19 mars – Le CRIF et la radio sharonienne Radio J ont pleurniché toute la journée, mercredi, au lendemain du scandaleux gala au profit de l’armée israélienne à Levallois (Hauts-de-Seine), au cours duquel les nervis des milices fascistes que sont le Bétar et la Ligue de Défense Juive ont quand même pris quelques coups.
Nous reproduisons ci-dessous les reportages effectués par Le Parisien et Libération qui corroborent, dans l’ensemble, les faits tels qu’ils nous ont été rapportés par des témoins dignes de foi.
1/ LIBERATION
Titre : Bagarres entre pro-israéliens et propalestiniens
Par Catherine COROLLER
mercredi 19 mars 2003
A force de se chercher, les militants propalestiniens et ceux du Bétar et de la Ligue de défense juive ont fini par se trouver. Hier, une course-poursuite les a opposés dans les rues de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où se tenait un gala de soutien organisé par l’Association pour le bien-être du soldat israélien au profit des familles des soldats. Lundi, le Mrap avait demandé l’annulation de la manifestation : «Dans un contexte de guerre au Proche-Orient, la tenue d’un tel gala ne peut qu’encourager les dérapages racistes de tous ordres.» Le gala a tout de même eu lieu, Patrick Balkany, le maire de Levallois, ayant accepté de l’accueillir, contrairement à d’autres maires. Devant la porte de la salle des sports Marcel-Cerdan, une centaine de manifestants propalestiniens sont venus clamer leur colère aux cris de «Sharon, assassin» «Palestine vaincra», «Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes». Les militants du Bétar, qui avaient injurié les militants propalestiniens toute la soirée derrière les rangs de la police, sont sortis du bâtiment et des bagarres ont éclaté.
2/ LE PARISIEN
Titre : Levallois-Perret Manifestations en marge d’un gala
Le temps d’une soirée, les tensions du conflit israélo-palestinien se sont importées dans les rues de Levallois. Comme le craignaient certains, l’organisation, hier soir, d’un gala privé au profit des oeuvres sociales de l’armée israélienne au palais des sports Marcel-Cerdan a provoqué des échauffourées entre militants juifs et pro-palestiniens. Aucun blessé n’est à déplorer mais, peu après 21 heures, la rue Anatole-France a été le théâtre d’une course-poursuite plutôt mouvementée. Les forces de police ont dû faire usage de gaz lacrymogènes et de flash-ball pour ramener le calme. Jusque-là, les échanges entre partisans des deux communautés s’étaient cantonnés à des insultes. Aux cris, entre autre, de « Palestine vaincra ! », une soixantaine de jeunes militants de la cause étaient venus crier leur désapprobation devant la tenue de ce gala organisée par l’Association pour le bien-être du soldat israélien. En face, protégés par une double rangée de CRS, les militants juifs, notamment issus du mouvement activiste Betar, entretenaient la provocation par des gestes peu équivoques. Vers 21 heures, une vingtaine de militants juifs parvenaient à tromper la vigilance des forces de l’ordre. Leurs provocations ont entraîné la riposte immédiate de ceux d’en face, obligeant les jeunes pro-israéliens à se réfugier derrière les CRS au pas de course. Après l’intervention des forces de l’ordre, les manifestants pro-palestiniens sont repartis sous bonne escorte vers Clichy, ville dont ils étaient pour la plupart originaires. Un peu plus tôt dans la soirée, une manifestation « pacifiste » avait rassemblé une centaine de personnes devant l’hôtel de ville de Levallois. Pour le conseiller général socialiste Thierry David comme pour l’élue Vert Dominique Cloarec, compte tenu du contexte, le fait que Patrick Balkany ait accepté la tenue de ce gala constituait une « provocation ». « On n’avait pas besoin d’importer ces violences », constatait, pour sa part, l’UDF Arnaud de Courson à deux pas du palais des sports. « Nous souhaitons organiser un rassemblement de soutien au peuple palestinien ouvert à tous », espérait, quant à lui, le responsable local du Mouvement des jeunes socialistes, Farid Bounouar.
Timothée Boutry
Le Parisien , mercredi 19 mars 2003
Il convient d’ajouter à ces récits journalistiques, d’une part, qu’un gradé de la police nationale a volontiers admis que des soirées comme celle montée par les partisans de Sharon à Levallois représentaient des provocations, forcément génératrices de troubles, comme plusieurs associations (dont la CAPJPO, le MRAP ou encore la députée-maire de Nanterre Jacqueline Fraysse) en avaient averti par avance les pouvoirs publics ; d’autre part, qu’un militant du droit du peuple palestinien a reconnu, parmi les voyous extrémistes juifs, un homme porteur d’une arme à feu, lequel a été interpellé par la police. Enfin, que cette bande avait dès le départ préparé un guet-apens à l’attention des contre-manifestants anti-Sharon, mais que le piège a tourné court, devant la détermination physique de ces derniers : plusieurs trublions du Bétar ou de la LDJ ont ainsi passé une plus mauvaise soirée que s’ils étaient restés à l’intérieur du Palais des Sports à applaudir aux exploits de l’armée d’occupation dont ils se veulent les émules.
Roger Cukierman, le président du CRIF, s’est efforcé mercredi de consoler ses protégés. Ainsi, tandis que sur les ondes de Radio J, un porte-parole, anonyme, du Bétar, se plaignait des coups reçus, une délégation du CRIF, et même du Consistoire de Paris, se rendait au ministère de l’Intérieur, pour de nouvelles exigences.