5 février – Le Président du CRIF, Roger Cukierman, devra répondre devant la justice de sa sortie la plus récente, lorsqu’il a parlé d’une alliance antisémite « rouge/vert/brun », manière d’assimiler l’extrême-gauche et les Verts aux nazis.
Comme l’avait averti dès samedi soir Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire, LCR) sur la plateau de France 2, où il a dit son fait à Cukierman, la LCR et Lutte Ouvrière ont annoncé mercredi qu’elles portaient plainte contre le chef du lobby pro-Sharon en France.
Dans un communiqué commun, les deux organisations d’extrême-gauche déclarent :
« La Ligue communiste révolutionnaire et Lutte ouvrière ne peuvent accepter d’être qualifiés de racistes et d’antisémites pour la seule raison qu’elles critiquent, comme beaucoup de milieux israéliens, la politique brutale, de destruction de la société et du peuple palestiniens, menée par le gouvernement de Sharon.
L’amalgame établi par le président du CRIF entre nos partis politiques, au premier rang de tous les combats contre le racisme et l’antisémitisme, et les « bruns », formule qui désigne fascistes et nazis, est une insulte à tous leurs militants et à la mémoire de ceux des leurs qui ont été victimes des régimes fascistes italien et allemand ou du régime de Vichy.
Aussi Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire ont-elles chargé leurs avocats de porter plainte, afin que des accusations aussi odieuses soient sanctionnées.
C’est à l’occasion du « dîner annuel du CRIF », devant une brochette de ministres et autres politiciens qui n’ont pipé mot (à l’exception du secrétaire général des Verts, Gilles Lemaire, qui a claqué la porte) que Roger Cukierman s’est livré à sa nouvelle provocation.
Usant et abusant de la référence à l’antisémitisme, car il s’agit de la seule « arme », en réalité du seul poison, dont il dispose pour défendre la politique du gouvernement d’Israël, Roger Cukierman n’avait pas fait dans la dentelle : il avait accusé tous les critiques de la politique de Sharon d’être complices des nazis (les « Bruns », ces « Chemises Brunes » qui formaient une des milices de Hitler)
Confronté à Cukierman lors de l’émission « Tout le monde en parle », animée par Thierry Ardisson, samedi soir sur France 2, Olivier Besancenot a alors prévenu son adversaire qu’il est imprudent de parler de corde dans la maison d’un pendu.
Car en matière de collusion avec l’extrême-droite, ce n’est pas du côté de l’extrême-gauche qu’il faut chercher, a rappelé Besancenot, mais bien plutôt du CRIF, et de son président.
C’est Cukierman, en effet, qui s’est publiquement félicité, au soir du 21 avril 2002, du score élevé de Jean-Marie Le Pen, disant que c’était une bonne chose, « qui aiderait les Musulmans à se tenir tranquilles ».
Sur le plateau d’Ardisson, Cukierman a bredouillé, mais n’a pas pu démentir (ou pire, n’a même pas cherché à démentir), car il avait répété ses propos racistes à deux reprises, le 21 avril au soir, puis le 22 avril 2002 à Bruxelles devant ses collègues du Congrès Juif Européen. Et il en reste la trace.
Emu, Olivier Besancenot, qui n’a pas 30 ans, a souligné que son indignation était d’autant plus vive qu’il était personnellement entré dans la vie militante à travers un événement touchant directement à l’antisémitisme : à savoir, la manifestation qu’il avait organisée, comme lycéen au début des années 1990, pour protester contre la profanation de tombes juives dans le cimetière de Carpentras (Vaucluse).
Alors, s’il défend, comme il le fait, les droits du peuple palestinien, Olivier Besancenot et l’organisation qu’il représente n’ont certainement pas de leçons à recevoir de ce côté-là.
Applaudi par une assistance elle aussi dégoûtée par Cukierman, Olivier Besancenot a quitté le plateau en signalant à son interlocuteur qu’on se retrouverait devant les tribunaux.
Ce sera donc chose faite, à un horizon qui dépendra de la célérité des tribunaux à juger ces gens qui, sous prétexte de dénoncer l’antisémitisme, font tout ce qu’il faut, en conscience, pour le rallumer.
