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CREATION DU « GROUPE D’ACTION ISRAELO-PALESTINIEN POUR LA PAIX », A RAMALLAH

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29 juin (compte-rendu de Gush Shalom, traduction Carole Sandrel)
Création de la Conférence du groupe d’action israelo-palestinien pour la Paix
Samedi matin à Ramallah, une centaine de militants israéliens pour la paix esquivent un barrage militaire pour aller à la rencontre de Palestiniens qui partagent leur état d’esprit.


« Nous nous réjouissons du mouvement de plus en plus large en faveur de la trêve (« Hudna ») et de cette chance de briser le cycle de violence, d’effusion de sang, et de massacre d’Israéliens et de Palestiniens innocents – mais un cessez le feu ne peut qu’être un pas dans la bonne direction. Une paix stable et durable ne peut s’établir sans que soit mis fin à l’occupation qui est la racine de cette haine et de ce bain de sang. On ne peut compter sur les seuls leaders, politiciens et diplomates pour faire le travail. Il faut se battre chaque jour pour la paix, une bataille populaire, la bataille commune des citoyens engagés des deux côtés, et agissant ensemble ».

Les lignes ci-dessus résument l’état d’esprit qui règne parmi les deux cents Israéliens et Palestiniens militants pour la paix, personnalités connues et intellectuels, qui étaient réunis ce matin à Ramallah en Cisjordanie pour assister à la conférence de création du «Groupe commun d’action pour la Paix israelo-palestinien ».

Pour pouvoir arriver ici les participants israéliens ont dû franchir les barrages militaires aux portes de Ramallah. Après que quelques douzaines d’Israéliens se soient mêlés aux piétons Palestiniens au checkpoint de Kalandia, au sud de la ville, les soldats en ont barré l’entrée. Les autres militants, cependant, sont passés par des chemins détournés. et sont parvenus à atteindre la salle de conférence. Quelques heures plus tard quand ils ont quitté la ville, les soldats de Kalandia ont méticuleusement noté leurs noms et leur numéro de carte d’identité, menaçant les Israéliens qui rentraient chez eux de poursuites judiciaires pour contravention à un ordre militaire – ordre vieux de trois ans qui interdit auxIisraéliens d’entrer dans les villes palestiniennes (« Zone A »).
« Notre déclaration la plus importante est le fait que nous soyons ici, des Israéliens recherchant la paix venus à la rencontre de Palestiniens qui recherchent la paix et qui ont établi ensemble une organisation commune. Le gouvernement veut empêcher les Israéliens qui veulent la paix d’aller à Ramallah ; c’est le privilège des seuls soldats et colons. Mais nous sommes ici pour vous dire à vous, nos amis Palestiniens, que nous ne sommes pas des ennemis ; que l’ennemi qui nous est commun c’est l’occupation et que notre but commun est la paix entre l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine » a dit le Dr Lev Grinberg de l’université Ben Gourion.

« Je suis heureuse de recevoir et d’accueillir ici tant de personnes à la recherche de la paix » a dit Hanan Ashrawi l’une des principales organisatrices. « Cette approche commune à nous tous, Israéliens comme Palestiniens, se base sur le concept de sécurité – non la sécurité militaire, mais la sécurité humaine, qui créera la confiance mutuelle et la reconnaissance de l’humanité de l’autre. Même les problèmes les plus difficiles et encore non résolus entre les deux peuples, comme les colonies, les réfugiés, et Jérusalem, doivent être envisagés courageusement et résolus équitablement, au lieu d’être cachés sous le tapis ».

Uri Avenry (dirigeant de Gush Shalom), dont le rôle est central dans l’organisation de cette conférence a mis au point un plan d’action pour cette nouvelle organisation – réunissant un comité d’experts pour préparer d’ici trois mois un projet détaillé au sujet de tous les problèmes difficiles :
– Une « Commission Vérité et Réconciliation » sur le modèle de l’organisme que présida en Afrique du Sud l’évêque Desmond Tutu avec le souci d’étudier l’histoire du siècle dernier et d’essayer d’élaborer une version que les deux peuples pourront admettre :
– un bureau commun des medias auquel devront participer activement les Israéliens, les Palestiniens et les medias internationaux
– un comité d’exécution chargé de préparer les manifestations, les campagnes et les luttes, par exemple contre le Mur de séparation qui prive systématiquement les Palestiniens de leurs terres ou contre les barrages qui chaque jour désorganisent complètement la vie.

« Nous voulons faire face au sentiment de désespoir des deux peuples, lesquels ont tous les deux perdu la foi en la possibilité d’un futur différent. Nous voulons dire aux deux peuples qu’ils ont un partenaire pour la paix, qu’il y a quelqu’un avec qui parler » a dit Yehudith Har’el, force agissante de cette initiative. « D’ici, de Ramallah, nous voulons lancer un message à nos deux peuples. Il y a une alternative à la politique d’occupation et d’effusion de sang. Une Alternative basée sur la reconnaissance des droits de tous, et de la fin de l’occupation via l’évacuation des colons et le retrait de l’armée derrière les frontières de 1967.
Le problème des réfugiés doit aboutir à une solution négociée avec les deux parties, la coopération de la communauté internationale et se basant sur les résolutions appropriées des Nations unies ».
Les principes énumérés par Har’el sont en fait ceux qui ont été énoncés dans le manifeste de la nouvelle organisation. Naïm el-Ashab, qui a participé avec elle à la préparation du texte – déjà publié et signé par plus de mille personnes – a souligné que ce document est le résultat de douzaines de rencontres préparatoires entre Israéliens et Palestiniens depuis deux ans, à partir d’un petit noyau de personnes qui a peu à peu augmenté des deux côtés. « Cette organisation doit surveiller la mise en application réelle de la feuille de route, voir si elle colle avec le but officiellement proclamé – la fin de l’occupation et la création d’un Etat palestinien viable qui est la seule manière de réaliser la paix.
La feuille de route, mise au point à l’origine par quatre acteurs internationaux est de plus en plus confisquée par un seul des quatre, celui qui s’est trop souvent révélé de parti pris .Ce qui peut tout mettre en danger et tout faire dérailler ».
Il a conclu par un appel à la présence d’une force internationale pour assurer le désengagement entre les deux camps.

L’ancien membre de la Knesset Tama Gozanski a été retardé par le barrage militaire et est arrivé avec une heure de retard.
« Sharon et Bush sont en train d’essayer de vendre une vieille marchandise dans un nouvel emballage. Ils savent tous les deux qu’une grande majorité d’Israéliensest lasse de la guerre, de l’occupation, et de l’effusion de sang. Ils savent tous les deux qu’il est impossible d’envisager une solution sans parler de la « création d’un Etat Palestinien ». Mais par l’utilisation qu’ils font de ce concept ils le vident de son contenu premier.
Sharon a l’intention de créer des Bantoustans, derrière le vocable « Etat ». Nous devons utiliser un nouveau langage, et faire attention à être très précis quant à ce que nous voulons signifier et tenir bon, par exemple sur les « frontières de 1967 ».

Le Dr Gabi Baramki, ancien président de l’université de Bir-Zeit, a parlé de deux barrages de l’armée créés dans la zone de Surda, entre Ramallah et la ville de Bir-Zeit qui obligent les étudiants et les enseignants à faire chaque jour à pied un trajet pénible de deux kilomètres, à l’aller et au retour.
« C’est une mesure sadiquequi n’est en aucun cas utile à la sécurité des Israéliens, le seul but n’est que de rendre nos vies difficiles, de rendre encore plus difficile de conserver la vie normale de notre université ».
Les étudiants de Bir-Zeit ont aussi soulevé le même point : des militants israéliens, dont certains sont eux-mêmes étudiants ou enseignants, ont exprimé leur intérêt pour la manifestation commune proposée, au barrage de Surda. Des étudiants Israéliens et Palestiniens ont déjà échangé sur place leurs numéros de téléphone et leurs adresses email.

Les participants ont lancéun appel à la solidarité avec les prisonniers palestiniens détenus par Israël et qui ont entamé une grève de la faim.
Il a été fait spécialement mention de Marwan Barghouti . « S’il le pouvait, il serait ici avec nous » a dit Hanan Ashrawi. On a aussi évoqué l’autre législateur emprisonné, Usame Khader.

Les refuzniks israéliens –dont le procès s’est déroulé devant le tribunal militaire la semaine dernière – ont été applaudis. « Ils ont été poursuivis en raison de leur refus de servir l’occupation, mais pour l’instant c’est l’occupation elle-même dont ils font le procès » s’est exclamée un grand-père très fier,lui-même vétéran du militantisme pour la paix, Reuven Kaminer.

On a commémoré le sacrifice suprême de Rachel Corrie. (C’est au cours des jours passés que la justice de l’armée a officiellement déclaré que le dossier Corrie était refermé et que personne ne serait poursuivi) ;

Une délégation de participants à la conférence a eu une courte entrevue avec le Président Arafat qui, dit-on, a bien accueilli cette initiative commune.

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