URL has been copied successfully!
Header Boycott Israël

IRAK : UN PRETRE PALESTINIEN DEMANDE AU PAPE DE SE RENDRE A BAGDAD

URL has been copied successfully!
URL has been copied successfully!
Partagez:

11 mars – Sous le titre « Pourquoi sa Sainteté le Pape n’irait-elle pas à Bagdad ? « , le Père Raed Abusahlia, Prêtre de la paroisse de Taybeh, vient de faire cette proposition pour la paix, publiée dans le journal Al Qods.


Pourquoi Sa Sainteté le Pape n’irait-elle pas à Bagdad ?

Le spectre de la guerre s’est emparé du monde. Partout
où vous allez, les gens vous posent la même question :
« Quand la guerre aura-t-elle lieu? » Et ils insistent:
« Est-ce que la guerre aura lieu? » Comme si l’affaire
était tranchée et irrévocable. Et voilà qu’ils
prédisent la date de son déclenchement et font
circuler toutes les rumeurs possibles. Mais tandis que
s’amplifient les voix des « va-t-en guerre », s’élèvent
des voix prophétiques qui s’opposent à la guerre et
mettent en garde sur ses conséquences, en soulignant
que cette guerre n’a aucune justification valable si
ce n’est celle de la prévention et des intérêts
politiques et économiques de la nouvelle domination
américaine sur le monde.

Et parmi ces voix prophétiques, nous entendons celle
du Pape Jean-Paul II qui n’a cessé depuis plus de dix
ans de réclamer la suppression du blocus de l’Iraq. Et
voilà que maintenant, il envoie à Bagdad un délégué
spécial en la personne du cardinal français Roger
Etchégaray, qui est appelé l’homme des missions
difficiles ou même impossibles. Cela fait suite aux
autres démarches du Pape: il a reçu vendredi dernier
Monsieur Tarek Aziz au Vatican auquel il a réaffirmé
son opposition à la guerre et au recours à la force
pour résoudre les problèmes; de plus, il n’a cessé
d’appeler à prier et à supplier pour la paix. Vraiment
la diplomatie vaticane se démène dans tous les sens
pour empêcher la guerre et éviter à la région tous les
désastres qui en découlent.

Il semble que les voix des va-t-en guerre s’amplifient
de jour en jour en étouffant cette voix prophétique et
en faisant semblant d’ignorer qu’elle représente la
plus haute autorité religieuse, spirituelle et morale
dans le monde d’aujourd’hui; la politique, en effet,
n’a aucune préoccupation religieuse ou morale. Et
tandis que s’amplifie sans aucune interruption la
concentration des forces militaires américaines et
britanniques dans le Golfe, nous prenons conscience
que l’heure de la confrontation est arrivée. Il sera
alors trop tard pour revenir en arrière. En effet,
lorsqu’on met le feu aux poudres, il est difficile de
l’éteindre. Bagdad et toute la région risquent d’être
plongés dans l’anarchie et la destruction, dans un
cataclysme aux conséquences imprévisibles.

Lorsqu’un « fou » allume un incendie, on a besoin de
cent personnes raisonnables pour l’éteindre. C’est
pour cela que, avec une pleine confiance en Dieu,
j’aimerais dire : Pourquoi Sa Sainteté le Pape
Jean-Paul II ne mettrait-il pas le monde dans
l’embarras en devançant les événements par une visite
de solidarité avec le peuple irakien à Bagdad et par
l’envoi d’un message clair à tous les partisans de la
guerre leur disant que la folie a des limites? Il y a
plus d’une raison qui poussent à proposer cette
initiative et à pousser un grand cri :

· Nous ne voulons pas que cette visite soit un
soutien au régime irakien ou à son président Saddam
Hussein mais une protection du peuple irakien,
chrétiens comme musulmans. Ce peuple a déjà souffert
de la guerre irako-iranienne, de la première guerre du
Golfe après l’occupation du Koweit, et finalement du
blocus qui lui a été imposé au nom des Nations Unis et
dont ont été victimes plus d’un million d’enfants par
manque de médicaments et de nourriture. Il faut
maintenant que ce peuple puisse jouir du repos, du
calme et de la paix.

· Nous ne voulons pas donner un soufflet aux
Nations Unies, à ses alliés et à tous les partisans de
la guerre. Nous voulons seulement lancer un cri au
monde pour qu’il se réveille de sa somnolence et de
son indifférence, qu’il reprenne son bon sens, qu’il
retrouve son calme et sa stabilité alors que
l’anarchie, le trouble, le tumulte, l’effervescence
dominent le monde : véritable tourbillon impétueux qui
nous conduit vers le gouffre.

· Nous ne voulons pas que cette visite soit un
simple pèlerinage sur le lieu de naisssance d’Abraham,
à Ur en Chaldée. Le Pape n’a cessé de rêver à cette
visite lors de l’année du Jubilé. Cependant, il s’est
contenté de célébrer la mémoire d’Abraham au Vatican
avant son pèlerinage historique sur les pas de Moïse
en Egypte, de Jean-Baptiste en Jordanie, du Christ en
Terre Sainte et de Saint Paul en Syrie et en Grèce.
Mais nous voulons qu’il aille fortifier plus d’un
millions de chrétiens chaldéens qui vivent en Iraq et
qui parlent la langue chaldéenne, proche de la langue
araméenne parlée par le Christ. Notre volonté est
qu’il soutienne également cette illustre Eglise dont
les ressources humaines et matérielles commencent à
s’épuiser par suite de l’émigration de plus de 250000
de ses membres durant les vingt dernières années.

· Nous ne voulons pas un voyage touristique
dans ce pays situé entre les deux fleuves, berceau des
civilisations assyrienne, babylonienne et islamique,
dont les vestiges ne cessent de polariser les
chercheurs et les aventuriers. D’ailleurs, le Saint
Père, maître illustre et souffrant, a besoin de
repos… Mais nous voulons qu’il utilise sa force
spirituelle, morale, théologique et écclésiale pour
attirer les regards du monde vers la tragédie d’un
peuple qui souffre. Nous voulons qu’il inspire aux
hommes politiques un sens spirituel et moral, qu’il
leur enseigne comment résoudre les conflits, qu’il
dise à haute voix que la guerre n’entraîne que des
destructions et ne sème que la mort, et qu’il déclare
avec force que l’homme vaut plus que le pétrole, la
richesse et l’argent.

Pour que sa visite ne soit pas seulement un pèlerinage
ou du tourisme, et pour qu’elle ne soit pas
interprêtée comme un soutien au régime irakien et à
Saddam Hussein, ni comme une opposition aux
Américains, aux Anglais, à Bush et à Blair, nous
souhaitons qu’elle soit un programme articulé et le
lancement d’une initiative de travail; ce qui
prouverait, de plus, que le Pape est un homme bon et
pacifique et qu’il possède un regard pénétrant. Par
suite, nous proposons qu’il porte dans son carquois
une initiative de paix, qu’il obtienne une déclaration
d’engagement et qu’il adresse un message aux
gouvernants :

· Concernant l’initiative de paix, il est
possible qu’elle soit une convocation à un congrès
international au Vatican, traitant de la question
iraquienne en général et palestinienne en particulier
et de la réponse à y apporter par des voies
pacifiques. Il est indispensable que ce colloque
rassemble toutes les parties concernées, y compris
Bush, Saddam, Sharon et Arafat.

· Quant à la déclaration d’engagement, que
l’ensemble des parties, mené par Saddam lui-même,
s’engage, avec une intention droite, à résoudre les
différends connus de tous, par les voies du dialogue
et de la négociation en commençant par la
réconciliation des peuples.

· Enfin, que le message indique clairement aux
gouvernants de s’occuper scrupuleusement de leurs
peuples, de ne pas détruire leurs ressources
naturelles et humaines, de ne pas dépenser leur argent
en achat d’armes, de mettre de côté l’idée de la
guerre, de ne jamais y recourir, et par conséquent
d’oeuvrer au désarmement non seulement des pays
faibles et pauvres, mais aussi des pays riches et
puissants. Ceci est un cri intense : « Non à la guerre
et non aux armes ! »

De peur que la visite ne soit une pièce de théâtre
passagère, dont l’efficacité se terminerait lors du
retour du Pape au Vatican et dont l’issue serait alors
une déclaration de guerre des Américains, nous
proposons que le Pape reste à Bagdad le temps
nécessaire pour prendre les mesures efficaces afin de
convoquer ce congrès international. Nous souhaitons
également que l’Iraq se prépare à détruire toutes ses
armes, que les Américains se retirent des pays
limitrophes de l’Iraq et que tous les préparatifs
d’une guerre probable prennent fin.

Pour que ce message soit intense et plus efficace,
nous appelons le Pape à convoquer tous les
responsables religieux du monde à une rencontre à
Bagdad, à l’exemple de celle d’Assise. Elle pourrait
prendre le nom de « Tente d’Abraham ». Une fois
présents, ces responsables pourraient nouer un
dialogue interreligieux sur la justice et la paix,
prier dans les différents rites et langues, proclamer
une réconcialition historique, qui poserait un terme
aux combats des civilisations et des cultures entre
l’Occident se réclamant du christianisme et l’Orient
attaché à l’islam. Ainsi, ils prouveraient au monde
que les religions peuvent et doivent se porter
garantes de l’humanité de l’homme et le défendre pour
ne pas le laisser aux mains des politiques
aventurières.

Vous pensez que je rêve, oui, mais moi, je suis
réaliste. En effet, je vois que le monde des
politiciens est incapable d’apporter des solutions à
cette crise. Même les Nations Unies sont dans
l’incapacité de changer le cours des événements qui
tendent de plus en plus à une guerre. C’est pourquoi,
une heureuse surprise comme celle-ci – et le Pape est
capable de ce genre de surprise puisqu’il a visité
Sarajevo pendant la guerre – peut entraîner un
changement radical, transformer le cours du conflit,
se diriger vers un chemin pacifique qui doit éviter la
guerre et ouvrir des horizons à une solution pacifique
de la crise.

Père Raed Abusahlia/ Prêtre du Patriarcat Latin – Curé
de Taybeh

Partagez: