21 janvier – Le député israélien d’opposition Yossi Sarid (parti Meretz, classé à gauche, sur l’échiquier politique) a publié mardi dans l’édition en langue anglaise du quotidien Haaretz une lettre ouverte au Tribunal Pénal International de La Haye, où il déclare clairement que le Mur construit par le gouvernement d’Ariel Sharon constitue un crime contre l’humanité.
Sarid a fait partie, avec ses amis du Parti Travailliste, des promoteurs de l’idée d’une séparation totale entre Israël et les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie, dans un souci « anti-terroriste ».
Le lancement officiel de la construction du Mur date d’ailleurs de 2002, une époque où le Parti Travailliste partageait encore le pouvoir avec Sharon.
Seulement voilà, déclare aujourd’hui le député, il n’était pas prévu qu’avec Sharon aux commandes, le Mur sserait une telle monstruosité, enfermant tout un peuple dans des enclaves de type bantoustan, comme les Sud-Africains de la pire époque de l’apartheid.
« Aujourd’hui, un Palestinien se lève le matin, tous les matins, et il voit le mur monstrueux qui le sépare des autres membres de sa famille, de ses champs et de ses vergers, de ses affaires commerciales ; qui sépare ses enfants de leur école, constate la dépossession, sous ses yeux, de la terre qui lui est volée, tout un monde plongé dans l’obscurité. Et cet homme nous en rend responsables, nous qui avons été partie prenante à la construction de cette lamentable clôture. Comment allez-vous expliquer à cet homme que ce n’est pas la barrière que nous avions imaginée, que nous avions en vue une barrière totalement différente, mais que l’enfer était finalement pavé de nos bonnes intentions. Il faut demander des excuses. On peut lire dans le Talmud « Ce n’est pas le voleur qui a volé, c’est le trou qui a volé » : nous devons dire « ce n’est pas la barrière qui vole la terre, et viole les droits de l’homme, c’est son tracé », confesse Yossi Sarid.
« Sans aucun doute, sur la base des idées et conceptions qui sont les miennes, la barrière de Sharon est un crime contre l’humanité. Il n’y a pas d’autre moyen de la définir. Je n’irai pas, personnellement, devant la Cour Pénale Internationale à La Haye, car je suis moi aussi affecté par cette ‘maladie patriotique’ dont nous sommes tous incapables de nous guérir. Mais la présente est une déposition écrite, dont l’auteur est membre de la Knesset et de sa Commission des Affaires Etrangères et de la Défense, ainsi qu’un ancien ministre de l’Education de l’Etat d’Israël, et un sioniste sans « étiquette ». Cette déposition a été traduite pour publication, dans ces colonnes, en langue anglaise (encore une infraction au patriotisme) et, si elle devait être présentée aux juges de La Haye, je n’en retirerai pas une ligne. D’ailleurs, je vais peut-être bien commencer par la présenter aux juges de la Cour Suprême de mon propre pays », conclut-il.