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« UNE CLOTURE DE SECURITE OU UNE OPERATION D’ANNEXION DEGUISEE » : BONNES QUESTIONS SUR FRANCE INTER

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3 octobre – Nous saluons ici l’analyse de Dominique Bromberger sur le mur construit par le gouvernement israélien et reproduisons sa chronique sur France Inter, jeudi.


Une clôture de sécurité ou une opération d’annexion déguisée ?

Chronique du 2 Octobre 2003

Tout est ambigu, obscur, dans les fonctions de ces installationsS Une
bataille sémantique fait rage à leur proposS Pour les uns, c’est
simplement une barrière, voire une clôture de sécurité. Tel est le
langage utilisé par Ariel Sharon et ses alliés. Pour beaucoup
d’Israéliens, c’est une barrière de séparation indispensable depuis
le début de la deuxième Intifada. Pour certains Palestiniens, il
s’agit du «mur de l’apartheid», puisqu’il sépare Juifs et Arabes.
Pour d’autres, en revanche, l’aspect le plus préoccupant est que
cette clôture, cette barrière, s’enfonce de plus en plus profondément
à l’intérieur de la Cisjordanie et qu’elle sépare donc les
Palestiniens entre eux.

Rarement à l’intérieur de la population d’Israël aura-t-on connu un
tel consensus pour approuver une décision gouvernementale. Mais
rarement aussi, cette population aura-t-elle été aussi mal informée.
Celle-ci ne voit, le plus souvent, que le mur de sécurité, un
assemblage de parpaings de béton le long de la ligne verte qui sépare
Israël des territoires palestiniens, ou du moins qui ne s’en éloigne
pas trop. Mais la signification de l’entreprise apparaît plus
complètement si l’on remarque, comme on peut le constater sur le site
Internet du journal «Le Monde», que les fameuses clôtures de sécurité
voient leur tracé se rapprocher étrangement des terres revendiquées
par le Conseil représentatif des colons de Judée-Samarie. Il s’agit
donc vraisemblablement dans l’esprit de ceux qui conduisent le
projet, de toute autre chose que d’un mur de séparation destiné à
assurer la sécurité de la population israélienne dans des frontières
reconnues, mais bien de la poursuite d’une entreprise de
colonisation. Du reste, tout à fait officiellement, il ne s’agit pas
seulement de protéger Israël mais aussi tous ceux, Israéliens ou
étrangers, Juifs ou non Juifs, qui se sont établis en Cisjordanie. Au
nom de la protection de ces derniers, la construction des fameuses
barrières de sécurité a commencé autour des villes palestiniennes de
Qalqilyia, de Ramallah, de Bethléem, et même de Jéricho qui est
beaucoup plus proche de la Jordanie que d’Israël. Et quand on parle
de barrière de sécurité, il faut savoir de quoi il s’agitS Pas de
quelques barbelés mais d’une trouée dans le paysage comportant deux
fossés profonds de trois mètres, l’un abritant une route pavée pour
la police des frontièresS l’autre, une route de terre pour l’armée,
le tout protégé des deux côtés par des espaces barbelés et bourrés
d’électronique. La «clôture de sécurité», comme l’appelle Ariel
Sharon, serait donc beaucoup plus difficile à détruire que le mur.

Telle est du reste, la pratique du Premier ministre israélien :
mettre les siens et le monde devant le fait accompli. En 1982, il y a
plus de 20 ans de cela, sous le nom de «paix en Galilée», il avait
lancé une opération militaire au Liban qui se termina par le siège de
Beyrouth. Aujourd’hui, au nom de la protection de son peuple, il
engage la plus importante opération d’annexion depuis la proclamation
de l’Etat d’Israël.

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