23 décembre – Le « Quartette » des puissances et institutions censées tracer la voie à un règlement du conflit israélo-palestinien, à savoir les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et les Nations-Unies, a en réalité un chef d’orchestre, nommé Ariel Sharon.
Tel est le principal enseignement que l’on peut tirer de la comédie qui s’est déroulée vendredi à Washington, et dont l’ordre du jour initial était l’approbation définitive, par le Quartette, d’une « feuille de route » débouchant sur la création d’un Etat palestinien « viable » en 2005 au plus tard.
Mais avant même la réunion, les Etats-Unis avaient fait savoir que les Israéliens leur avaient demandé de différer l’approbation de ladite « feuille de route », et qu’ils obtempéraient. Les trois autres (Union européenne, Nations-Unies, Russie) ont pleurniché un peu, un petit peu.
Fort de ce enième succès, le gouvernement israélien a alors fait publier, par voie de presse, le contenu de la « feuille de route » élaborée par les Américains, mais dans sa version révisée.
Elle réduit plus encore les perspectives d’une paix juste. S’agissant des mesures que chaque partie doit prendre tout de suite, comme prélude à des négociations au fond, le document s’abstient ainsi de demander la moindre concession à Israël : même l’arrêt de la poursuite de la colonisation a disparu (et le gouvernement israélien en a profité aussitôt, en publiant lundi un appel d’offres pour la construction de 228 logements supplémentaires dans la colonie ultra d’Emmanuel, en Cisjordanie), tout comme la condamnation des assassinats ciblés de militants palestiniens. Inversement, les Palestiniens se voient demander toute une nouvelle série d’exigences sur le « terrorisme », et le développement d’institutions démocratiques, le tout sous occupation militaire et couvre-feu !
Plus généralement, comme le souligne lundi le quotidien Haaretz, la « feuille de route » avait, dans ses versions antérieures, l’inconvénient majeur pour Israël de s’appuyer sur le plan dit saoudien, qui propose une paix sur la base des frontières de juin 1967. Mais Sharon ne veut pas de cela, et il l’a fait savoir aux Américains, qui ont revu leur copie en conséquence.