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POUR LES PALESTINIENS, IL N’Y A MEME PAS DE METEO (Par Tanya Reinhart)

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11 mars – article paru dans le Yediot Aharonot du 9 mars 2003 (traduit par Carole Sandrel)

Dans la mesure où de récentes actions militaires dans les territoires font débat en Israël même, le débat tourne uniquement autour de la question de savoir si oui ou non on peut en finir avec la terreur palestinienne de cette façon. Les Palestiniens, en tant qu’êtres humains, n’existent tout simplement pas.


Il y a quelques jours il neigeait sur Jérusalem. Le mardi 25 février cette vague de froid faisait les choux gras de tous les journaux israéliens. Même dans ma maison chauffée de Tel Aviv il faisait froid. Mes pensées allaient vers mes amis palestiniens – mes collègues de l’université de Bir Zeit. Comment ça se passe, la neige, pour une famille qui a encore une maison mais n’a plus l’argent qu’il faut pour la chauffer ? Et que se passe-t-il pour ceux qui n’ont plus de maison ? Il a neigé aussi à Jenine. Comment les réfugiés de Jénine survivent-ils au froid, et ceux qui récemment ont fui d’Hébron ? Et ces personnes âgées pour qui le froid est particulièrement dangereux ? Où donc les nouveaux SDF de Gaza ont-ils passé la nuit, eux dont les maisons ont été détruites le jour même ?
L »UNRWA peut-elle encore leur procurer des couvertures et des tentes ? Début février, la United Nations Relief and Works Agency for Palestianan in the Near East (UNRWA) a renouvelé auprès de la communauté internationale son appel d’urgence pour obtenir des fonds de secours pour la première moitié de 2003. Ils ont déclaré que sans ces contributions, qui ont baissé depuis quelques temps, ils n’auront plus de budget en mars1.
Le cœur cherche des réponses, mais les journaux ne vous disent rien. Au delà du mur, exclus des medias, exclus de la conscience, les Palestiniens n’ont même pas droit à la météo.
Ce même jour, cependant, Ha’aretz rendait compte d’une nouvelle campagne, lancée par les services de la sécurité israélienne pour confisquer les fonds qui sont transmis aux Palestiniens via les banques israéliennes  » dix millions de dollars par an ; provenant principalement d’organisations caritatives dans les pays arabes et d’Europe  » (Amos Har’el, édition en hébreu seulement). Au moment où l’UNRWA est à la veille de s’effondrer, les Palestiniens devraient aussi se voir privés des fonds caritatifs qui les aident à survivre.
Ce n’est pas un incident isolé, mais un pas supplémentaire dans la politique systématique d’étranglement économique que conduit Israël. Déjà en juin 2002  » des conclusions internes aux services de la sécurité, à la suite de l’opération  » Defensive shield « , affirmaient la même chose. Les réserves financières de l’Autorité palestinienne commencent à toucher le fond…. Dans un futur qui n’est pas éloigné, la majorité des Palestiniens ne sera plus capable de maintenir des conditions de vie raisonnables sans l’aide internationale  » (Amos Har’el, Ha’aretz, éditon hébreu – 23 juin 2002) . Au même moment, Israël, aidée par le Lobby Juif du Congrès des Etats-Unis commençait une campagne pour réduire l’aide internationale et demandait  » qu’on  » reconsidère  » les opérations de l’UNRWA dans les territoires occupés :  » Israël a lancé une campagne aux Etats-Unis et auprès des Nations Unies pour que soit réexaminée d’urgence la manière dont opère la UN Relief and Works Agency, qui gère les camps de réfugiés palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.
Israël accuse les agents de l’UNRWA d’ignorer complètement le fait que les organisations palestiniennes ont transformé les camps en bases terroristes et demande que l’agence commence à signaler aux Nations Unies toutes les actions militaires ou terroristes à l’intérieur des camps… Simultanément, les lobbyistes juifs et pro israéliens aux Etats-Unis développent une campagne parallèle… Les lobbyistes juifs américains fondent leur action sur le fait que les Etats-Unis contribuent actuellement pour 30% au budget de 400 millions de dollars de l’UNRWA, et sont dés lors en position d’influencer l’agence : un refus du congrès d’approuver le financement de l’agence pourrait sérieusement perturber ses opérations  » (Nathan Guttman, Ha’aretz, 29 juin 2002).
La malnutrition qui frappe les enfants palestiniens des territoires occupés a déjà atteint le même niveau qu’au Congo et au Zimbabwe2 mais Israël  » lance une campagne  » pour empêcher le peu même qui reste de continuer à les alimenter.
Le génocide est associé dans nos esprits à des charniers, ou des convois de population déportée. La mort lente infligée au Peuple palestinien n’a, peut-être, pas encore de nom, mais quand même, comment est-il possible que la société israélienne se ferme hermétiquement le cœur et les yeux à ce spectacle ? Une partie de la réponse réside en ce que le mal se cache sous les mots  » guerre à la terreur « . Les services de la sécurité déclarent que l’UNRWA  » ignore  » les activités terroristes (comme si l’UNRWA était une force de police) ou que les fonds caritatifs destinés aux Palestiniens sont  » des millions de dollars pour la terreur « , et les média se contentent de diffuser leur prophétie. Il n’y a jamais besoin d’autre preuve. Après la confiscation des fonds caritatifs, qui a commencé dans les banques de Jérusalem Est,  » le commandant de la région, Levi, a refusé de donner les renseignements précis sur ces activités terroristes à Jérusalem qui auraient été financées avec ces fonds (confisqués)  » Arnon Regular and Amos Ha’rel, Ha’aretz, 28 février 2003).
L’instinct primitif des israéliens, persuadés que l’IDF (l’armée) ne ment jamais, fera le reste.
La persécution par Israël du peuple Palestinien n’est pas une guerre contre la terreur. La terreur suicidaire palestinienne a une solution simple – sortez des territoires et donnez aux Palestiniens des raisons de vivre. La guerre contre les palestiniens est au-delà de la  » terre promise  » de Sharon, de l’armée et des colons. Dans cette sorte de guerre, on a besoin de mentir constamment, parce que (selon les sondages) la plupart des israéliens se fichent des territoires et veulent en sortir dès demain. D’eux-mêmes, les gens ne chercheront pas les moyens de faire crever de faim, de torturer et d’abandonner au froid des millions d’autres gens. Pour leur faire accepter tout ça, on doit exploiter leurs peurs. De même, la moitié du peuple américain qui soutient la guerre contre l’Irak croit que s’ils n’éliminent pas immédiatement les irakiens, Saddam Hussein éliminera les Etats-Unis.

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