25 mai – Le gouvernement d’Ariel Sharon a officiellement approuvé dimanche, en Conseil des ministres, la « feuille de route », non sans l’assortir d’une série d’amendements, mais en admettant, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, le principe d’un Etat palestinien.
Le vote a été acquis par 12 voix, contre 7 et 4 abstentions. Tous les ministres se sont cependant immédiatement employés à torpiller la décision, en votant parallèlement une motion de rejet de tous les aspects qu’ils refusent dans le plan de travail de 2 ans qu’est censée représenter la feuille de route.
En particulier, ils ont déclaré qu’il ne saurait être question de droit de retour des réfugiés palestiniens, alors que ce dossier spécifique ne doit, aux termes de la feuille de route, être abordé que dans la dernière partie des négociations.
Sharon a également convaincu une partie de ses collègues de l’intérêt de dire « oui » au document en leur faisant valoir que de toutes façons, Israël avait signifié aux Etats-Unis un total de 15 réserves sur le texte, constituant autant de choses non négociables.
La liste complète des 15 diktats israéliens, que Washington a déclaré « comprendre et prendre au sérieux », n’a pas été rendue publique.
On sait cependant, par des déclarations d’autres membres du gouvernement israélien qu’elle comprend, outre le dossier des réfugiés, celui de Jérusalem dont Israël ne veut pas lâcher un pouce, et plus généralement du refus de respecter les frontières de 1967.
Le Conseil des ministres n’a pas fait mention, en revanche, de l’offre publique de cessez-le-feu faite vendredi par le Hamas concernant les attaques contre des civils israéliens à l’intérieur des frontières de 1967, à condition qu’Israël suspende également sa stratégie d’assassinats ciblés. Epargner, ne serait-ce que temporairement, la vie de ses propres concitoyens, n’intéresse pas le gouvernement de Sharon.
Enfin, la Bourse de Tel-Aviv a salué dimanche le vote du Conseil des Ministres par une hausse brutale, de 7%. C’est la le signe, selon des sources diplomatiques, que les Etats-Unis auraient conditionné l’octroi d’une rallonge de crédits à Israël, à l’approbation de la feuille de route.
Pendant ce temps, le quotidien de l’occupation a continué pour 3 millions de Palestiniens de Gaza, de Jérusalem et de Cisjordanie.
Le quotidien Al Hayat Al Djadida (la « Vie Nouvelle ») rapporte une extension, samedi, du couvre-feu dans la ville de Hébron, où les forces d’occupation ont procédé à de nouvelles exactions aux alentours du quartier des colons juifs, dans la Vieille Ville. Des check-points complémentaires ont été installés dans la zone, et une dizaine de maisons palestiniennes ont été la cible de descentes musclées des militaires : des familles ont été jetées à la rue pendant des heures, des clés de voitures volées, et des dizaines de Palestiniens âgés de 15 à 40 ans retenus pendant des heures. Un groupe de jeunes et très jeunes enfants, empêchés d’aller à l’école par le bouclage, a essuyé des tirs de grenades lacrymogènes et de balles chemisées en acier mais revêtues de caoutchouc. Rien que de très banal, en somme.