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DES HOMMES RECHERCHES PAR ISRAEL POUR ETRE ELIMINES (par Samah Jabr)

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30 juin – L’article qui suit, traduit par Erice Colonna, a été publié par Samah Jabr dans le dernier numéro du Washington reports on Middle East Affairs. Samah Jabr est un medecin palestinien et un habitant de longue date de Jérusalem.


« Tôt ce matin, dans l’escalier d’un bâtiment public. J’ai croisé un robuste jeune homme. Il était pieds nus et muni d’un gourdin. Plus surpris que moi, il n’hésita pas à me menacer, mais lorsque il constata que j’étais paralysé par la peur, il poussa un soupir de soulagement. Ensuite il s’excusa brièvement et s’éclipsa avant que je ne comprenne quoi que ce soit.

Peu de temps après, j’ai eu la visite de quelques uns de ses amis. Ils m’ont appris que le jeune homme en question faisait partie de ces hommes recherchés par Israel dont les noms figurent sur  » des listes noires  » sont régulièrement publiées par le gouvernement israélien. Ce qui explique sa peur en entendant mes pas et le fait qu’il m’a menacé .

Cette rencontre insolite m’a fait prendre conscience de la réalité des combattants et des militants politiques Palestiniens pourchassés que la main de fer de l’occupation est très impatiente de broyer. Vivre de fait sans nourriture, sous un froid glacial avec des vêtements légers, ces gens sont constamment dans l’ombre de la mort. Beaucoup de leurs amis et camarades ont été assassinés et beaucoup vivent dans la terreur, anticipant la mort à chaque instant. Ils se cachent dans des caves, de vieux bâtiments et des lieux publics, ne sachant où aller et ne faisant confiance en personne.

Israel possède une longue histoire de meurtres extrajudiciaires, une politique – en violation directe et flagrante de la IVème Convention de Genève- accomplie avec un mépris total des risques encourus pour les vies de civils innocents. Cette politique ne semble pas basée simplement sur le meurtres de militants –biens que des centaines l’aient été- mais plutôt la  » rééducation  » et l’intimidation d’une nation entière.

La réalité de l’occupation a changé les intérêts et la façon de vivre de nos jeunes hommes courageux, altruistes et responsables. La Résistance est devenue leur réalité et, pour beaucoup, la libération est le but ultime d’une vie. Au lieu d’être attendus au travail, à des rendez vous, à des activités sociales et culturelles, ils sont recherchés pour meurtres ou risquent l’emprisonnement illimité au printemps de leur vie. Où qu’ils aillent, ils sentent le spectre de la mort et vivent dans la paranoïa. Où qu’ils aillent, ils font face au danger. Partis de leur famille et séparés de leur femme, souffrant de la faim, du froid et sans toit, ils ne savent jamais dans quelle voiture, dans quelle cabine téléphonique, quels alentours, ou de quel hélicoptère Apache, guet-apens, ou tir d’un sniper, ils trouveront la mort.

Aujourd’hui, tous les reportages nous abrutissent du même inlassable discours  » d’efforts de paix  » sur le redécoupage de la carte du Moyen Orient à la convenance de Washington et il va sans dire aux intérêts d’Israel, peu ont prêté attention à ce dernier stratagème perfide, les conséquences qui paraîtront plus pernicieuses que directes. On nous demande maintenant de détruire les propres fils de notre révolution ou au moins leur tourner le dos, laissant leur avenir s’envoler. Il y a une fausse euphorie, un engourdissement, un anesthésique de courte durée qui nous permet d’extirper cette question vitale du débat public.

Mais la douleur, à coup sur, va venir. La feuille de route se base sur une hostilité virulente, extrêmement profonde à la résistance Palestinienne, qu’elle projette de combattre par tous les moyens possibles. Cette feuille de route est fondée sur la politique impériale du  » diviser pour mieux régner « . Elle se nourrit d’une fragmentation palestinienne, de moments d’épuisement, d’inertie collective et de faiblesse morale. Son but est de défigurer l’engagement à une auto détermination nationale de ceux qui luttent pour la libération, la cause que nous avons passionnément épousée et soutenue ces trois dernières années.

Mais ceux qui sont la cible d’assassinats ne sont pas seulement les Palestiniens recherchés. Quelques uns d’entre nous sont obligés de collaborer, sont harcelés et poursuivis par les services de renseignements, privés de jobs, de papiers de transit et en sont réduits à signer des pétitions en échanges de quelques droits basiques. La nation entière est recherchée-obligée-de se soumettre à l’injustice.

Il est douloureux de voir ceux qui prétendent être nos leaders donner l’accolade aux Américains, quand tout le monde, de l’analyste politique au vendeur de falafels est également informé des desseins de l’occupant sur notre terre. Le plus jeune enfant Palestinien sait que la feuille de route est conçue pour faire avorter l’intifada, jeter des étincelles sur une guerre civile et forcer les Palestiniens conformément aux demandes Israélo-Américaines à des reformes en retour de rien du tout.

Un tel changement peut seulement être imposé en remplissant les poches d’une minorité de corrompus. Leur tache sera alors d’utiliser la manière forte pour briser l’unité Palestinienne, changeant ainsi irrémédiablement la base de nos vies et de nos aspirations.

Après tout, la démocratie menace les occupants. Pour la liberté, l’élite gouvernante coloniale va devoir certainement accorder quelques faveurs à l’autorité impériale. Les occupants veulent nous imposer un gouvernement d’individus se disputant pour le pouvoir et des voyages prestigieux à l’étranger pour signer des accords de dupes. Ils veulent un leadership impotent qui ne défendra ni les revendications du peuple Palestinien , ni n’accomplira nos aspirations nationales. Ils cherchent un leadership qui créera une cassure entre le souverain et ses sujets et perpétuera une fragmentation qui finalement, nous réduira à un tas de gangs armés dont la loyauté n’ira pas à leur nation, mais à nos occupants et leurs alliés. Ils désirent pour nous une autorité qui sera utilisée comme une police locale prête à exécuter les ordres israéliens et arrêter les militants et activistes Palestiniens, alors qu’au nom de la sécurité, Israel continue de faire l’apologie des actions criminelles de ses colons et de son armée contre toute notre nation.

En dépit de leur nombreux différends et disputes, les Palestiniens sont malgré tout un peuple. Nous ne sommes pas un rassemblement aléatoire de gens passivement enclins à une intervention et à des règles imposées par l’extérieur. Seul un gouvernement représentatif de tous nos courants politiques –et celui qui protège tous ses citoyens- sera capable de gagner notre approbation, et d’honorer des accords faits en notre nom.

Sans se soucier de tous les accords politiques, les combattants Palestiniens sont vivants dans le cœur de notre nation. Ata Al-Zeer, Muhammad Jamjoum et Fuad Hejazi, les héros patriotiques Palestiniens de la rébellion d’Al Buraq d’août 1929, se sont soulevés contre les Britanniques durant leur mandat impérialiste en Palestine et, comme résultat, ont été décapités à la prison d’Akka le 17 juin 1930. Nous n’avons jamais rencontré les trois martyrs, mais leur nom et leur dévotion vivent en nous, dans notre littérature et nos chants traditionnels. Tous les jeunes Palestiniens grandissent en ayant un grand respect et une profonde sympathie pour ceux qui meurent injustement entre les mains de l’ennemi.

D’autres remarquables combattants de la liberté comme Omar Al-Mukhtar et Jamila Bu-Hraid ont laissé un héritage de fierté et implanté une tradition de fermeté et de résistance dans le cœur et l’esprit des gens.

Al-Mukhtar était le révolutionnaire Libyen qui a bravement combattu pour son pays contre l’occupation italienne, et Bu-Hraid était la combattante de la liberté Algérienne qui fut brutalement torturée dans les prisons françaises. De tels combattants vivent non seulement dans l’esprit des plus jeunes générations de leur peuple mais aussi ont gagné le respect de leurs ennemis. Jamila s’est mariée avec son avocat français et, récemment, les autorités italiennes ont donné le nom de Omar Al-Mukhtar à une rue importante en Italie comme une expression de regret à leur histoire coloniale et au meurtre public d’Al-Mukhtar.

Nous devons nous montrer à la hauteur et protéger la société palestinienne d’une impasse volontaire entre les dirigeants et la population. Cela peut être accompli seulement en accueillant une démocratie dans une cause de liberté et d’auto détermination, en invitant chaque citoyen de bonne volonté à se mobiliser pour s’unir dans un front commun de résistance contre les occupants et seulement les occupants. Nous avons besoin de chaque force intellectuelle et politique pour nous relier et nous fortifier dans notre lutte contre le plan impérial international et local qui veut reformer nos vies et nos destins sans notre consentement.

Nous n’abandonnerons pas nos combattants et ne les laisseront pas désabusés et désespérés, succombant à une rage impuissante et une réaction marginalisée. Nous les porterons dans nos cœurs et nos esprits, pour que quelle que soit leur appartenance, quel que soit le lieu, ils vivront à jamais ».

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