27 novembre – Mercredi matin, l’AFP, suivie quelques heures après par l’agence AP, ont rendu compte, dans des dépêches visant à l’exhaustivité, de la profanation, avec des croix gammées, d’une mosquée de Dunkerque, et d’un début d’incendie volontaire de la porte de ce lieu de culte.
Ces dépêches relatent l’événement en termes sobres, avec le souci évident, et au demeurant louable, de ne pas dramatiser à outrance un méfait n’ayant pas eu de conséquences matérielles très importantes.
Mais depuis ces premières dépêches, …. plus rien.
Un tel traitement de l’événement contraste singulièrement avec un autre acte criminel, visant un établissement confessionnel, l’école juive de Gagny, dans la nuit du vendredi au samedi 15 novembre.
S’il est acquis –sur le fondement des affirmations du ministre de l’Intérieur- que l’incendie de Gagny, qui n’a lui non plus pas fait de blessés, est un acte criminel, aucune information n’a été jusqu’à présent publiée quant aux sentiments et intentions de ses auteurs. Ce qui n’est évidemment pas le cas des gens qui ont dessiné des croix gammées sur la mosquée de Dunkerque.
Pour autant, le crime de Gagny a immédiatement donné lieu à interprétation. Malgré les appels à la circonspection tant qu’on aurait pas d’éléments factuels solides, lancés par M° Théo Klein (ancien président du CRIF), des dizaines de dirigeants politiques, institutions et organes de presse ont saisi cet événement pour crier à l’antisémitisme, et exiger des « mesures exceptionnelles ».
Des ministres et personnalités de l’opposition se sont rendus immédiatement sur les lieux, entourés de caméras, tandis que des journaux faisaient leur « une » sur Gagny, et que les fils des agences de presse égrenaient, de manière répétitive, les propos banals et conformistes condamnant l’incendie. Un comité inter-ministériel spécial a même été réuni d’urgence, et à grand renfort de publicité, dès le lundi 17 novembre !
Rien de tout cela avec Dunkerque.
« Nous donnons les réactions que nous recevons. On ne peut pas en inventer s’il n’y en a pas », répondront sans doute des journalistes à l’usager ému d’une telle dissymétrie.
Est-ce bien sûr ? Les médias se targuent de considérez qu’ils ont le devoir de livrer à leurs téléspectateurs, à leurs auditeurs et à leurs lecteurs l’information la plus complète et la plus éclairante possible. Ce sont des promesses de ce genre que l’on trouve dans les publicités nous invitant à nous abonner à leurs titres. Il entre par conséquent dans leurs missions de solliciter, sans tarder, des réactions à la profanation de Dunkerque à tous ceux, de M. Nicolas Sarkozy à Laurent Fabius en passant par Jacques Chirac ou Robert Badinter, qui ont été si prompts à s’émouvoir de la profanation de Gagny.