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« COMME SUR LA PLACE TIENNANMEN » par Tanya REINHART

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31 Mars – Nous publions un article de Tanya Reinhart, universitaire israélienne qui vient de s’exprimer dans le quotidien Yediot Aharonot du 30 mars pour souligner qu' »un débat important a été engagé en Israël sur le rapport bénéfice/coût de l’assassinat de Cheikh Yassine, mais qu’il laisse de côté la notion même de justice ».


« Selon la loi internationale, l’exécution d’une personne d’un territoire occupé n’est pas autorisée. La Convention de Genève, née de l’abominable expérience de la Seconde Guerre Mondiale établit les limites de l’usage de la force même en temps de guerre. La convention fait la distinction entre guerre et état d’occupation. Ses fondements sont, premièrement, que le peuple occupé doit être « protégé » et que l’occupant est responsable de sa sécurité. Deuxièmement, elle détermine que le peuple occupé a le droit de se battre pour se libérer. Les conventions internationales sont l’un des moyens que les peuples ont développés pour s’auto-protéger. Sans elles, il y a danger que l’espèce humaine ne se détruise, les plus forts éliminant d’abord les faibles, et s’exterminant ensuite entre eux. `

Au cours de ses 37 ans d’occupation, Israël a déjà violé tous les articles de la convention de Genève. Mais ce qu’il vient de faire est sans précédent, comme Robert Fisk le souligne dans le British Independant. « Pendant des années, il y a eu une règle non écrite dans la guerre cruelle d’un gouvernement contre une guerilla. On pouvait tuer les gens dans la rue, kamikazes et tireurs. Mais les dirigeants des deux bords – ministres, leaders religieux- pouvaient survivre ». – Même quand le leader prônait la violence et la erreur, la règle était qu’il pouvait être emprisonné mais pas tué ».

Ahmed Yassine se voyait lui-même comme un combattant de l’occupation. Ainsi que l’écrit le Yediot Aharonot, il revendiquait le retrait total de l’armée israélienne des territoires occupés, le retour aux frontières de 1967. En 1993, le Hamas était d’accord avec les principes des accords d’Oslo. Mais il ne croyait pas que Rabin traduirait ces principes dans l’action, et exhorta les Palestiniens à se rappeler que l’occupation n’était pas encore terminée. Durant la période de bras-de-fer de Barak et Sharon, Yassine proposa une longue période de « hudna » (cesser le feu), mais il pensait aussi qu’Israël ne mettrait jamais de lui-même un terme à l’occupation. « L’ennemi ne comprend que le langage de la guerre, les bombes et les explosifs, exposait-il aux siens, et il affirmait que « chaque Israélien est une cible pour nous ».

La convention de Genève reconnaît le droit des peuples occupés à mener une lutte armée contre l’armée d’occupation mais sans utiliser la terreur contre les civils. La terreur n’a pas de justification morale est n’est pas reconnue par la loi internationale. Mais il n’en est pas moins nécessaire que nous, Israéliens, fassions notre auto- critique à cet égard. Quelle autre voie laissons-nous au peuple palestinien pour lutter pour sa libération ? Avec le tracé du mur de Cisjordanie, un nouveau type de résistance populaire a pris forme au cours des derniers mois. Les fermiers palestiniens dont on est en train de voler la terre s’asseyent sur le sol face aux bulldozers, accompagnés par les opposants israéliens au mur, les vétérans du camp de Mas’ha. Qu’y a-t-il de moins violent que cela ? Mais l’armée israélienne tire sur les militants assis, comme sur la place Tiennamen.

L’armée israélienne empêche toutes les possibilités de résistance non violente de la part des Palestiniens. Avec l’élimination arrogante d’un leader et d’un symbole, au moment où il quittait une mosquée, l’armée a créé sciemment une nouvelle vague de violence et de terreur. Difficile de ne pas se dire que la terreur arrange bien Sharon et l’armée. Elle leur permet de persuader le monde que les protections de la convention de Genève ne s’appliquent pas aux Palestiniens parce qu’ils sont truffés de terroristes et que par conséquent ils ont le droit de leur faire ce qu’ils veulent.

Depuis le 11 septembre – et dans ce cadre – la « guerre contre la terreur » des Etats-Unis a poussé à détruire toutes les sauvegardes qu’assurait la Loi Internationale. Mais même les Etats-Unis n’ont pas encore osé exécuter publiquement un chef spirituel (par exemple, un chef religieux des Talibans en Afghanistan).
Maintenant Israël a décidé, avec la bénédiction des Etats-Unis, que tout lui était permis. Sous la loi militaire, Israël est devenu une force déterminante de la destruction des protections ultimes dont l’humanité s’était dotée, au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, pour sa sauvegarde, des protections dont nous pourrions avoir besoin un jour, comme l’Histoire nous l’a déjà appris.

(traduit par Carole SANDREL)

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