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L’HACHOMER HATZAIR, « PACIFISTE DE GAUCHE » : VRAI ? FAUX ?

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9 avril – Il a beaucoup été question cette dernière quinzaine de l’Hachomer Hatzair, mouvement de jeunesse juif dont deux adhérents déclarés ont été agressés, le 22 mars à Paris, rue Saint-Claude, en marge de la manifestation anti-guerre. Ce mouvement a été unanimement qualifié de « paficiste », et « de gauche », par les médias et les représentants de toutes les forces politiques, parce que l’Hachomer Hatzair s’est elle-même attribué les qualificatifs correspondants. Qu’en est-il ? Nous laissons sur ce point la parole à Moshé Ojalvo, qui nous a fait parvenir le courrier suivant, à l’occasion de la conférence de presse de CAPJPO le 31 mars à Paris.


Chers amis,

Des obligations antérieures me retiennent en province, et m’empêchent d’être parmi vous aujourd’hui, ce que je regrette. Mais je tiens à vous faire parvenir cette lettre non seulement parce que je soutiens le combat de la CAPJPO mais aussi parce que je suis indigné et scandalisé par le mauvais procès d’intention que vous fait l’Hachomer Hatzair en laissant entendre que vous pourriez tolérer des antisémites dans vos rangs ou couvrir leurs agissements.

J’ai été sensibilisé aux idées socialistes à la fin des années 50 dans les rangs de l’Hachomer Hatzair de France. A l’époque, comme de nombreux adolescents juifs, ce mouvement sioniste-socialiste me paraissait l’endroit idéal non seulement pour affirmer une identité culturelle forte mais aussi pour participer à un certain nombre de combats politiques. Revêtus des chemises bleues, qui étaient le signe distinctif du mouvement, nous prenions part aux manifestations pour la paix en Algérie ou contre l’extrême-droite.

C’est dans les rangs de l’Hachomer que nous discutions de la possibilité de créer un état binational en Israël-Palestine, une perspective défendue un temps (mais abandonnée par la suite) par le Parti ouvrier unifié israélien (Mapam) auquel était alors rattaché l’Hachomer.

A l’époque il nous aurait paru impensable d’avoir des rapports quelconques avec les sionistes-révisionnistes du Hérouth ou du Bétar, les héritiers de Vladimir Jabotinsky, que nous considérerions comme des fascistes, au même titre que les militants de Jeune Nation, d’Ordre Nouveau ou de l’OAS.

Aujourd’hui évidemment les choses ont bien changé. L’Hachomer propose un lien avec le Bétar sur son site Internet qui fait le panégyrique de Sharon et ne semble pas particulièrement gêné par le fait que le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) soit dirigé par Roger Cukierman, un homme qui dans le quotidien israélien Haaretz du 23 avril 2002 se réjouissait du succès de l’antisémite Le Pen au premier tour de la présidentielle en y voyant là un motif d’espérer que les musulmans de France se tiendraient enfin tranquilles. En fait le sionisme de gauche est devenu pratiquement interchangeable avec le sionisme de droite avec lequel il a d’ailleurs partagé à plusieurs reprises le pouvoir en Israël.

J’ai quitté l’Hachomer au début de 1962 car je commençais à réaliser que les kibboutzim n’étaient pas les îlots de socialisme dont j’avais rêvé et que les Palestiniens d’Israël étaient traités comme des citoyens de seconde zone, sous-payés et quotidiennement humiliés, une situation dont la gauche sioniste – Mapam compris – semblait accepter comme allant de soi.

Quarante ans plus tard je ne regrette pas mon choix et je reste persuadé que c’est en appuyant des combats comme celui de la CAPJPO qu’on lutte non seulement pour défendre les droits légitimes du peuple palestinien mais pour aider, à terme, Israéliens et Palestiniens à construire un Moyen Orient en paix, débarrassé de l’oppression, de la haine, du racisme et de l’obscurantisme.

Moché Ojalvo, militant de l’Hachomer Hatzair à Paris de 1959 à 1962, groupe Carmel, Ken (local) Hatsor, rue de la Victoire.

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