18 janvier – L’ambassadeur d’Israël en Suède, un certain Zvi Mazel, s’est distingué ce week-end, en s’attaquant à une œuvre artistique qui lui déplaisait, en l’occurrence un montage réalisé par un plasticien pacifiste israélien, évoquant les attentats-suicides.
L’œuvre en question, intitulée « Blanche Neige et la Folie de la Vérité », est une évocation de l’attentat d’octobre dernier à Haifa (nord d’Israël), lorsqu’une jeune avocate palestinienne, Hanadi Jaradat, s’est fait sauter avec les explosifs qu’elle portait, tuant 21 personnes, juives et arabes, dont elle-même.
Exposée au Musée National de Stockholm, elle se compose d’un bassin rectangulaire, rempli d’eau colorée en rouge, au milieu duquel flotte un petit bateau, embarquant un portrait de Hanadi Jaradat. Un dispositif sonore accompagne la scène. Le message, pour autant qu’il y en ait un, vise à illustrer l’absurdité d’un monde dans lequel un être humain, jeune, sensible, et éduqué, choisit de donner la mort (à soi-même, à autrui), du fait d’un désespoir total engendré par un occupant cruel. Hommage à la meurtrière, dont le fiancé venait d’être assassiné par des gardes-frontières israéliens, c’est aussi un hommage aux victimes, dont les noms sont également représentés.
Le montage a été réalisé par l’Israélien expatrié Dror Feifel et épouse Gunila. Dror Feifel, auquel on peut adresser un message de soutien à dror@chello.se, est un militant de l’association « Juifs d’Europe pour une Paix Juste », qui dénonce l’oppression subie par le peuple palestinien, et réclame l’application du droit, notamment la suspension de l’accord d’association euro-israélien.
Mais vendredi soir, à l’occasion du vernissage au Musée National de Stockholm, l’ambassadeur Zvi Mazel, qui était invité, s’est publiquement déchaîné, de manière préméditée, détruisant la réalisation sous l’œil des caméras.
Le voyou a été expulsé par les organisateurs, et, en sa qualité de « diplomate », a été officiellement convoqué dès le lendemain par le gouvernement suédois.
« Je veux bien croire que cette œuvre a irrité, et ému, M. Mazel. Mais on ne s’attaque pas à des œuvres d’art. C’est inacceptable. Personne n’est obligé de regarder des choses qui ne lui plaisent pas, et M. Mazel n’était pas obligé d’assister à ce vernissage », a sobrement commenté le directeur du Musée, Kristian Berg.
Pour autant, la provocation de Mazel n’est pas un acte individuel. Dimanche matin, le Conseil des ministres israélien, réuni sous la houlette d’Ariel Sharon, a en effet discuté de l’affaire … pour donner entièrement raison à son ambassadeur !
« Quand j’entend parler de culture, je sors mon revolver », disait le tristement célèbre ministre de la Propagande de Hitler, Josef Goebbels, tandis que ses hommes de main brûlaient livres et tableaux « d’art dégénéré » produits par des écrivains et artistes dits « juifs », « judéo-bolchéviques », etc.
Zvi Mazel savait pertinemment que son geste allait provoquer de tels parallèles historiques, ce qui n’a pas manqué. Mais lui-même et ses collègues schizophrènes au pouvoir en Israël avaient leur réponse toute prête, toujours la même : « Tout le monde est contre les Juifs ; tout le monde est antisémite ; c’est pour cela qu’ils condamnent nos actes ».