URL has been copied successfully!
Header Boycott Israël

IL FAUT CONTRAINDRE ISRAEL A RESPECTER LE DROIT INTERNATIONAL

URL has been copied successfully!
URL has been copied successfully!
Partagez:

5 juin – (rédac. CAPJPO) – Un mois après la publication officielle de la « feuille de route », il est difficile d’être optimiste sur la réelle volonté du gouvernement israélien d’accepter un règlement pacifique du conflit qui permette l’existence d’un Etat palestinien réellement viable.


Certes, Bush semble se démener et vouloir imposer des concessions aux Israéliens. La reconnaissance par Ariel Sharon de « l’occupation » de la Palestine est aussi une bonne chose, même si les termes jusqu’ici autorisés (« territoires disputés », « incursions »…) ne trompaient personne. Mais il est également évident que ce qui est actuellement proposé aux Palestiniens est encore plus inacceptable que ce qui l’a été à Camp David.

La partie palestinienne, abandonnée et trahie par les gouvernements du monde entier, a publiquement accepté d’appliquer la règle du jeu de la feuille de route, malgré les innombrables chausse-trappes du mécanisme, bien plus dangereux encore que feu le « processus d’Oslo », qui, de sa naissance en 1993 à sa mort en l’an 2000, s’était traduit par un doublement de la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés.

Respectueux du calendrier qui lui est imposé, le camp palestinien, c’est-à-dire l’ensemble des forces palestiniennes organisées (Autorité Palestinienne, mais aussi et surtout son opposition islamique représentée par le Hamas et le Djihad Islamique) s’est déclaré prêt à proclamer un cessez-le-feu, à savoir l’arrêt de toutes attaques, et tentatives d’attaques contre des intérêts israéliens, tant militaires que civils, aussi bien dans les territoires palestiniens occupés que sur le sol israélien.

Les dirigeants du Hamas viennent, par deux fois, de déclarer publiquement qu’ils étaient prêts à proclamer eux aussi un cessez-le-feu, pourvu qu’Israël commence, « même de manière très graduelle », à faire des concessions minimales : arrêt des assassinats ciblés de militants, début de retrait des villes palestiniennes notamment. Il s’agit là de demandes modestes, au regard de la vaste panoplie de concessions qu’Israël pourrait faire.

Le chef de l’armée israélienne, le général Moshe Ya’alon, a publiquement indiqué, devant les députés, que l’offre palestinienne était à son avis crédible. Mais le porte-parole d’Ariel Sharon a aussitôt fait savoir qu’Israël « refusait le cessez-le-feu », exigeant de Mahmoud Abbas qu’il interdise, avec les débris d’un appareil policier palestinien qu’Israël a en pratique largement désintégré, toute résistance, même passive.

Autrement dit, qu’il fasse ce que l’une des plus puissantes armées du monde, qui a tué, blessé, emprisonné, affamé et humilié tout un peuple avec ses tanks, ses check-points, ses séances de torture et ses bouclages, a été totalement incapable de faire elle-même.

En réalité, rendu plus gourmand encore par l’impunité de l’agression américano-britannique contre l’Irak, le gouvernement israélien qui compte dans ses rangs, ne l’oublions pas, des gens opposés à l’idée même d’Etat palestinien, fussent-ce des bantoustans, sabote la feuille de route.

Sharon s’essaye à parler « d’occupation » de la Palestine, un terme jusqu’à présent banni du vocabulaire autiste de la société israélienne officielle ? Il fait volontiers marche arrière le lendemain, pour préciser que « l’occupation » dont il parlait était celle des seules agglomérations palestiniennes (les enclos à Arabes, tant qu’il y en a), pas de ces chères provinces de Judée et Samarie (dénomination israélienne de la Cisjordanie) dans leur ensemble.

Les « concessions douloureuses » ? Aux dernières nouvelles, il s’agirait de démonter quelques unes des caravanes, le plus souvent vides, installées sur des collines palestiniennes non encore loties. Les représentants des colons ont fait savoir que cela ne leur ferait ni chaud ni froid, et qu’après tout, si cela permettait à Sharon de donner le change sur la scène internationale, avec la complicité des gouvernements (Bush, Union européenne et dirigeants arabes) et des médias, ils n’y voyaient pas d’inconvénient majeur. Pour maintenir la pression, ils ont quand même organisé une puissante manifestation, mercredi soir à Jérusalem, où des excités brandissaient des pancartes « Sharon, ta feuille de route conduit à Auschwitz ».

Quant à George Bush, il parle de « territoire continu » pour les Palestiniens, alors qu’Israël prépare, avec ses bulldozers, des « poches à Palestiniens » entourées de béton et de miradors. Le porte-parole de la Maison-Blanche raconte une heure plus tard que George Bush voulait parler de territoire palestinien non pas « continu », mais « contigu », adjectif qui ne veut strictement rien dire dans ce contexte !

Cela augure bien mal de la volonté américaine, de ne pas céder à l’obstruction israélienne, et d’imposer une paix fondée sur l’offre ferme et généreuse faite depuis maintenant plus de 10 ans par le peuple palestinien, à savoir la création d’un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967 (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est étant la capitale du futur Etat), soit 22% seulement de la Palestine historique, en échange de la reconnaissance de la souveraineté de l’Etat d’Israël sur les 78% restants, conquis par l’Etat juif naissant en 1948.

En résumé, tandis que chaque jour qui passe, sur le terrain, s’accompagne d’une perpétuation des horreurs de l’occupation (avec des maisons envahies pour le plaisir par la soldatesque, des pères de famille giflés devant leurs propres enfants par des voyous en uniforme, ou de bonnes blagues comme la confiscation des clés de voiture ou l’annonce de permis de travailler en Israël alors que les check-points sont fermés), la feuille de route fait des débuts plus catastrophiques encore que le processus d’Oslo il y a dix ans.

Ce processus, masqué un temps par des poignées de main spectaculaires (celle de Rabin et Arafat), puis la création d’une « Autorité Palestinienne » dépourvue de la moindre souveraineté, ne disait rien de précis sur l’essentiel, à savoir l’occupation et la colonisation, qui se sont au contraire développées impunément, menant à la faillite de l’été 2000, et qui n’a laissé d’autre choix au peuple palestinien que de recourir à une résistance désespérée et inégale, l’Intifada.

N’oublions pas, cependant, qu’il y a un camp de la paix en Israël, minoritaire mais courageux, à commencer par ces centaines de lycéens anti-militaristes et de réservistes « Refuzniks », qui dénoncent l’occupation. Malgré la pression ambiante et les calomnies déversées sur son compte, le camp de la paix israélien reste debout, et nous devons le soutenir, car le dénouement de la situation dépend pour une part certaine de sa propre capacité à rallier de secteurs du peuple israélien.

Nous devons aussi exiger de nos dirigeants, vite écartés du « Quartet », d’arrêter leurs pleurnicheries et d’assumer leurs responsabilités. Ce sont les dirigeants de pays qui ont contribué à la création de l’Etat d’Israël, ils acceptent de l’intégrer dans diverses instances européennes et de lui accorder des privilèges importants à ce titre, ils ont le droit et le devoir de demander des comptes et d’intervenir.

Dominique de Villepin ne peut pas se contenter d’aller à Tel-Aviv célébrer en grande pompe la « relance » de la coopération franco-israélienne, avec annonce d’une série de projets et d’investissements, pendant que, dans le même temps, Israël interdit à une mission médicale française de se déplacer dans la bande de Gaza pour y opérer des blessés.

Notre gouvernement ne peut pas non plus continuer à bafouer l’expression du suffrage universel, en refusant d’appliquer le vote du Parlement européen, qui s’est prononcé depuis maintenant plus d’un an pour la suspension de l’accord d’association Europe-Israël, tant que ce pays ne respecterait pas les Droits de l’Homme.

Partagez: