22 mai – Le Premier Ministre palestinien Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a été contraint de renoncer mercredi à une visite de Beit Hanoun (nord de la bande de Gaza), en raison d’une nouvelle invasion de cette ville par l’armée israélienne.
Beit Hanoun venait de faire l’objet d’une occupation continue de cinq jours par l’armée israélienne, qui y a procédé à des exactions révoltantes, notamment des destructions de maisons, comme en témoignent les récits de pacifistes internationaux (voir ci-dessous).
Mais mardi, l’armée s’était retirée de Beit Hanoun, et Abou Mazen avait prévu de s’y rendre, et obtenir des militants locaux du Hamas un cessez-le-feu. C’est depuis Beit Hanoun que des militants de cette organisation lancent des roquettes Qassem en direction du territoire israélien : les engins, dépourvus de toute précision, atterrissent le plus souvent dans le désert du Neguev, et n’ont jamais fait que de légers et très occasionnels dégâts matériels dans la petite ville israélienne de Sderot, qu’ils se proposent d’atteindre.
Ces tirs fournissent un prétexte commode à l’armée israélienne pour attaquer brutalement la population de Beit Hanoun. Des habitants de la ville palestinienne ont d’ailleurs manifesté, mardi, contre les actions aussi inefficaces qu’inutilement provocatrices des tirs de Qassam.
Et c’est dans ce contexte qu’Abou Mazen devait se rendre à Beit Hanoun, sachant qu’Israël répète qu’un éventuel cessez-le-feu unilatéral palestinien n’entraînera de toute façon pas la suspension d’une seule de ses propres options répressives (assassinats ciblés, descentes de blindés, etc.).
Mais quelle que soit la capacité d’Abou Mazen à se prêter, pour préserver ce qui peut l’être, comme la Feuille de Route, à la comédie imaginée par Israël et son allié américain (celle d’un « bon » Premier Ministre opposé à un « mauvais » Arafat), il lui est tout simplement impossible d’arriver dans la ville aux côtés de l’armée israélienne occupante.
En faisant investir Beit Hanoun ce jour-là, le gouvernement d’Ariel Sharon a ainsi délibérément choisi de torpiller la crédibilité de l’interlocuteur palestinien qu’il s’était lui-même préalablement choisi !
Quant à la réalité de l’action de l’armée israélienne à Beit Hanoun, on lira ci-dessous le témoignage de M. sur place.
« Mercredi 21 mai (avant la réincursion)
Bonjour a tous,
(…)
Hier matin, après 5 jours les Israeliens ont enfin quitté Beit Hanoun, ce qui nous a permis a A. et moi de pouvoir y aller accompagnes par un membre de l’ONG palestinienne de défense des droits de l’homme PCHR . Arrives a quelques encablures de Beit Hanoun, juste apres Beit Laya, nous decouvrions les champs completement saccages, les arbres deracines par centaines, les poteaux electriques abattus et la route completement defoncee par les chars et les buldozers.
On s’arreta a un petit hameau juste avant la ville ou visiblement il y avait eu les plus grosses destructions. La vivent des membres d’une meme famille (5 maisons), nous avons pu recueuillir le temoignage de Nassim. Le 18 vers 19h00 il a entendu une explosion, c’etait le transformateur electrique, quelques minutes plus tard les chars(5) et les buldozers(2) israeliens arrivaient. Les bulls (6 metres de large!) commencaient par pousser une maison alors que les habitants etaient encore dedans, panique, le pere ne sachant pas quoi faire commence par jeter des pierres sur le bull qui attaque sa maison puis voyant ses freres et cousins arriver, decide de leur lancer ses enfants craignant que ceux-ci ne soient ensevelis dans leur maison.
C’est a ce moment que 6 soldats sont arrives chez Nassim, en enfoncant la porte de sa cuisine (ils font tomber un arbre dessus), ils commencent a tirer dans la maison qui contient 8 personnes, ils lui crient de venir dans la cuisine, lui demandent qui est dans la maison puis lui ordonnent de sortir, Nassim ne veut pas et demande pourquoi ils veulent detruire la maison.
Les soldats le molestent et le poussent dans le couloir en le menaçant de leurs armes, puis le mettent a genoux il pense qu’ils vont le tuer surtout qu’a ce moment la un des soldats lui dit en arabe qu’il va mourir. Sa mere intervient en disant qu’ils vont sortir. En sortant il voit les bulldozers qui s’attaquent a la maison de son oncle, a ce moment la il est 20h00, »le spectacle a commence » dit il, c’est a dire que 4 heures plus tard il ne restait quasiment rien de la maison de son oncle. Apres l’avoir detruite ils l’ont recouverte de terre afin qu’il ne puisse pas, ou difficilement, recupérer ses affaires car bien sur il n’ avait que tres peu de temps pour sortir de chez lui et donc n’avait avec lui que les affaires qu’il portait (comme tous les autres).Un hangar sert d’entrepot pour toutes les affaires qui ont pu etre sauvees.
En meme temps ils ont tué toutes les bêtes qui etaient autour de la maison notamment tous ses moutons(10).Apres cela ils ont continué les destructions, la femme de Nassim voulait recuperer au moins du lait pour son enfant de 1 an ce qui lui a ete impossible, apres la maison ou ils ont volé tout ce qui etait precieux, l’argent (1100 dollars) les bijoux et tout le materiel informatique(Nassim est ingenieur informatique) ils se sont attaques a leurs vergers(orangers, citronniers) et leur ruches.A 07H00 du matin enfin ils repartaient laissant derriere eux 2 maisons detruites et 2 autres tres endommagees(non habitable en l’etat), toute la famille a du se refugier chez un des freres qui miraculeusement n’a pas ete vise.Pour Nassim c’est une catastrophe humaine et financiere car sa maison lui avait coute 100 000 dollars aides par ses freres qui sont en Egypte et en Ukraine et pour la famille c’est la perte de leur activite agricole commencee par le grand pere car tous leurs arbres ont ete arraches dont certains avaient plus de 50 ans.Pour toute la region ces 5 jours de destrutions sont une catastrophe car Beit Hanoun etait la reserve en oranges citrons et pampelousses de touts la bande de Gaza.
La ville n’a pas ete epargnee car en plus des lignes electriques detruites les canalisations d’eau ont ete coupees et 3 maisons de supposes activistes ont ete detruites.
C’est toujours et encore l’incomprehension devant cette sauvagerie et cette vision de desolation.
A un journaliste d’ABC (télévision americaine)qui demandeait a Nassim ce qu’il pensait de la feuille de route celui-ci lui repondit que la route passait devant chez lui et que la feuille c’etait sa maison.
