26 avril – Les dirigeants israéliens ont apporté samedi une nouvelle preuve de leur impudence, en exigeant des responsables occidentaux qu’ils boycottent Yasser Arafat lors de leurs déplacements à Ramallah.
De fait, le savant scénario mis au point par Sharon et Bush, à savoir la nomination d’un Premier Ministre palestinien (Abou Mazen) décrédibilisé par l’appui bruyant qu’il reçoit d’Israël, suivi de la publication de la tout aussi peu crédible « feuille de route », a produit des effets indésirés par Israël.
Comme le souligne un observateur palestinien, « le téléphone s’est remis à sonner » ces derniers jours dans la Mouqata’a bombardée où Yasser Arafat est reclus depuis plus d’un an.
Tony Blair et autres dirigeants ont ainsi appelé le Président de l’Autorité Palestinienne, tandis que d’autres (le délégué européen Moratinos, le ministre allemand Joschka Fischer) faisaient le déplacement en Palestine. A des degrés divers, tous ces gens ont menacé Arafat, exigeant de lui qu’il accède à toutes leurs demandes (dictées par Sharon, en fait).
Mais même sous cette forme, c’est encore trop pour les dirigeants israéliens, qui en ont remis « une louche » samedi.
« Israël veut convaincre les visiteurs officiels étrangers de ne pas rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et de s’entretenir uniquement avec le Premier ministre désigné Mahmoud Abbas (Abou Mazen) », a rapporté samedi l’AFP, citant la radio publique israélienne.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom estime que ses homologues étrangers notamment européens, qui doivent effectuer une visite dans la région durant les prochaines semaines, « n’ont aucune raison de s’entretenir avec Yasser Arafat, dans la mesure où Israël refuse de discuter avec lui » et le considère comme « hors jeu ».
M. Shalom estime également que des rencontres avec Yasser Arafat à son quartier général de Ramallah en Cisjordanie « portent atteinte à la position d’Abou Mazen », a ajouté la radio.
MM. Shalom et Ariel Sharon, le Premier ministre, devraient fixer dimanche la ligne de conduite qu’adoptera le gouvernement israélien vis-à-vis des responsables étrangers en visite en Israël qui souhaiteraient s’entretenir avec Yasser Arafat.
Mme Elizabeth Jones, adjointe du secrétaire d’Etat américain Colin Powell avait, de son côté, dans un entretien publié mercredi par le quotidien portugais Publico, appelé les responsables européens de cesser de rendre visite à Yasser Arafat.
« Plus il y aura de Premiers ministres européens qui iront voir Arafat, plus Arafat sera tenté d’interférer de façon négative » dans la constitution du nouveau gouvernement d’Abou Mazen, avait estimé Mme Jones.
