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LES TERRAINS DU SAINT-SIEGE A JERUSALEM TRAVERSES PAR LE MUR DE L’APARTHEID

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11 avril – Le Figaro rapporte, dans son édition du samedi 10 avril, avec quelle impudence l’armée israélienne construit le mur de l’annexion à l’intérieur des jardins du Saint-Siège à Jérusalem, confiscant déjà plus de 10.000 m2 de terrain à une congrégation catholique.


« C’est une scène devenue banale à Jérusalem, où même les terres du Saint-Siège ne sont plus épargnées par la construction de la barrière de séparation. Redoutant qu’un attentat ne vienne gâcher la pâque juive, le gouvernement israélien a interdit la ville sainte aux Palestiniens de Cisjordanie, fermant tous les accès pendant deux semaines. Un soldat israélien aperçoit un Palestinien, qui tente de pénétrer dans Jérusalem depuis le faubourg d’Abou Dis en traversant la propriété des frères passionistes, une congrégation catholique située au pied du mont des Oliviers. Le soldat enjambe le muret de la congrégation , saute sur les marches de l’église Sainte-Marthe d’où il pointe son M 16 sur le Palestinien pour l’interpeller. Voyant que des journalistes l’observent, le soldat hésite un instant avant d’ouvrir le feu. Le Palestinien s’échappe.

Le soldat poursuit sa chasse aux «illégaux» entre les oliviers et les cyprès de l’église catholique, en violation des accords liant l’Etat hébreu au Saint-Siège, dans lesquels Israël s’engage à «respecter et protéger» les propriétés de l’Église catholique. Mais voici le nonce apostolique, Monseigneur Pietro Sambi, qui surgit dans son costume noir, sommant le soldat de quitter les lieux. «Vous n’avez pas le droit de rester ici, vous violez une propriété du Vatican», assène l’ambassadeur du Pape en Terre sainte. «Je dois faire mon travail pour protéger notre civilisation à Jérusalem. Et pour vous protéger contre les voleurs palestiniens», lui répond le militaire sur un ton peu diplomatique.

Il y a deux mois, deux bulldozers israéliens escortés par une dizaine de soldats ont offert un réveil brutal aux frères passionistes, en défonçant le mur d’enceinte de leur propriété. Tsahal avait prévu de faire passer la muraille en béton qui doit séparer Jérusalem de ses faubourgs arabes à travers les terres de l’Eglise, pour se connecter à la portion de mur d’Abou Dis. Ni la nonciature apostolique ni les frères passionistes n’avaient été prévenus. «Les soldats m’ont donné ordre de déguerpir, alors que je suis chez moi ici, raconte le frère Claudio Gilanti, toujours ahuri. J’ai appelé le nonce, qui s’est fâché et a réussi à faire arrêter les travaux.»

Mais les soldats n’ont pas réparé les deux trous béants dans le petit mur d’enceinte en pierres de la communauté passioniste. Et le dernier bloc en béton du mur de séparation israélien est posé à quelques mètres de leur propriété. Bloqués par la «clôture de sécurité», les Palestiniens venant de Cisjordanie et ne possédant pas de permis d’accès à Jérusalem-Est tentent chaque jour de s’infiltrer par cette brèche afin de se rendre à leur travail, ou dans les écoles et les hôpitaux situés dans la partie arabe de la ville. Chaque jour les israéliens les attendent. Postés dans le jardin des passionistes, ils les repoussent à l’aide de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. «Le vendredi, c’est l’enfer, dit le frère Claudio. Des centaines de Palestiniens essaient de passer dès 4 heures du matin pour aller prier sur l’esplanade des Mosquées. Les soldats les accueillent avec un déluge de tirs.»

Le nonce a dénoncé le tracé de la «clôture de sécurité», que les Palestiniens appellent «mur de l’apartheid». «L’armée ne peut pas construire ce mur sur le mont des Oliviers sans violer le traité international liant Israël au Saint-Siège, s’emporte Mgr Sambi. Ce sera un acte unilatéral de force et une démonstration que le gouvernement israélien ne respecte pas le droit international. De surcroît, le passage nuit et jour de de Jeep israéliennes le long du mur serait une nuisance insupportable pour un lieu saint.»

Mais dimanche dernier, alors qu’un millier de pèlerins entamaient leur procession des rameaux au départ de l’église de Beith Fage, une palme ou une branche d’olivier à la main, les grues israéliennes posaient les premiers pans de béton à travers la propriété des franciscains située en contrebas. «Comment, c’est impossible !» s’exclame le nonce, furieux que les moines ne l’aient pas prévenu. «Les bulldozers ont rasé notre mur d’enceinte il y a huit mois et les grues sont venues le dimanche des Rameaux pour construire le mur en béton dans notre propriété, confirme le père franciscain Francisco Bastos. Toutes nos terres qui se retrouveront de l’autre côté seront perdues.» Selon les estimations des franciscains, qui ont déposé une plainte devant les tribunaux israéliens, 10 000 m2 de leur terrain seront confisqués de facto.

L’an prochain, une fois le mur achevé, les pèlerins ne pourront plus emprunter le chemin de Jésus-Christ lorsqu’il fit son entrée triomphale dans Jérusalem. «Cela fait trois cents ans que les pèlerins passent par ici, assure le père Eugène Camar, de l’église Saint-Lazare. Bientôt le chemin sera coupé.» Le mur passera quelques mètres au-dessus du tombeau de Lazare.

Avant le début de l’Intifada, plus de 20 000 pèlerins assistaient chaque année à la procession des Rameaux, dont plusieurs milliers de palestiniens. «L’armée avait promis de laisser venir les chrétiens de Bethléem, de Beit Sahour et Beit Jalah, mais ils se sont heurtés au refus des soldats israéliens aux barrages», constate le frère Issa Badaoui. A Bethléem et dans ses faubourgs, les chrétiens sont prisonniers depuis trois ans et demi. Bientôt, ils seront totalement encerclés par le mur. «Leur situation est intenable, constate un diplomate. Le Hamas, qui est de plus en plus fort à Bethléem, accuse les chrétiens de collaborer avec l’ennemi. Et les soldats israéliens les traitent comme des terroristes.»

Le patriarche latin de Jérusalem a lancé un appel aux pèlerins à l’occasion des fêtes de Pâques, pour qu’ils «n’abandonnent pas la Terre sainte». Pour Mgr Michel Sabah, il faut des personnes de bonne volonté ici pour rappeler aux juifs qu’ils doivent respecter les lieux saints. C’est un pas vers la réconciliation».

Par Patrick Saint-Paul.

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