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LE GOUVERNEMENT ISRAELIEN VEUT QUE LES JUIFS DE FRANCE AIENT PEUR

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1er avril – Pour Ariel Sharon, il est possible d’attirer en Israël plus de 20.000 Juifs de France par an, contre 1.000 à 2.000 seulement jusqu’à présent, à condition de créer un climat propice à une émigration de masse, révèle le journaliste israélien Amiram Barkat, du quotidien Haaretz, dont voici la traduction, de l’anglais.


Titre : Sharon veut faire venir un million de Juifs en Israël au cours des prochaines années
Par Amiram Barkat (Haaretz, 12/3/04)

Le Premier ministre Ariel Sharon vient d’organiser une réunion, avec les ministres et représentants des organismes concernés par l’immigration, au cours de laquelle il s’est efforcé de déterminer la politique à mettre en œuvre pour faire venir un million d’immigrants juifs au cours des prochaines années.

La réunion n’a pas débouché sur un plan détaillé, mais les participants se sont mis d’accord pour lister une série de mesures pratiques, qui seront discutées au cours d’une nouvelle session interministérielle, en juin. Sharon a pour sa part conclu que l’objectif du million était réalisable, nous ont déclaré ses proches.

Assistaient à la réunion le ministre des Finances Benyamin Netanyahou, la ministre de l’Intégration Tzipi Livni, ainsi que les directeurs des agences gouvernementales compétentes (Agence Juive, Nativ, Conseil National de Sécurité). Etait également présent M. Didi Arazi, l’un des fondateurs de la société informatique Nice. Arazi a quitté il y a quelque temps le secteur de la haute technologie pour s’occuper des affaires publiques, et il a ainsi accepté récemment de prendre la tête d’une unité de l’Agence Juive chargée de développer l’émigration juive nord-américaine.

Les représentants de l’Agence Juive ont déclaré qu’en retenant l’hypothèse de travail la plus optimiste, on pourrait atteindre le cap des 70.000 immigrations par an en 2010, dont 20.000 en provenance des pays de l’ex-Union Soviétique, 20.000 de France, et 15.000 d’Amérique du Nord. Pour arriver au million, il faudrait globalement être capable de faire venir 400.000 Juifs d’Amérique du Nord, et 200.000 de l’ex-bloc soviétique, ont-ils ajouté.

Mais pour le moment, c’est au contraire à un déclin prononcé de l’émigration vers Israël que l’on assiste. Seules 24.434 personnes sont arrivées en 2003, le plus mauvais score depuis 1989. Et sur les deux premiers mois de 2004, il n’y a eu que 2.650 immigrations, 30% de moins que pour la période correspondante de l’an dernier. Les fonctionnaires des agences juives en poste en Russie et en Ukraine font valoir que l’amélioration de la situation économique dans ces pays a quelque peu tari l’envie d’émigrer, et qu’on assiste même à un phénomène inverse : il y a désormais plus de gens qui émigrent d’Israël vers ces deux pays, que de gens qui quittent la Russie et l’Ukraine pour Israël ! Idem pour l’Argentine, dont la situation économique s’est elle aussi améliorée.

C’est pourquoi la discussion sur le million semble a priori détachée de la réalité. « Mais Sharon », déclarent ses proches, « pense le contraire ». « Il postule que c’est possible, à condition qu’on modifie radicalement notre politique pour encourager l’immigration ».

Il importe en premier lieu, selon lui, que les agences juives modifient leurs priorités, et concentrent leurs efforts, non plus en direction des pays où les minorités juives ont des raisons de se sentir malheureuses, mais en direction des pays prospères d’Occident, où serait encouragée « l’immigration par choix », par opposition à « l’immigration par nécessité », ou « par désespoir ».

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de précédent, dans l’histoire du sionisme, à un tel type d’immigration.

« Historiquement, le facteur dominant de l’immigration a été le désespoir », a commenté le Professeur Sergio della Pergola, de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Cependant, a-t-il poursuivi, on peut quand même observer des signes de désarroi y compris dans les pays riches d’Occident, à commencer par la France.

Le Professeur Erik Cohen, de l’Université Bar-Ilan, qui vient de conduire une étude sur les Juifs de France, est d’accord, et affirme que l’intérêt pour une éventuelle émigration y atteint actuellement des niveaux inédits. « On n’assistera pas à un Exode du jour au lendemain. Mais avant un Exode, il y a des signes avant-coureurs, et je les ai vus », prophétise-t-il.

Pour Cohen, « il n’est pas impossible » de faire venir 50.000 Juifs de France, d’autant plus que 90% de ces derniers auraient déjà des parents, alliés au amis en Israël.

Cela étant, reconnaît-il, la majorité des Juifs de France auxquels il a parlé ont évoqué, en termes d’émigration, les Etats-Unis plutôt qu’Israël.

S’agissant des Etats-Unis, l’autre grande cible de l’Agence Juive, les perspectives apparaissent encore plus sombres. Moins de 100.000 Juifs ont émigré des Etats-Unis vers Israël depuis la création de l’Etat il y a 56 ans, et on estime que de 30 à 50% ont ensuite fait le voyage en sens inverse. Pour autant, l’émigration américaine a fait un bond de 40% l’an dernier, notamment grâce aux aides d’organisations comme le Nefesh B’Nefesh, qui a apporté une assistance financière aux nouveaux immigrants.

L’Agence Juive s’emploie à présent à développer un système d’aides financières, en coordination avec les institutions communautaires juives dans le monde.

Le Professeur Steven Cohen, de l’Université Hébraïque, enfin, se déclare convaincu qu’il est possible d’augmentation l’émigration nord-américaine, notamment chez les Orthodoxes, ainsi que … les enfants des émigrés israéliens ! Mais il prévient : « faire venir 400.000 de ces gens ici en une dizaine d’années est impossible ».

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