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LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ISRAELIENNE RESTE INVENTIVE : PLACE AU BULLDOZER-ROBOT, POUR ECRASER LA PALESTINE SANS RISQUES

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1er novembre – Ci dessous un reportage, qui annonce la prochaine entrée en service, dans l’armée israélienne, de bulldozers sans conducteur, contrôlés à distance. La créativité au service de la barbarie n’est évidemment pas un monopole israélien. L’armée française, par exemple, travaille elle aussi, en collaboration avec Israël d’ailleurs, au développement d’engins capables d’administrer la mort en toute quiétude, des drones armés notamment.


ISRAEL VA RASER LES MAISONS AVEC DES BULLDOZERS TELEGUIDES
(par Gavin Rabinowitz, Associated Press)
(traduction CAPJPO)
JERUSALEM, 30 octobre – La gamme des gros bulldozers Caterpilla, utilisés par l’armée israélienne pour détruire des habitants palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, va s’enrichir d’un nouveau modèle, controversé : une version de l’engin téléguidée.

Israël déclare que cette nouvelle technologie réduira les risques pour ses soldats. Mais les Palestiniens craignent que cela ne conduise à des incursions encore plus fréquentes dans les territoires occupés, et alourdisse plus encore le sanglant bilan du conflit qui a éclaté il y a trois ans.

Le développement de cette nouvelle version du bulldozer D-9, ainsi que celui-ci d’une version téléguidée du véhicule léger Humveen équipée de mitrailleuses, est le fruit d’une collaboration entre l’armée israélienne et l’Institut Technion de Technologie. Les deux équipements de base sont de fabrication américaine. Ils doivent entrer en service dans quelques semaines.

L’armée israélienne se refuse à donner plus de détails sur ces nouveaux matériels.

On sait qu’Israël a été pionnière, en matière de développement de systèmes d’armes robotisés, et cela depuis une trentaine d’années, avec le développement de l’un des premiers avions sans pilote, puis, plus récemment, de mitrailleuses et lanceurs de grenades déclenchables à distance. Les armes sont munies de caméras, ce qui permet à leurs servants de savoir ce qu’ils font.

Dans une déclaration décrivant des essais de terrain, l’Institut Technion cite un officier israélien, pour qui les milliers de dollars investis dans l’équipement de chaque machine allait permettre de sauver des vies. « Aujourd’hui, les conducteurs de bulldozers sont exposés à de grands dangers, quand ils abattent des immeubles dans lesquels se cachent des combattants ennemis », peut-on lire.

Mais le ministre palestinien Saeb Erekat s’alarme, et souligne que ces robots feront un plus grand nombre encore de morts palestiniens. « Le concept est odieux. Si on emploie un bulldozer-robot, la vie humaine sera encore plus en danger », dit-il.

L’armée israélienne procède régulièrement à la démolition des habitations d’auteurs d’attentats suicides, et d’autres bâtiments soupçonnés de servir de cachette, ou de couvert, à des combattants ennemis pour attaquer les Israéliens.

Chez les Palestiniens, la marque D-9 est devenue synonyme de destruction.

Ces engins peints en gris, lourdement cuirassés, hauts de 5 mètres, ont déjà réduit à des tas de gravats des centaines d’habitations ; ils ont transformé des oliveraies en dépotoirs, avec les énormes pelleteuses qui les équipent. Le publiciste israélien Nahum Barnea les a appelés « la bête terrifiante de cette guerre ».

Le D-9 a gagné sa notoriété à l’occasion de la bataille de huit jours, entre soldats israéliens et combattants palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, en avril 2002, l’une des batailles les plus importantes de ces trois dernières années. Avec ses rugissements assourdissants, le bulldozer frayait son chemin dans les allées étroites du camp, arrachant les façades des maisons, et ouvrant la voie au passage des soldats.

L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International a rappelé à cette occasion que la destruction d’habitations constituait une violation grave du droit international. Mais le direction de la section israélienne d’Amnesty, Ammon Vidan, dit que son organisation n’a pas de commentaires spécifiques à faire sur le type d’engins utilisés dans ces opérations.

Ramadan Nawaf, âgé de 52 ans, a été le témoin, il y a quatre mois, de la destruction de sa maison, de ses oliveraies et de ses orangeraies par un D-9, au cours d’un raid de grande ampleur conduit par l’armée israélienne à Beit Hanoun, dans la bande de Gaza. « Il avançait comme un monstre. Il était énorme, et écrasait tout sur son passage », commente-t-il.

Les concepteurs du D-9 robotisé rétorquent que la nouvelle technologie épargnera des vies humaines dans les deux camps. Ils s’appuient, pour cette tentative de démonstration, sur le cas de Rachel Corrie, cette pacifiste américaine de 23 ans, originaire d’Olympia (Etat de Washington), écrasée par un bulldozer israélien –pas un D-9- le 16 mars dernier, alors qu’elle tentait de s’opposer à la démolition d’une maison, dans la bande de Gaza.

L’armée israélienne soutient que le conducteur de l’engin, assis à l’intérieur de sa cabine blindée, n’a pas vu Rachel Corrie.

Inversement, commente Shai Herschler, chef de projet au Technion, le nouveau D-9 a meilleure vue, grâce à des caméras installées bien au-dessus de la cabine.

Le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Tel-Aviv, Paul Patin, se refuse à commenter l’affaire en détail. Il se contente de déclarer que lorsqu’Israël opère des modifications sur des matériels de fabrication américaine, le ministère américain de la Défense doit seulement s’assurer que lesdits matériels « restent utilisés en conformité avec notre propre législation ».

Le D-9 est fabriqué par Caterpillar, une société basée à Peoria, dans l’Etat de l’Illinois. La société, dans une déclaration à AP, indique « qu’elle partage les préoccupations du monde quant à l’instabilité au Moyen-Orient ».

« Mais avec un parc de plus de 2 millions d’engins de ce type en service à travers le monde », elle estime n’avoir « ni les possibilités légales, ni les moyens pratiques de gendarmer l’utilisation qui est faite de chaque engin pris individuellement ».

Aucun conducteur de D-9 n’a trouvé la mort au cours des trois années de violences israélo-palestiniennes, alors que les engins ont opéré dans des zones palestiniennes densément peuplées, où ces conducteurs sont exposés aux tirs de snipers et aux lancers de grenades. Toutefois, Israël estime que ses conducteurs pourraient être victimes des mines placées sur les routes, et qui ont déjà détruit 3 chars lourds israéliens.

Au début du mois d’octobre, rappelle-t-on, trois membres des services de sécurité de l’ambassade américaine ont trouvé la mort, dans la bande de Gaza, après l’explosion d’une de ces mines.

L’armée israélienne utilise aussi des mitrailleuses et des lanceurs de grenades déclenchables à distance. Les mitrailleuses sont montées sur des avant-postes fixes, ou en haut de blindés transporteurs de troupes.

C’est au lendemain de la guerre d’octobre 1973, où son aviation pourtant réputée invincible avait essuyé de lourdes pertes du fait des missiles sol-air égyptiens et syriens, qu’Israël a commencé à travailler sur les systèmes d’armes contrôlés à distance.

Deux ans après, Israël avait sorti ses premiers avions sans pilote, dont la fonction initiale était de servir de leurres, tout en fournissant en temps réel des images du champ de bataille. Aujourd’hui, les drones armés américains de type Predator attaquent des cibles au sol, notamment en Afghanistan et au Yémen.

Menachem Shmul, patron de la division militaire chez Israel Aircraft Industries, reconnaît que ces aéronefs ne sont pas aussi sophistiqués que des avions pilotés. « Si on parle de combat aérien et de menaces multiples, ça devient plus compliqué », dit-il.

Et puis, lui fait écho Isaac Ben-Israel, chef des études sur la sécurité à l’Université de Tel-Aviv, les véhicules de combat robotisés ont une efficacité limitée. Une armée ne peut pas ne pas occuper le terrain de l’adversaire. « Si vous regardez la guerre qui vient d’avoir lieu en Irak, que constatez-vous ? C’est qu’au bout du compte, vous devez bien avoir vos propres gens à chaque coin de rue ».

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