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“L’ISRAELIENNE QUI DEFEND LES KAMIKAZES”

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25 juillet – Une interview de l’avocate Lea Tsemel par Raffi Berg à Jérusalem publiée par BBC News Online, dans laquelle la célèbre avocate israélienne explique pourquoi elle défend des kamikazes palestiniens.


“ Dans un bureau du 4ème étage d’un immeuble de Jérusalem Est, un groupe de femmes palestiniennes attend impatiemment. Elles sont venues voir leur avocate, qui est occupée au téléphone. C’est une chaude journée et les fenêtres sont ouvertes dans une vaine tentative de rafraîchir la pièce.

Des centaines d’Israéliens ont été tués par des attentats suicides.
Une photo sur le mur attire mon regard. C’est une peinture de prisonniers palestiniens assis à même le sol et enchaînés dans un camp désertique, surveillés par des gardes israéliens à l’aspect menaçant.
Je remarque que la pièce est décorée de photos décrivant des scènes de souffrance de la population palestinienne.

Tandis que je suis là à m’interroger sur ces images, je suis ramené à la réalité par une voix grave de femme qui me dit “ Entrez ! ”, puis “ asseyez-vous ! ” en me désignant une chaise.
– “ Eh bien, de quoi souhaitez-vous que nous discutions ? ”, demande-t-elle.

Cette femme est Léa Tsemel, une avocate au franc parler, connue et respectée de toutes les associations israéliennes de défense des droits de l’Homme pour son travail avec les Palestiniens.
Pour beaucoup d’Israéliens toutefois, elle est hérétique. Son travail consiste à défendre
des kamikazes potentiels qui ont été capturés par les forces de sécurité israéliennes avant qu’ils ne se fassent sauter.

– “ Il est difficile de dire combien de kamikazes je représente, mais sans doute plusieurs douzaines ”, admet-elle.

Née dans le port israélien d’Haïfa en 1945, Madame Tsemel avait 22 ans quand Israël s’empara de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza au cours de la guerre des Six Jours de 1967, dont l’issue l’affecta profondément, explique-t-elle.

– “Ce n’est qu’en 1967 que j’ai ouvert les yeux. Auparavant, j’étais une femme sioniste très modérée. L’occupation m’a fait comprendre que quelque chose n’allait pas et j’ai commencé à me poser toutes sortes de questions et parvins à la conclusion que le sionisme est négatif et mauvais, et que nous étions en train d’opprimer les Palestiniens. A partir de là ma future carrière fut plus ou moins déterminée ”

Madame Tsemel représenta des Palestiniens accusés de violences pendant la première intifada, à l’époque ou les attentats suicides n’étaient pas encore les armes préférées des combattants.

– « C’était des cocktails Molotov, mais cela a changé et, pour moi, les attentats suicide ne sont qu’un développement technique, rien d’autre. Chacun se bat avec les moyens dont il dispose – les Israéliens ont des hélicoptères et des bombes, tandis que les Palestiniens n’ont qu’eux-mêmes et des explosifs artisanaux très rudimentaires ”.

De tels explosifs artisanaux “rudimentaires” ont tué des centaines d’Israéliens et en ont blessé bien davantage, dont bon nombre dans des rues voisines de l’endroit où nous nous trouvons.

Malgré leurs effets dévastateurs, Mme Tsemel déclare qu’elle comprend les motifs de tels actes.

– “ J’ai grandi dans la culture israélienne qui présente les combattants qui ont recours au suicide comme des héros, dit-elle. Je ne comprends pas pourquoi les gens s’indigneraient de mes opinions. Prenez Samson par exemple, qui pour vaincre les Philistins à Gaza fit s’écrouler le théâtre sur lui-même et sur tous les civils qui se trouvaient à l’intérieur. C’est un formidable héros aux yeux des enfants israéliens.
J’ai été élevée dans le mythe du “ mieux vaut se suicider que se rendre ”. Donc qu’y a-t-il de si extraordinaire concernant les kamikazes ?

Je fais remarquer que beaucoup d’Israéliens auront du mal à digérer ses idées, mais Me TsemeI est inébranlable dans ses convictions.

– « Je ne vois pas pourquoi on s’indignerait de mes opinions. Si vous demandiez à n’importe quel Israélien de se placer dans une telle situation d’occupation et d’oppression pendant 36 ans, il admettra qu’il se comporterait de la même manière, y compris Sharon.
Je n’ai jamais entendu ceux qui sont choqués par de tels attentats suicides, qui tuent des femmes et des enfants, émettre des critiques similaires quand il s’agit de bombes israéliennes qui tuent des civils palestiniens ”.

Mme Tsemel indique qu’elle n’a jamais demandé à ses clients pourquoi ils sont devenus kamikazes parce que les raisons lui semblent suffisamment claires.

– « Je ne soutiens pas de telles actions, et je n’estime pas qu’elles constituent une solution, ajoute-t-elle, mais je peux parfaitement comprendre comment les attentats suicides sont devenus un moyen de lutte populaire – tout d’abord parce que cela marche et deuxièmement parce que les gens sont prêts à tout risquer pour faire avancer leur lutte nationale. Ils ont le sentiment qu’ils doivent le faire. Aucun des Palestiniens que je connais n’y a été contraint. Ils se sont tous porté volontaires. Ceux qui ont été arrêtés avant qu’ils puissent faire exploser leur bombe, sont contents de n’avoir pas été tués et l’interprètent comme un signe que Dieu n’a pas voulu qu’ils meurent ”.

Mais leur arrive-t-il de penser qu’ils avaient tort de vouloir le faire ?

– “ Certains regrettent leur action. Cela arrive ”, répond Léa Tsemel.

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