26 mars – L’agence France Presse vient de produire une dépêche dans laquelle la Présidence de la République Française annonce qu’elle a provisoirement renoncé à inviter Sharon en France, indiquant n’avoir plus « aucun projet précis pour le moment », quant à la réception de ce sinistre individu. (lire plus bas la dépêche de l’AFP).
Une visite de Sharon à Paris est ardemment réclamée par la direction israélienne, pour qui la France est un pays « antisémite, rempli d’Arabes », qu’il convient de mettre durablement au pas : quoi de mieux, alors, que d’obliger Chirac et son gouvernement à faire acte d’allégeance, et à dérouler le tapis rouge au bourreau de Sabra, Chatila, Jénine, Naplouse et tant d’autres villes et localités palestiniennes ?
A l’occasion de la visite fastueuse à Paris du Président Moshe Katzav, en février, qui avait pour fonction de servir d’apéritif dans le dispositif israélien de pressions sur le gouvernement français, l’ambassadeur israélien à Paris, Nissim Zvili, clamait ainsi, sur toutes les radios, que son Premier ministre Ariel Sharon allait suivre, en avril.
Propos ensuite confirmés côté français, avec cette déclaration du ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin au Figaro, annonçant l’arrivée de Sharon, en avril.
Seulement, plusieurs événements sont intervenus dans l’intervalle, à commencer par la protestation contre les galas de collecte de fonds pour l’armée d’occupation, qui a montré aux autorités que les citoyens de notre pays n’étaient pas prêts à accepter sans broncher de telles manifestations d’apologie de crimes de guerre.
Surtout, nous avons été des dizaines de milliers à nous mobiliser, et à écrire massivement à Jacques Chirac pour lui dire combien ce projet de visite de Sharon nous choquait, et on ne cachait pas ces jours-ci à l’Elysée, non plus qu’au ministère des Affaires étrangères, que les messages reçus, par leur nombre et leur diversité, étaient effectivement impressionnants.
NE SURTOUT PAS RELACHER LA PRESSION
Pour autant, nous ne devons pas relâcher notre vigilance, et il faut continuer d’écrire au Président de la République, pour lui dire qu’il n’est pas question d’accueillir Sharon, ni « pour le moment », ni jamais, tant qu’Israël n’aura pas cessé de violer les droits les plus élémentaires du peuple palestinien. Les courriers (cartes postales spéciales « Criminel de guerre en exercice, Non à la visite de Sharon en France » ou lettres simples) doivent être adressées à : M. Le président de la République, 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris (ne pas timbrer, le port est gratuit).
Il faut également exiger la cessation d’autres encouragements donnés par la France au militarisme israélien : comme ce projet de l’entreprise EADS pour doter les hélicoptères d’attaque israéliens de nouveaux radars, afin qu’ils puissent continuer de lancer leurs missiles sur les populations palestiniennes sans courir le moindre risque ; ou la mise hors d’état de nuire des bandes fascistes telles que la Ligue de Défense Juive ou le Bétar, qui, ici même en France, se livrent à des agressions physiques en toute impunité ; ou encore, le maintien de la programmation de galas de l’armée israélienne dans des villes de province, à Marseille le 16 mai prochain notamment.
La lutte contre l’antisémitisme doit être sans failles, répète matin, midi et soir la classe politique de ce pays. C’est absolument vrai. Mais il est tout aussi vrai que la première étape de cette lutte consiste à montrer qu’on ne confond pas ce qui est juif (les personnes, les lieux de cultes, écoles…) avec le gouvernement israélien, et ceux qui le soutiennent en France.
Faute de clarté, dans la parole et dans les actes, la confusion se développera dans les esprits, et avec elle les comportements racistes et communautaristes, pour le seul bénéfice des adversaires d’une paix juste entre Palestiniens et Israéliens.
DEPECHE PUBLIEE PAR L’AFP JEUDI 25 MARS
(à noter, dans ce texte de l’AFP, que l’Elysée, s’il désavoue les déclarations de l’ambassadeur Zvili, esquive celles du ministre français des Affaires étrangères, Villepin)
Aucun projet précis de visite de Sharon en France (Elysée)PARIS, 25 mars (AFP)
Aucun projet précis de visite d’Ariel Sharon en France n’existe pour le moment, a indiqué l’Elysée, interrogé jeudi par l’AFP, alors que des rumeurs ont fait état du report d’une visite du Premier ministre israélien, qui aurait été prévue en avril.
Ces rumeurs intervenaient après l’assassinat par Israël de cheikh Yassine, chef spirituel du mouvement radical Hamas.
L’Elysée a ajouté qu' »il n’y a pas d’élément nouveau sur ce sujet depuis janvier », date d’un entretien téléphonique Chirac-Sharon après le crash du Boeing de Flash Airlines qui s’est abîmé dans la mer Rouge, au large de Charm El Cheikh, en Egypte.
Au cours de cette conversation téléphonique, MM. Chirac et Sharon étaient convenus de rester en contact. Leur dernière rencontre remonte à une visite de M. Sharon à l’Elysée le 5 juillet 2001.
A la mi-février, juste avant la visite d’Etat en France du président israélien Moshe Katzav, l’ambassadeur d’Israël à Paris Nissim Zvili avait fait état d’un voyage d’Ariel Sharon « vers le mois d’avril ».
« Nous avons commencé à nous occuper de la visite de Sharon après un coup de téléphone » suivant l’accident d’avion en Egypte, avait-il ajouté.
Toutefois, aucune suite n’a été donnée à ce projet de visite, a-t-on ajouté.
