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COURRIERS A D. DE VILLEPIN, AVANT SA TOURNEE EN ISRAEL/PALESTINE

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24 mai – Reprenant notre suggestion, de nombreux amis et lecteurs viennent d’écrire au ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, à la veille de son déplacement en Israël et Palestine, dimanche 25 mai et lundi 26 mai. Nous reproduisons ci-dessous les premières copies que nous avons reçues de ces courriers.


De Gérard FAY :

Monsieur le ministre,

Les universitaires français réunis au sein du Collectif Interuniversitaire pour la Coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) ont appris qu’à l’occasion de votre prochain déplacement au Proche Orient, vous aviez l’intention de vous rendre dans les Territoires occupés palestiniens et de rencontrer, à Ramallah, le président Arafat, assiégé depuis plus de dix-huit mois. Nous espérons que vous pourrez réaliser ce projet, en dépit des mises en garde et des menaces que le gouvernement israélien profère à l’encontre des dirigeants « étrangers » qui persistent à reconnaître la légitimité de l’Autorité palestinienne et de son président.
En revanche, nous avons appris que vous souhaitiez officialiser, à Tel Aviv, l’action d’un « groupe de haut niveau franco-israélien », chargé de promouvoir la coopération avec Israël dans les domaines culturel, scientifique, économique et commercial. On souscrirait sans réserve à de telles initiatives si l’actuel gouvernement d’Ariel Sharon n’affichait ouvertement un mépris absolu des droits du peuple palestinien, dans le rejet des résolutions des plus hautes instances internationales, le refus d’appliquer les directives de la IVème Convention de Genève en Cisjordanie et à Gaza. Nous nous permettons de rappeler que le Parlement européen a voté, le 10 avril 2002, une résolution en 14 points, recommandant au Conseil et à la Commission, la suspension de l’Accord d’association euro-méditerranéen UE-Israël, étant donnée la « tragédie humaine » déclenchée par les offensives d’Ariel Sharon contre toutes les zones auxquelles avait été accordée une certaine autonomie dans le prolongement des accords d’Oslo.
La résolution du Parlement de Strasbourg aurait dû être suivie par les instances exécutives européennes. Elle engage toujours le gouvernement français et devrait être mise en oeuvre comme elle l’a été par les conseils d’administration des universités ayant demandé que le renouvellement de la participation d’Israël au 6ème PCRDT soit conditionné par l’engagement d’Israël de se soumettre au droit international et au respect des principes humanitaires les plus fondamentaux.
Sous le nom de feuille de route, les médias accordent aujourd’hui la plus large publicité à un prétendu plan de paix proposé par le gouvernement américain selon lequel, dans une première étape devant s’achever le 30 mai, les Palestiniens devraient renoncer unilatéralement à toute « violence » contre des militaires ou des civils israéliens alors que les soldats d’Ariel Sharon procèdent quotidiennement à des exécutions extrajudiciaires, assassinent des innocents, maintiennent arrêtés des milliers de suspects, détruisent des maisons palestiniennes, continuent d’étendre les colonies, etc…
Il appartient, selon nous, au gouvernement français, de dénoncer ce nouveau leurre et de rappeler que les plus hautes instances internationales, représentées en « quartet » à Madrid le 10 avril 2002, avaient adopté un ensemble de résolutions enjoignant, en premier lieu, à Israël, de suspendre « immédiatement » ses opérations militaires, de retirer ses troupes des villes palestiniennes, de se conformer aux principes humanitaires, d’assurer la protection des populations civiles, etc… Loin d’appliquer ces résolutions, Israël, méthodiquement, ne cesse d’annexer de nouvelles terres en Cisjordanie et à Gaza, d’étendre ses colonies, d’enfermer les Palestiniens dans des enclaves-bantoustans…Les résolutions du Quartet d’avril 2002 demeurent, pourtant, les exigences minimales qu’Israël doit satisfaire pour que l’on sorte de la spirale infernale dans laquelle s’enfoncent les deux peuples.
Des milliers de citoyens français, engagés dans des actions de solidarité avec le peuple palestinien, soutenus par de très larges fractions de l’opinion publique, attendent de vous, monsieur le ministre, que vous affirmiez clairement ces positions, seules bases sur lesquelles peut s’édifier une paix juste et durable au Proche-Orient

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l’assurance de notre respectueuse considération,
Gérard Faÿ, maître de conférence à l’université Paris 7, président du CICUP.

DE Jacques RICHARD:

M. Jacques RICHARD
Prof. de philosophie à la retraite
professeur honorifique de l’Université Roi Saoud de Ryadh
e.mail : jjacques_rrichard@hotmail.com

23 mai 2003

A Monsieur François RIVASSEAU ,
Porte Parole du Ministère des Affaires Etrangères.
A l’intention de Monsieur Dominique de VILLEPIN ,
Ministre des Affaires Etrangères.

Monsieur,

les nombreux lecteurs des « Questions-Réponses » à l’Assemblée Nationale, inscrits dans toutes les composantes grandissantes de la Solidarité avec le Peuple Palestinien, ne laissent d’être pour le moins étonnés.
A ne retenir pour illustration que les réponses apportées aux questions de Messieurs Jean-Claude LEFORT ( 5761 du 4 nov.2002 ) et André VEZINHET ( 5720 du 13 fév.2003 ) , voici ce qui apparaît :
– Vous reconnaissez certes l’echec des négociations, mais pour affirmer de suite que « pour la France, c’est par la négociation… » ; laissant seulement lire entre les lignes que « négociation » signifie pour vous qu’il ne peut y avoir solution militaire et violente, mais sans pouvoir avouer non plus – ce que vous savez bien mieux que nous – que le Gouvernement « militaire » de Monsieur Ariel SHARON entend négociation(s) comme superbe instrument à fomenter une violence croissante de la part des colons et de toute l’extrême droite israëlienne, de la part des mouvements islamistes et du désepoir de tout un peuple. Sans accepter jusqu’ici cette « Feuille de Route », Monsieur SHARON s’empresse bien de l’agiter de telle sorte que ces violences odieuses permettent au bulldozer disproportionné qu’est Tsahal d’achever l’exténuement et l’humiliation d’un peuple.
– « Créer les conditions du dialogue », telle est la ligne que vous indiquez pour l’Europe et la France. Mais il n’est question pour ce faire que de dépenses « quasi-humanitaires » en direction des palestiniens, tandis qu’il s’agit de vrais échanges, « prometteurs » selon le rapport cité, avec l’Etat d’Israël. Nous comprenons qu’une part certaine de nos intérêts français sont en jeu, comme nous comprenons aussi qu’il ne faille risquer rupture avec aucun des deux partenaires. Mais reste à savoir si le contenu de ce dialogue de la France avec chacun – car il ne s’agit nullement dans les faits d’une telle attitude entre eux – est proportionnellement exigeant au regard des violences exercées de part et d’autre.
Nous nous demandons alors si la réclamation de la Suspension, qui va très certainement être reprise et s’accélérer considérablement aujourd’hui, et sans que la diplomatie française puisse opportunément la prendre à son compte, va, ce nonobstant, pouvoir vous servir d’argument
Intérêts de la France ? A plus longue échéance sans doute que les échanges avec Israël, ne seraient-ils pas de faire réapparaître, dans l’occurence de démarches égyptiennes, israëliennes, palestiniennes et jordaniennes, la résolution arabe de Beyrouth ? Ne contribuerait-on pas à cette volonté de réforme en Arabie Séoudite si fortement combattue
par un islamisme qui n’a pas grand chose à voir avec le wahabisme proprement dit. Contagion aidant, il me semble que la France (Monsieur de VILLEPIN ne parlait-il pas, suite aux élections, de « grands actes politiques » ?) a rôle véritable à jouer, et autrement que par la force, dans la lente évolution des Etats vers la Démocratie.

Vous présentant sincèrement excuses pour avoir, peut-être, réclamé votre attention,
je vous prie d’agréer, Monsieur RIVASSEAU, l’expression de ma confiance et de mon profond respect

Jacques RICHARD, citoyen-militant « en son nom propre ».
DE : Philippe DEVYS

Monsieur le Ministre,

Je viens d’apprendre que vous vous rendez ce week-end en Israël et en
Palestine
et que vous avez même pour projet d’y rencontrer M. Arafat.

Je tiens, après votre brillante défense des valeurs de paix et de justice
lors
de la crise irakienne, à vous faire part de mes encouragements dans cette
initiative.

En effet, après un long silence assourdissant, je trouve indispensable que
la
diplomatie française joue un rôle moteur pour la défense de ces mêmes
valeurs
par la diplomatie européenne dans la crise du Proche-Orient. Je trouve tout
particulièrement important de ne pas céder aux pressions du gouvernement
israélien qui souhaite marginaliser le président de l’Autorité
Palestinienne.
Celui-ci tire sa légitimité de son statut de chef historique tout comme des
élections organisées en présence d’observateurs internationaux. Il serait
dommageable de se plier à ce diktat, d’un point de vue logique, car la paix
ne
peut avoir de sens que si elle est signée qu’entre deux (anciens) ennemis et
d’un point de vue pragmatique car sa mise à l’écart du processus de paix ne
pourra que fragiliser ce processus qui semblerait alors, aux yeux du peuple
palestinien, avoir été imposé par M. Sharon.

Je vous invite à renouveler vos encouragements envers vos interlocuteurs
palestiniens dans leur lutte contre les mouvements terroristes qui, par leur
folie meurtrière, tuent des innocents et nuisent aux intérêts même du futur
Etat
palestinien et de toute sa population. Et dans la mesure du possible à les y
aider de façon concrète.

Je vous invite par ailleurs à une certaine fermeté dans les convictions qui
semblent être les vôtres et garder à l’esprit qu’une paix véritable ne
pourra
naître et perdurer que si elle est fondamentalement juste. Pour cela, outre
les
souffrances infligées à tout un peuple, il convient de condamner l’ensemble
des
exactions commises par l’armée israélienne qui s’apparentent parfois à du
terrorisme d’Etat dans le cadre d’une épuration ethnique rampante. Dois-je
vous
rappeler la destruction systématique de toutes les infrastructures de
l’Autorité
Palestinienne, les attentats « ciblés » sans aucun égard pour les innocents
également touchés, les punitions collectives que sont les bouclages, les
fermetures des universités, la destruction de maisons, le carton des snipers
sur
les femmes et les enfants en toute impunité, les tirs sur les témoins
gênants,
journalistes palestiniens ou étrangers, civils internationaux venus se
substituer à la défaillance des institutions internationales, l’expulsion de
ces
civils qui viennent montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas seul et
que
les populations de nombreux pays le soutiennent malgré l’indifférence et/ou
l’inaction de leurs gouvernements. Cette action est des plus salutaires car
elle
peut contribuer à soutenir l’espoir de ce peuple de vivre un jour en paix.
Sans
cet espoir, les mouvements terroristes recruteraient massivement leurs
terribles
bombes humaines. Il est également tout à fait paradoxal que cette armée
prenne
pour cibles, encore récemment, les hommes des services de sécurité qui
doivent
lutter contre le terrorisme tout comme il est paradoxal de s’acharner à
détruire
l’Autorité Palestinienne et de lui reprocher ensuite de ne rien faire contre
les
intégristes qui ont d’ailleurs eux-mêmes été longtemps étrangement épargnés.

Il semble que vous vous apprêtiez à donner des signaux contraires par
l’adoption
de quelques mesures de coopération et d’échange avec l’Etat d’Israël qui ne
devraient être envisagées qu’avec un Etat qui respecte pleinement les droits
de
l’Homme, les accords déjà en vigueur (l’accord d’association UE-Israël par
exemple) et plus généralement le droit international. Alors qu’au contraire,
il
faut chercher à imposer une paix juste dans la région et que cela ne pourra
se
faire qu’en exerçant des pressions sur le gouvernement israélien qui jouit
jusqu’à présent d’une impunité inédite et affiche sans vergogne un mépris
immense envers l’Union Européenne, acceptée par M. Sharon dans les
négociations
de paix qu’à condition qu’elle adopte une position  » équilibrée « , c’est à
dire
la sienne.

Car se sont bien les gouvernements israéliens successifs qui se complaisent
dans
ce fatal tête à tête israélo-palestinien par leur refus systématique de
toute
intervention internationale (interposition, enquêtes, …) désespérément
réclamée par les Palestiniens et accessoirement décidée par l’ONU. La
« feuille
de route » n’a toujours pas été officiellement acceptée par Ariel Sharon.
Est-ce
que cela émeut quelqu’un ? Non, ce n’est qu’un détail que l’on s’est acharné
à
réclamer aux Palestiniens mais qui n’a aucune importance lorsqu’il s’agit du
côté israélien. Le gel de la colonisation est « réclamé » par le quartet ?
Elle
continue impunément, alors que l’on sait très bien que toutes les
difficultés
viennent de là. Les colons intégristes mènent leurs exactions en toute
impunité.
Ils sont étrangement ménagés. Avez-vous déjà vu n’importe où ailleurs dans
le
monde une manifestation où la police compte plus de blessés que les
manifestants
? Cela n’est possible qu’en Israël lorsque la police déloge les colons d’une
implantation sauvage. Ils interviennent à mains nues. Lorsque des enfants de
colons s’en prennent à des journalistes ceux-ci se font roués de coups par
des
adultes dès qu’ils commencent à réagir et les soldats s’interposent en
repoussant les agressés sans s’en prendre aux agresseurs. Des manifestations
de
pacifistes en dehors des territoires occupés sont dispersées à coup de
grenades
assourdissantes et de matraques. Les manifestations d’Israéliens arabes sont
réprimées à coups de fusils. Quant aux manifestations dans les territoires
occupés .

La solution ne peut être imposée que de l’extérieur mais pour cela, il faut
être
ferme et menacer de sanctions ceux qui refusent l’application du droit
international. Il faut prendre le président Bush au mot lorsqu’il motive une
intervention en Irak par la violation du droit international et le pousser à
le
faire appliquer en Israël. Faute de quoi, un nouvelle preuve flagrante du 2
poids – 2 mesures sera donnée et l’ONU sera considérée comme un Kleenex que
l’on
utilise une fois quand on en a besoin pour légitimer tout ce qui peut l’être
et
dont on se passe lorsque l’on y est minoritaire. Il ne faut surtout pas
laisser
les convictions de côté pour faire preuve de pragmatisme vis à vis des
Etats-Unis ni céder au chantage à l’antisémitisme, la bombe atomique de la
diplomatie israélienne, que brandit M. Sharon pour fuir les critiques et
inciter
des Français à immigrer en Israël, leur seul refuge.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, mes salutations distinguées.

Philippe Devys

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