17 avril – La journaliste israélienne Akiva Eldar publie dans le quotidien Haaretz de vendredi 16 avril une comparaison entre « le plan de désengagement israélien » et les « homelands » créés par la minorité blanche d’Afrique du Sud pour garder le contrôle sur la majorité noire.
« L’Afrique du Sud sera très intéressée par le plan de désengagement israélien publié hier. Les aspects politiques, militaires et économiques du plan concernant la Bande de Gaza ainsi que l’enclave dans le nord de la Cisjordanie sont incroyablement similaires aux « homelands », une des dernières inventions de la minorité blanche d’Afrique du Sud pour conserver le contrôle sur la majorité noire. Les Noirs et « gens de couleur » qui étaient concentrés dans dix enclaves isolées avaient une autonomie limitée, mais leur bien-être économique dépendait de la bonne volonté du gouvernement blanc.
Le plan de désengagement spécifie « il n’y aura plus de raison de considérer Gaza comme un territoire occupé » (Article 2.A.3). Par quoi Israël se libère de toute responsabilité politico-légale, morale et économique quant à la Bande de Gaza et la transforme en une entité indépendante. Cependant, le plan n’enlève que la responsabilité d’Israël, de concert avec ses quelques citoyens et ses nombreux soldats. Pour le reste, le contrôle de la Bande de Gaza reste entre ses mains. Israël va conserver sous sa coupe tous les passages internationaux (Article 2.A.1 et Article 12). L’entité «indépendante» ne sera pas autorisée à inviter de forces internationales pour contrôler la situation sans l’accord d’Israël – qui ne sera plus responsable pour les 1,3 millions d’habitants de Gaza. Bien qu’Israël se soit assuré que les Palestiniens n’auraient pas leur mot à dire quant au plan de désengagement, il demande que Gaza soit démilitarisé, précisant que la présence d’armes « n’est pas compatible avec les accords existants » (3.A.2).
Les services de base (eau, électricité, carburant, etc.) resteront les mêmes. La perpétuation de ces arrangements contredit l’abandon de responsabilités spécifié par le plan de désengagement. Mais il souligne qu’Israël ne peut permettre un désastre humanitaire.
L’article le plus intéressant du plan concerne l’évacuation de l’enclave du nord de la Cisjordanie, pour permettre la « contiguïté du transport » (2.B.4) pour les Palestiniens. Ce terme est également issu du précédent sud-africain. Les Sud-Africains blancs aussi ont pensé que ceci leur permettrait de continuer à contrôler le terrain, en construisant des ponts et des tunnels pour les indigènes. Seuls Israël et Taiwan ont eu des liens avec les « homelands ».
La situation des « homelands » s’est détériorée en une série de révoltes, et il y a une dizaine d’années, les « homelands » sont devenue une partie de l’Afrique du Sud unifiée, gouvernée par une majorité noire.
Source : http://www.haaretz.com/hasen/spages/416059.html
(traduit par Saïd LAHLOUH-PREVOST)
