30 mars – Dans l’un de ses derniers actes précédant la grosse claque électorale que l’on connaît, le gouvernement a commis une illégalité manifeste, en privatisant la lutte contre l’antisémitisme, au profit du lobby pro-Sharon français, le CRIF, dont toute l’activité stimule au contraire le développement de l’antisémitisme dans ce pays.
Selon un communiqué de presse diffusé par les services du Premier Ministre, il a été décidé, au terme du « 3ème comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est réuni le 18 mars, de faire du CRIF un auxiliaire très spécial de l’Etat, qui aura la mission de prescrire aux pouvoirs publics le lancement d’investigations policières en matière de répression du racisme et de l’antisémitisme.
Le Comité interministériel prévoit notamment des échanges « d’informations » entre différents services de l’Etat (ministère de l’Intérieur, ministère de l’Education national) et le CRIF, avec notamment la création « d’une liaison internet directe entre le CRIF, les fournisseurs d’accès et l’Office de lutte contre la criminalité sur internet », pour permettre « le signalement immédiat des sites racistes et antisémites, et le déclenchement des investigations policières ».
La mention de racismes autres que l’antisémitisme, tant dans l’intitulé du comité interministériel que des missions dévolues au CRIF n’est bien évidemment là qu’à titre d’alibi : le comité interministériel a été créé au lendemain de l’incendie d’une école juive (le caractère antisémite de ce crime n’étant en rien étayé plus de 4 mois après les faits), et les réunions du nouveau comité sont consacrées à l’antisémitisme, réel ou supposé, et à lui seul.
Mais à défaut de lutter contre tous les racismes, la répression du seul antisémitisme peut quand même constituer une avancée, et le CRIF serait alors une instance compétente, capable d’être un auxiliaire qualifié de la justice, pourront objecter certains commentateurs de bonne foi. Rien n’est moins vrai, selon nous.
Car le CRIF, pas plus que les dirigeants israéliens dont il soutient sans failles la politique, ne sont intéressés en réalité à combattre l’antisémitisme, qu’ils instrumentalisent aux seules fins d’intimider, et de tenter de faire taire tous ceux qui osent critiquer le comportement odieux d’Israël à l’encontre du peuple palestinien. Le CRIF ne dénonce pas, non plus, le « théorème » d’Ariel Sharon : « Il y a en France 6 millions d’Arabes. Les Juifs y sont donc en danger, et Israël doit se préparer à les accueillir ».
Lorsqu’on lit les « informations » et les « statistiques » produites par le CRIF sur les actes antijuifs ou réputés tels commis en France, on peut ainsi craindre le pire si ces gens-là sont élevés au rang de gardiens de la loi.
La lecture du site internet du CRIF est de ce point de vue édifiante. On y trouve notamment une rubrique « La justice contre l’antisémitisme », qui a la prétention de recenser, « en exclusivité » et de manière exhaustive, le bilan des procédures judiciaires closes ou en cours, relatives à des actes antijuifs perpétrés en France en 2002 et 2003.
On y liste 76 procédures, concernant des insultes, menaces, et, moins souvent, d’actes (tags antisémites, jets de pierre contre des lieux de culte, etc.), dont les auteurs présumés, lorsqu’ils ont été jugés et reconnus coupables, ont été condamnés, avec une fermeté certaine (3 mois de prison ferme pour une fausse alerte à la bombe dans une synagogue, par exemple). Les cas cités ont le mérite d’illustrer une réalité inquiétante, qu’il serait sage, si l’on a vraiment à cœur de lutter contre l’antisémitisme, ni de sous-estimer, ni de surestimer.
Mais il y a aussi dans cette liste des cas plus que douteux, pour ne pas dire entièrement bidons, qui montrent que le CRIF entend ratisser large, pour faire du chiffre : deux gamins de 12 ans qui avaient décapité des statues dans une église chrétienne sont malgré tout inclus dans la statistique ; l’affabulation, éventée en son temps, d’une jeune fille qui se serait fait taillader une étoile de David sur le bras par trois inconnus masqués, mais dont il ne restait pas de stigmates dès le lendemain ; ou encore la ténébreuse affaire du rabbin Gabriel Farhi, victime auto-proclamée d’un coup de couteau, mais où les enquêteurs policiers ont évoqué tour à tour la thèse de l’auto-mutilation et l’implication d’un proche de ce même rabbin Farhi.
Surtout, le CRIF s’est bien gardé de mettre, dans sa liste, les procédures qui l’accablent, ou mettent en cause ses propres amis.
Quid, par exemple, du jugement condamnant le sieur Alexandre Attali, responsable du site amisraelhai.org, qui avait appelé à agresser spécifiquement des dizaines de personnalités juives coupables d’avoir manifesté leur opposition à Ariel Sharon ? Pas un mot. Il est vrai qu’avant que le scandale n’éclate, le CRIF faisait de la publicité au site raciste d’Attali.
Pas un mot, non plus, des multiples procédures engagées par les champions du chantage à l’antisémitisme, avec l’appui du CRIF et des associations qui gravitent autour de lui (LICRA, Goldnadel, etc.), contre des adversaires de la politique israélienne, et qui se sont soldées jusqu’à présent par une déconfiture quasi complète devant les tribunaux : on chercherait en vain, dans la liste du CRIF, la relaxe de ce militant de Chambéry poursuivi pour antisémitisme, après avoir collé des affiches « Sharon assassin ! » ; ou la relaxe de la CAPJPO, poursuivie, là aussi au nom de l’antisémitisme, pour avoir appelé en 2002 au boycott des produits « Made in Israel » ; ou les multiples acquittements du journaliste Daniel Mermet, attaqué par l’avocat « sans frontières » William Goldnadel. Ou la condamnation, pour abus de constitution de partie civile, d’émules de la même stratégie, qui avaient traîné dans la boue une principale de collège dans l’Essonne, l’accusant d’antisémitisme parce qu’elle n’aurait pas été selon eux assez diligente, lors d’une bagarre entre élèves, dans la cour de l’établissement ?
Mais surtout comment peut-on confier la responsabilité de la lutte contre l’antisémitisme à organisation présidée par un homme, Roger Cukierman, qui déclarait en mai 2002 que le score de Le Pen au 1er tour des présidentielles, constituait un bon avertissement pour les Arabes en France, qui n’auraient plus qu’à se tenir tranquilles ? A une organisation qui permet que l’on collecte des fonds pour l’armée israélienne au sein des synagogues à Lyon et à Paris.
Vive les pompiers pyromanes !