30 avril – Le Pr. Christophe Oberlin, spécialiste de chirurgie réparatrice des lésions balistiques (balles, bombes, missiles..), nous fait part du bilan de la mission qu’il vient de conduire à Gaza et Khan Younis du 14 au 23 avril où, avec son équipe, il a opéré, sous les bombes, des patients (y compris des enfants) victimes de la répression de l’armée israélienne, et formé des médecins palestiniens.
« Il s’agissait d’une mission « double », ayant pour premier objectif d’opérer une quarantaine de blessés, vingt sur chaque site (Gaza et Khan Younis).
L’autre but était d’installer à l’hôpital Nasser de Khan Younis un laboratoire d’entraînement à la microchirurgie pour les chirurgiens palestiniens
DEROULEMENT CHRONOLOGIQUE
Quatre heures d’attente à l’arrivée à l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv.
Transfert au check-point d’Eretz. Nouveau blocage de plusieurs heures, l’un des quatre participants à la mission étant refusé, au motif « qu’ils n’étaient pas au courant ». On nous demande, à nouveau, « de revenir le lendemain ». Pourtant tous les documents avaient été transmis trois semaines à l’avance par le Consulat français à Jérusalem Est… Coups de fils multiples au consulat. Après plusieurs heures, on passe. Nuit à la Marna House de Gaza.
J1 :
Nous voyons 56 patients à Shifa dans la matinée. L’après-midi, transfert en taxi à Khan Younis, et consultations des patients convoqués, portant à 89 le nombre de patients vus dans la journée.
J2 :
Installation du laboratoire d’entraînement à la microchirurgie. L’hôpital Nasser (construit dans les années 60) est actuellement en cours de réhabilitation pour une part, construction pour l’autre. Les travaux vont très vite, puisqu’ils n’ont débuté qu’à la fin 2004, et que la « livraison des travaux » a déjà eu lieu pour la partie réhabilitée, qui englobe le service d’orthopédie. Deux autres bâtiments sont en voie d’achèvement, dont l’un doit accueillir le laboratoire de microchirurgie définitif (dont les plans nous ont été montrés).
Une pièce provisoire nous a été aménagée, répondant aux critères fixés. L’équipement était parfait, et nous avons pu installer en quelques minutes les 3 microscopes opératoires, le système de projection, le matériel de microchirurgie. Toute une série de documents pédagogiques en anglais ont été laissés.
Suivant nos instructions, 6 jeunes chirurgiens orthopédistes avaient été sélectionnés par le ministère de la Santé pour participer au stage d’initiation, 3 de Gaza et 3 de Khan Younis, les équipes étant appelées à se succéder, l’une le matin, l’autre l’après-midi.
La participation plus qu’active du médecin anesthésiste palestinien Nabil, a été déterminante.
Simultanément, et malgré la relative intensité des attaques israéliennes, un programme opératoire « habituel » a pu être mené à bien : 20 interventions, d’une durée de 1 à 5 heures, (17 patients opérés à Khan Younis, et trois Gaza).
La disponibilité, sans limites apparentes, de l’ensemble du personnel de bloc opératoire (8h 30 – 20h), y compris le vendredi, l’appui permanent de l’administration de l’hôpital pour régler les problèmes dans l’instant, tant au niveau du bloc que du laboratoire de microchirurgie, nous ont largement facilité la tâche.
L’assurance absolue nous a été donnée que les 6 candidats initiés à la microchirurgie auraient toutes les facilités pour continuer leur entraînement (une demi-journée par semaine) pendant les mois qui viennent. Ils devraient donc normalement être prêts pour passer avec succès l’examen diplômant de la Faculté Xavier Bichat, à la fin de l’année 2004.
BILAN
Continuité de l’activité chirurgicale habituelle sur les blessés de guerre en majorité.
Confirmation de l’acquisition par certains chirurgiens palestiniens de leur capacité à faire la plupart des interventions palliatives.
Confirmation du très bon « rodage » du personnel de bloc opératoire de Khan Younis
Confirmation de la possibilité et de la pertinence d’initier une formation à la microchirurgie avec des moyens très limités.
Confirmation du soutien total de l’administration de Khan Younis et du nouveau ministre de la Santé. A cet égard, les hôpitaux non universitaires qui nous reçoivent, sont en passe de devenir «universitaires ».
Christophe Oberlin