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CHASSE AUX SORCIERES EN BANLIEUE : UNE EXPOSITION SUR LA PAIX MENACEE

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20 mai – (rédaction CAPJPO) – Sous la pression d’un notable pro-Sharon, le maire de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a tenté de mettre fin à l’exposition  » Dialogues pour la Paix « , dont il ordonné le démontage, alors même que la municipalité était partie prenante à cette manifestation sociale et artistique, a-t-on appris mardi.


La tenue de l’exposition, qui a ouvert ses portes vendredi 16 mai, reste menacée, et c’est pourquoi, avant de relater dans le détail cette hallucinante histoire de maccarthysme de banlieue, nous invitons toutes celles et tous ceux d’entre vous qui le peuvent à témoigner leur soutien, en visitant l’expo, dont voici les coordonnées.

 » Dialogues pour la Paix « ,
du lundi au vendredi de 9 heures à 20 heures,
le samedi de 14 heures à 18 heures,
entrée gratuite,

au Centre d’Arts Plastiques Paul Belmondo
Mail Jean-Pierre Timbaud
93110 Rosny-sous-Bois

L’exposition bénéficie, outre celui de la mairie et du Centre d’arts plastiques, du soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations, ainsi que de la Direction Ile-de-France du ministère de la Culture.

« Elle présente et met en scène un travail social et artistique, qui s’est construit dans l’intention de fédérer des populations hétérogènes de Rosny-sous-Bois autour de la notion de paix et de conflits ou de guerres personnelles et universelles « , résume sa réalisatrice, la plasticienne Sarah Franco-Ferrer. Pratiquement, un espace a été dévolu plus particulièrement au thème de  » La Paix « , et un autre, moins important, aux  » Conflits « , avec textes, sculptures, dessins et autres expressions artistiques, conçus avec la participation de volontaires locaux.

 » Nous avons ainsi approché, au niveau de Rosny, des personnes de toutes les communautés présentes dans la ville, notamment des communautés musulmane et juive, tandis que nous prenions contact avec l’association israélienne Neve Shalom, qui anime depuis longtemps, en Israël, un village habité à la fois par des Arabes et des Juifs « , ajoute-t-elle.

Mais dans les semaines précédant l’ouverture, un responsable du du Consistoire israélite de Rosny/Neuilly-Plaisance, commence à faire campagne contre l’exposition, ayant appris que le thème du conflit israélo-palestinien y serait présent, sous la forme d’un texte sur la tuerie de Jénine (avril 2002), proposé par un jeune habitant de Rosny, Farid, 20 ans. Les autres thèmes repris dans cette section  » Conflits  » sont la guerre en Irak, le sort du condamné à mort américain Mumia Abou Jamal, les attentats du 11 septembre, et les camps de concentration nazis.

Tant auprès de Sarah Franco-Ferrer que dans un courrier indécent au maire, où il manie le chantage à  » l’antisémitisme « , il exerce des pressions contre le projet.

Dans un souci de conciliation, Farid et les organisateurs acceptent alors de retirer les textes initiaux de Farid. (Nous les joignons au bas de cette dépêche, afin que chacun puisse prendre la mesure, d’une part du caractère modéré de ces documents, et a contrario de l’incroyable impudence des censeurs).

Farid propose alors, en remplacement, un autre texte sur Jénine émanant, cette fois de Shulamit Aloni, ancienne ministre et députée du parti israélien Meretz, que nous reproduisons également au bas de cette dépêche.

Le texte de cette pacifiste israélienne, est en outre expurgé, par Farid et toujours dans un souci de compromis, de son paragraphe le plus sévère pour le gouvernement et l’armée d’Israël, celui où Shulamit Aloni déclare :  » Certes, nous n’avons ni chambres à gaz ni fours crématoires, mais il n’y a pas de méthode unique pour commettre un génocide « .

Pourtant, rien n’y fait. Au vernissage vendredi soir 16 mai, le maire (UMP)de Rosny, Claude Pernes, s’en prend publiquement à l’exposition, et plus particulièrement à la contribution de Farid/Shulamit Aloni.

 » Nous avons ensuite appris que samedi, un groupe d’individus s’étaient présentés à l’exposition, et avaient craché au visage des employés du Centre assurant la permanence « , poursuit Sarah Franco-Ferrer.

« Dimanche, le Centre est fermé. Mais lundi matin, j’ai reçu un appel téléphonique, me disant que le maire avait ordonné le démontage de l’exposition ! Notre attachée de presse a rapidement alerté des représentants des médias : Le Parisien, France 3, Témoignage Chrétien et France Inter sont venus, et le maire a alors commencé à faire marche arrière. Seuls les textes avaient à ce moment-là été enlevés par l’employé à qui l’ordre en avait été donné, et heureusement, pas encore les pièces les plus volumineuses, sculptures, panneaux photographiques, etc. Il va falloir refaire ces textes. Mais nous avons besoin d’aide, et il faut que cette histoire soit connue « , conclut-elle.

A SUIVRE : Les textes de Farid (version 1, retirée avant l’expo, et version 2, l’article de Shulamit Aloni).
Par ailleurs, nous tenons à la disposition de chacun le Dossier de Presse de l’expo, ainsi que les coordonnées des organisateurs. Merci nous les demander par email, le cas échéant.

FARID
J’ai vingt-ans. J’habite à Rosny-sous-Bois.
J’ai deux frères et une sœur de dix ans.
Ma mère est dame de service dans les écoles. Mon père est maçon.
Je suis en terminale BAC pro. Je suis français de confession musulmane. (a ne fait pas très longtemps que je pratique. Je souhaitais donner un sens à ma vie. La religion ma permis de devenir plus joyeux, plus ouvert et plus tolérant envers les autres. Avant j’étais complexé par rapport à mes études et à la classe sociale dans la laquelle je vis. Comme dit Raffarin :
 » La France d’en bas « . Ces mots sont terribles. Ils décrivent pour moi une autre réalité que celle de Raffarin. Le mot :  » bas  » suggère un certain mépris. L’individu se voit ici réduit à une image qui ne témoigne pas de sa dignité. Simplement, nous sommes de plus en plus pauvres.
Est-ce çà être bas ? Il y a dans les cités un cloisonnement socio-ethnique de plus en plus prononcé. Les gens de mêmes origines et de mêmes immigrations sont parqués ensemble. Par exemple, les cités Casanova à Rosny ont été construites dans les années 80 pour accueillir une mains-d’œuvre d’immigrés. La politique de l’époque proposait des subventions aux villes qui acceptaient de recevoir ces populations. Ce qui me choque c’est qu’on ait jamais songé au devenir des générations suivantes. Résultat, il y a une séparation violente entre les anciens et les jeunes pour qui la relation à leur culture d’origine est totalement différente puisqu’ils sont nés en France.
Des fractures sociales et culturelles se créent.
Dont certains problèmes de violence et de rejet du système.
Beaucoup de jeunes errent socialement, scolairement
moi-même, j’avais le sentiment d’avoir gâché mes études.
Je savais qu’en rentrant dans une formation professionnelle, j’étais condamné d’avance. Les diplômes que l’Education Nationale nous propose ne sont pas valorisants. Ils participent simplement à l’élaboration d’une main-d’œuvre malléable. Ce n’est pas avec un BEP ou un BAC que tu vas trouver une activité intéressante. Pour cette raison, la religion musulmane ma rendu plus fort intellectuellement et humainement. Je crois qu’elle m’a apporté une dimension de sérénité. J’ai l’impression que ma vie ne s’arrêtera pas aux erreurs que j’ai pu effectuer dans le passé. C’est un stimulant qui me permet de ne pas renoncer et d’affronter les obstacles.
Elle oblige un dialogue permanent avec soi-même, Dieu et les hommes.

Conflit dans le monde

Jénine

Si j’ai décidé de parler de Jénine, c’est parce que le silence qui a suivi le massacre à huit clos est accablant et troublant.
La dissolution de la mission d’enquête ordonnée par l’O.N.U suite au veto américain a montré au monde entier qu’il n’y avait pas de justice et de droits de l’homme pour la Palestine. Le gouvernement israélien se permet de massacrer la population palestinienne de Jénine sans risquer quoi que ce soit.
J’ai véritablement l’impression que les lois ne sont pas les mêmes pour tous. Je pense que tout être humain normalement constitué ne peut rester insensible aux images insoutenables qui sont parvenues du camp de réfugiés de Jénine peu après l’invasion de l’armée israélienne.
Tous ces corps d’enfants, de femmes et de civils innocents massacrés par la folie de Sharon et de son armée, ne peuvent nous laisser indifférents. Selon une enquête d’Amnesty International, l’armée israélienne n’aurait pas respecté les conventions de Genève, car celle-ci est censée protéger les civils.
Hors l’armée israélienne s’en est prise aux ambulances palestiniennes et aux civils. Par conséquent il y a eu violation de la loi internationale.
Alors comment qualifier ces actes autrement que de criminels ?
N’est-il pas criminel, en effet, de s’en prendre sans honte ni scrupule aux populations civiles, de raser leurs maisons, de les priver d’électricité, d’eau, de médicaments et de soins?
Je ne comprends pas comment la communauté internationale a pu se taire durant ce fait accompli.
Comment peut-on se taire devant une telle tragédie ?
Pourtant les réactions des journalistes sont suffisamment claires sur l’ampleur du drame de Jénine.
Phil Reeves pour The Indépendant a dit:  » De monstrueux crimes de guerre qu’Israël a tenté de couvrir pendant quinze jours, apparaissent finalement au grand jour: ses troupes ont dévasté le centre du camp de Jénine transformé en tombe humaine. Pour sa part Janine di Giovanni, du Times de Londres dit:  » En dix ans, après avoir couvert la Bosnie, la Tchétchénie, le Sierra Leone et le Kosovo, j’ai rarement vu des destructions aussi délibérées ni un tel mépris pour la vie humaine.  »
Aujourd’hui je me pose des questions qui restent sans réponse.
Où sont les droits de l’homme ?
Où sont passées les conventions internationales ?
Où sont passés les états démocratiques?
Où est passée la communauté internationale?
Je suis pour ma part quelqu’un d’optimiste et je crois en cette paix, malgré sa dislocation depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin.
Je pense que la meilleure façon d’honorer sa mort est de poursuivre le processus de paix qu’il avait entamé avec succès.
Rabin a été un soldat de la paix mais aussi une victime de la haine ultra-nationaliste et radicale. Néanmoins, il ne faut en aucune manière faire de dangereux amalgames entre le gouvernement de Sharon et le peuple juif car cela serait odieux et irrespectueux.
J’espère que les Palestiniens et les Israéliens trouveront un accord de paix juste et équitable en vertu de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité. Et par conséquent, la création d’un Etat palestinien autonome. Même si c’est une vision utopique à l’heure actuelle, je pense qu’il ne faut pas perdre espoir car la paix naît souvent du dialogue réellement souhaité par des personnes de bonne volonté.

Farid

P a i x

Peuples

Pour moi la Paix c’est l’harmonisation des peuples. C’est savoir vivre ensemble dans un environnement prospère. C’est aussi le respect envers son prochain et envers ses différences.
Nous vivons dans un monde multiculturel d’où la nécessité d’apprendre à se connaître.
Mais pour cela il faut savoir communiquer les uns et les autres.
Une tolérance réciproque nous est essentielle afin que nous puissions vivre en paix.
Mais pour vivre en paix, il ne faut pas oublier les peuples qui vivent dans la misère et l’injustice.
La guerre n’engendre que la haine et la vengeance. Elle efface tout espoir.
Aujourd’hui, parler de Paix dans le monde est une utopie. La folie des hommes consiste à toujours vouloir préparer la guerre.
Mais il y a aussi la paix de l’âme.
être en paix avec sa conscience, avec ses proches, afin de créer un climat de confiance, une sérénité familiale et une tranquillité sociale.

LE TEXTE DE SHULAMIT ALONI (paru dans le quotidien israélien Ha’aretz, 6 mars 2003)

 » Le Dr Ya’akov Lazovik écrit que dans l’Etat d’Israël, il est impossible que le régime, ou le peuple, puisse planifier et a fortiori commettre un génocide. Il est difficile de dire si cela procède de naïveté de sa part, ou bien de droiture auto-proclamée. On sait bien qu’il n’y a pas de méthode unique pour commettre un meurtre, non plus qu’un génocide. L’écrivain L Peretz a évoqué pour sa part le  » chat loyal « , celui qui ne répand pas le sang de sa victime, et se contente de l’étouffer.

Le gouvernement israélien, par l’emploi de son armée et de ses instruments de destruction, ne se contente pas de répandre le sang ; il étrangle aussi sa victime. Comment qualifier autrement le largage de bombes de 1.000 kilos sur des zones densément peuplées, alors que l’objectif officiel était de tuer un dangereux terroriste et son épouse ? Les autres personnes tuées et blessées dans cette attaque, dont des femmes et des enfants, ne comptent évidement pas.

Comment justifier le fait d’expulser sans préavis des citoyens palestiniens de leurs maisons à trois heures du matin, sous une pluie battante, puis de placer des explosifs dans dans leurs maisons, et de partir tranquillement ? Quand ces gens sont revenus sur les lieux, les bombes explosèrent, provoquant un assassinat brutal, et une destruction de vastes quantités de biens. Et quelle justification a-t-elle été avancée ?  » Nous n’avons pas détruit un quartier entier, rien que 85 maisons ; et ce n’était pas un massacre car il n’y a eu que 50 morts « . Combien faut-il d’assassinats et de destructions pour qu’on parle de crime, de crime contre l’humanité s’entend, au sens non seulement de la législation belge, mais tout simplement des lois de l’Etat d’Israël ?

Il y a plus : le couvre-feu et le bouclage imposés à une ville entière de manière à permettre à une poignée de racistes religieux de Hébron de se rendre au Caveau des Patriarches, tandis que des blindés piétinent les étals de fruits et légumes et que les bulldozers démolissent les maisons, et que des généraux arrogants réclament la destruction d’un quartier entier, pour complaire à un groupe de voyous des colonies. Nous répétons comme des perroquets ce vieux principe selon lequel une personne est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été démontrée (comme pour les affaires dans lesquelles trempent le Premier Ministre et ses fils) ; mais aux autres, on impose le couvre-feu, les bouclages, des brutalités permanentes, l’assassinat, et la destruction des habitations des suspects.

En 1953, Sharon avait donné l’ordre suivant à ses soldats, lancés dans une expédition punitive contre la localité arabe de Qibiah :  » Tuez et détruisez le plus possible « . Cet consigne n’a pas été oubliée. Aujourd’hui, Ariel Sharon, Shaul Mofaz (ministre de la Défense, NDT), et Moshe Yaalon (chef d’Etat-Major), les trois généraux qui dirigent la politique gouvernementale, se conduisent comme le  » chat loyal  » de tout à l’heure : ils étranglent tout le temps.

(…) Comme l’a dit l’un des ministres de ce nouveau gouvernement, Benny Alon,  » il faut leur rendre la vie tellement insupportable qu’ils seront volontaires pour s’en aller « .

Le processus est à l’œuvre, tous les jours, qui s’ajoute aux destrcutions. Yaalon a déjà dit , qui s’ajoute aux destrcutions. Yaalon a déjà dit qu’il  » détruisait pour reconstruire « . On comprend bien que lorsqu’il parle de  » construction « , c’est de colonies qu’il s’agit, toujours plus.

(…)

Un grand nombre de nos enfants sont endoctrinés, dans des écoles religieuses : on leur apprend que les Arabes sont tous comme ce personnage maléfique appelé Amalek, et que la Bible enseigne qu’on droit détruire les Amalek. Un rabbin (nommé Israel Hess) a même déjà écrit dans un journal de l’université de Bar-Ilan que nous devions commettre un génocide, parce qu’il avait découvert que les Palestiniens étaient Amalek.

Alors, on peut certes dire qu’Israel n’est pas en train de préparer un génocide ; en réalité, le pays ne veut pas savoir ce qui se passe dans les territoires. Il se contente de respecter les ordres de ses dirigeants politiques légitimes. Après l’assassinat, dans ce pays, d’un Premier Ministre qui voulait faire la paix, le doigt reste leste sur la gâchette, l’avidité est sans limites, et il y a toujours de bonnes raisons de martyriser les habitants d’une ville de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes, parce qu’il y aura toujours parmi elles des gens  » recherchés « . Il suffit d’avoir une personne à rechercher pour bombarder et assassiner -sans le faire exprès, nous dit-on-, des femmes, des enfants, des ouvriers et autres êtres humains, pour autant que nous les considérions encore comme des êtres humains.

Bien entendu, en nous gargarisant de droiture auto-proclamée et de bavardages sur  » l’éthique juive « , nous ne manquons jamais une occasion de montrer comment nos médecins prennent si bien soin des blessés palestiniens dans nos hôpitaux. Mais nous ne montrons pas, parallèlement, combien ont été exécutés de sang froid à l’intérieur de leur propre maison.

Ce n’est donc pas encore un génocide, du genre terrifiant et inédit dont nous avons nous-mêmes été les victimes dans le passé. Et comme me l’a dit l’un de ces brillants généraux, nous n’avons d’ailleurs ni chambres à gaz, ni crématoires. Connaissez-vous quelque chose qui soit plus éloigné que cela de l’éthique juive ? Ce général aurait-il oublié qu’un peuple entier (le peuple allemand, NDT), avait dit à l’époque qu’il ignorait ce qui était commis en son nom ?  »

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