 novembre – Lettre à Amram MITZNA d’Amer Abdelhadi, directeur de Radio Tariq al Mahabbeh à Naplouse (traduction Carole Sandrel)
Monsieur Amram Mitzna,
Tout d’abord, nous souhaitons vous féliciter d’avoir gagné les élections du parti travailliste et d’en être désormais le leader.
Les gens ont notamment voté pour vous parce que vous vous vous êtes prononcé en faveur de la paix plutôt que de la violence. Vous avez fait une promesse. Contrairement aux leaders qui vous ont précédé, vous devez tenir cette promesse.
Vous avez promis d’avancer vers la paix et la réconciliation avec nous les Palestiniens si vous deveniez premier ministre. Vous avez aussi promis de négocier avec celui que les Palestiniens choisiraient pour leader, quel qu’il soit. De nouveau vous pouvez, et vous devez, tenir votre promesse.
Ariel Sharon avait promis à son peuple la sécurité, et la stabilité en l’espace de cent jours, et il a échoué. Il avait promis de débarrasser les Israéliens de la résistance palestinienne et là encore il a échoué.
Il a échoué parce qu’il a fait des promesses qu’il ne pouvait pas tenir. Il ne pouvait pas enfermer les palestiniens derrière des couvre-feu, les tuant, pilonnant leurs villes, démolissant leurs maisons, arrêtant leurs enfants, détruisant leurs infra- structures, et s’attendre à ce qu’ils tendent l’autre joue.
Quand le Sommet arabe a adopté l’initiative de paix saoudienne, Sharon a répondu par l’occupation des villes palestiniennes et la destruction de presque tout ce que son armée a pu se mettre sous la main.
Sharon n’a pas essayé de cacher ses intentions. Il a promis aux Palestiniens l’enfer et il l’a fait. Mais, il n’a pas accordé trop d’attention à leurs réactions.
En bref, Sharon s’est acquis énormément d’ennemis. Vous allez avoir bien du mal à convaincre les citoyens d’enterrer leurs morts et en même temps d’avancer vers la paix. Mais vous pouvez le faire.
Si vous devenez premier ministre, vous devrez immédiatement faire cesser les agressions contre les Palestiniens, ordonner à l’armée de quitter inconditionnellement tous les territoires palestiniens, ordonner l’arrêt total des colonies en construction ou en voie d’extension, libérer tous les Palestiniens détenus dans les centres et les camps de détention israéliens et vous diriger sans tarder vers la table de négociation. Cela mettrait fin à la situation catastrophique des Palestiniens et des Israéliens.
Vous devriez éviter de tromper le public ainsi que l’a fait constamment le gouvernement israélien. Ils ont créé un immense fossé entre Palestiniens et Israéliens provoquant davantage de haine et de violence.
Vous rencontrerez une opposition des extrémistes des deux bords, des gens qui ne veulent pas vous voir réussir pour protéger leurs intérêts personnels.
Mais d’autre part, vous trouverez des supporters des deux côtés. Des Palestiniens vous aideront à honorer votre promesse parce que la paix est ce à quoi ils aspirent. Des Israéliens vous soutiendront quand ils verront par eux-mêmes que vous avez une véritable sortie vers la paix.
Vous n’aurez pas pour autant la bénédiction de tous. Les Palestiniens se souviennent encore de ce que vous avez fait quand vous étiez général dans l’armée en 1990. Vous avez ordonné que soient démolies les habitations palestiniennes, que les os palestiniens soient brisés et que la population palestinienne reste prisonnière derrière des couvre-feux prolongés et des clôtures.
Bien des Palestiniens n’oublieront pas facilement les actes de terreur que vous avez commis ni ne vous pardonneront tout ce que vous leur avez fait, mais si vous êtes sérieux, ils feront de bons partenaires pour la paix, une paix réelle et juste.
Je ne cherche pas à vous effrayer. Au contraire, je pense que vous êtes arrivé au bon moment. Les opinions publiques palestinienne et israélienne sont malades et fatiguées des menaces continuelles, de
L’insécurité, de cette guerre qui n’en finit pas.
Si vous êtes déterminé, Monsieur Mitsna, vous trouverez un partenaire pour la paix. Vous et les Palestiniens semblez avoir le même but, la paix. C’est le moyen le plus simple, et en l’occurrence le moins cher, d’en sortir. J’espère que j’ai raison.
Après tout, nous, Palestiniens, avons abandonné notre droit de vivre en paix dans notre Palestine historique. Nous ne réclamons pas grand chose, nous demandons à vivre notre vie et à décider de que ce que nous voulons en faire, dans notre pays, à l’intérieur de nos frontières et sans les mesures restrictives imposées par Israël. Vous ne pouvez pas continuer l’occupation, ni priver les réfugiés palestiniens de leurs droits.
Tiendrez-vous vos promesses ?
Amer Abdelhadi
Radio Tariq Al Mahabbeh
TMFM 97.7
Naplouse assiégé
CS