De manière pour le moment moins sanglante qu’il y a quinze jours, l’armée israélienne poursuit inexorablement la destruction des habitations palestiniennes dans la bande de Gaza, où plus de 40 édifices, de un ou plusieurs étages, ont été rasés par les bulldozers blindés au cours des derniers jours.
Ces crimes de guerre, qualifiés comme tels par l’ensemble des institutions internationales, ont laissé des centaines d’habitants supplémentaires de la ville de Rafah sans abri, dans l’indifférence générale des médias.
La presse israélienne, elle, préfère consacrer ses manchettes aux nouvelles manœuvres de la classe politique, et aux perspectives d’un nouveau PACS entre Sharon et le politicien « de gauche » Shimon Peres.
On a appris vendredi qu’Ariel Sharon va probablement se défaire de l’aile « ultra » de son gouvernement (l’emploi de ce terme est quelque peu comique, car il a pour effet de positionner ce même Sharon comme un « modéré »), à savoir les ministres des partis Union Nationale et Parti National Religieux qui refusent le « plan Gaza » promu par Sharon.
Le « plan Gaza » de Sharon consiste à annoncer l’évacuation, en 18 longs mois, des 7.000 colons juifs qui occupent la bande de Gaza, un territoire minuscule de 300 kilomètres carrés où s’entassent près d’un million et demi de Palestiniens. En échange, et après avoir reçu les félicitations des pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne), Sharon garde les mains libres, avec effet immédiat, pour continuer d’annexer et de dépecer la Cisjordanie (5.000 kilomètres carrés). Sans parler de Jérusalem-Est, où 6 maisons palestiniennes ont encore été détruites jeudi, privant leurs 70 habitants de domicile.
Mais ses collègues et concurrents d’Union Nationale et Parti National Religieux faisant de la surenchère, Sharon est désormais prêt à les licencier, à condition de trouver une majorité de rechange.
C’est apparemment chose faite : le président du Parti Travailliste (équivalent israélien du Parti Socialiste, dans la nomenclature traditionnelle), Shimon Peres, actuellement dans l’opposition, a fait savoir qu’il était prêt à venir à la rescousse de son vieux compère Sharon, et à former avec lui une nouvelle coalition gouvernementale !