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LE PARTI COMMUNISTE ET LE JOURNAL L’HUMANITE SE MOBILISENT POUR LA PALESTINE

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Le journal L’Humanité a consacré sa une, cette semaine, au sort du résistant palestinien Marwan Barghouti, tandis que la secrétaire nationale du Parti Communiste Français, Marie-George Buffet, effectue en ce moment-même une visite de solidarité dans les territoires palestiniens occupés. Elle y a rencontré Yasser Arafat, ainsi que les militants et personnalités, dont le député palestinien israélien Azmi Bishara, qui ont entamé une grève de la faim pour dénoncer le mur de l’annexion. A lire, ci-dessous, l’article consacré par l’Humanité (édition du 5 juillet) à la situation.


Israël
Marwan Barghouti, prisonnier symbole
Condamné le 24 mai dernier cinq fois à la prison à vie et assorti d’une peine de sûreté de quarante ans, le dirigeant du Fatah et député palestinien est le symbole de la lutte contre l’occupation mais aussi du dialogue et de la paix.
Un pays occupant se comporte ainsi : assassinats extrajudiciaires, prisonniers sans droit et tribunaux à la botte du pouvoir politique. La condamnation, le 24 mai (1), de Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah pour la Cisjordanie et député membre du Conseil législatif palestinien, à cinq peines de prison à vie, assorties d’une peine de sûreté de quarante ans, est l’application inique d’une loi non écrite, celle de l’occupation, celle du plus fort sur le plus faible, celle qui confond à dessein résistance et terrorisme. L’histoire du XXe siècle regorge d’exemples de ce type. Nelson Mandela n’était-il pas un terroriste aux yeux des tenants de l’apartheid, en Afrique du Sud ? Les combattants algériens qui luttaient pour l’indépendance n’étaient-ils pas des terroristes aux yeux de la France coloniale ?
« Ma liberté arrivera quand prendra fin l’occupation »
Ces pouvoirs oppresseurs se comportent toujours de la même façon et commettent les mêmes erreurs : condamner un militant progressiste et démocrate, c’est rendre hommage au combat de tout un peuple, c’est doper une lutte que tout le monde sait dure et sans merci.  » L’Intifada triomphera « , a clamé Barghouti en faisant le  » V  » de la victoire alors qu’il était emmené hors du tribunal. À son entrée dans la salle, avant qu’on ne lui ôte les menottes, il avait déclaré :  » Notre peuple triomphera et nous vaincrons l’occupation.  » Alors que le juge avait commencé la lecture de la sentence, il a demandé la parole.  » La poursuite de l’Intifada est la seule voie vers l’indépendance. Cette occupation est la pire occupation coloniale que l’humanité ait connue, mais elle se meurt et ils (les Israéliens) feraient mieux de se préparer à ses funérailles.  » Il a poursuivi :  » Peu importe combien seront tués ou arrêtés, ils ne briseront pas la détermination du peuple palestinien.  »  » Peu m’importe que je sois condamné à une peine de prison à vie, ou à dix ou cinquante peines, ma liberté arrivera quand prendra fin l’occupation, a-t-il ajouté, soutenir Marwan Barghouti, c’est soutenir la dignité et la justice. « 
Son épouse l’a vu une fois depuis son arrestation en 2002
Arrêté par l’armée israélienne le 15 avril 2002, à Ramallah (Cisjordanie), Marwan Barghouti a subi la torture, l’isolement, les mauvais traitements. Comme le soulignent ses avocats français, Gisèle Halimi et Daniel Voguet (lire les entretiens ci-après), cette arrestation s’est faite au mépris de toutes les règles internationales, bilatérales, et de l’immunité des parlementaires de par le monde. Autant de raisons pour lesquelles Marwan Barghouti n’a jamais reconnu la compétence du tribunal de Tel-Aviv pour le juger, celui-ci étant, selon lui, un tribunal  » d’occupation « . Saëb Erekat, ministre palestinien chargé des négociations, a estimé que  » la sentence prononcée contre lui est invalide et illégale, et cette cour israélienne n’a aucune compétence pour le condamner car il est un membre élu du Conseil législatif palestinien. Nous demandons à Israël de le relâcher immédiatement. « 
Chef du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, pour la Cisjordanie, et élu du parlement palestinien, Marwan Barghouti a été, dès le début de la deuxième Intifada, l’un des dirigeants de l’OLP le plus actif, le plus en phase avec la révolte d’une population qui avait cru aux accords d’Oslo mais ne voyait rien arriver. Pis, les conditions de vie devenaient toujours plus difficiles. Déjà très actif contre l’occupation dans les années quatre-vingt, notamment comme responsable des étudiants à l’université de Bir-Zeït, près de Ramallah, il avait  » goûté  » aux geôles israéliennes avant d’être expulsé en Tunisie en 1987. Revenu en Cisjordanie après les accords d’Oslo de 1993, dont il est alors un fervent partisan, il est élu membre du Conseil législatif lors du scrutin qui suit l’établissement de l’Autorité palestinienne. Toujours partisan d’une solution reposant sur la coexistence pacifique de deux États, israélien et palestinien, il s’est néanmoins élevé contre le blocage du processus de paix.  » Marwan est le symbole vivant de l’Intifada, et Israël a voulu, à travers lui, condamner cette Intifada « , disait, en larmes, sa femme Fadwa, qui n’a pu le voir qu’une fois depuis son arrestation en avril 2002.  » Ceux qui ont fait juger Barghouti seront jugés comme criminels de guerre. Un jour Israël se dotera d’un gouvernement qui demandera à négocier avec Barghouti au lieu de le maintenir derrière les barreaux « , a insisté le député arabe israélien de la Knesset, Mohamad Barakeh.
8 000 prisonniers politiques incarcérés
À travers Marwan Barghouti, c’est bien évidemment la question de l’ensemble des prisonniers politiques détenus en Israël qui est posée. Ils seraient près de 8 000 actuellement incarcérés.  » Ces trois dernières années ont été les plus dures pour les prisonniers depuis 1967 « , souligne Issa, responsable de l’association des prisonniers politiques palestiniens (www.ppsmo.org) dont le siège se trouve à Bethléem et que nous avons rencontré sur place.  » L’utilisation de la torture est systématique et, surtout, nous subissons des attitudes sadiques.  » Selon lui, la torture est surtout pratiquée dans les prisons d’El-Maskobyia (Jérusalem), Atzion (près de Bethléem) et Beer Sheva (où se trouve Marwan Barghouti).  » Non seulement ils torturent, non seulement ils enferment des jeunes de moins de dix-huit ans, mais en plus ils n’hésitent pas à arrêter nos mères ou nos sours pour obtenir plus d’informations « , insiste Issa. Surtout, Israël ne reconnaît pas le statut de prisonniers de guerre et encore moins de prisonniers politiques à ces militants incarcérés, certains depuis quinze ans. En vertu de quoi les gouvernements israéliens successifs estiment que les conventions de Genève ne s’appliquent pas aux territoires palestiniens. Issa évoque les arrestations collectives, après l’offensive israélienne de mars 2002, l’ouverture de camps près de Ramallah, Tulkarem, Naplouse,  » l’utilisation de chiens pour terrifier les gens « , les humiliations, les perquisitions. Nouvelle politique israélienne lorsqu’elle libère un prisonnier par anticipation : le déporter vers la bande de Gaza.  » Ils sont ainsi séparés de leurs familles qui se trouvent en Cisjordanie et celles-ci n’ont pas l’autorisation d’aller dans la bande de Gaza.
Sharon alimente la stratégie des islamistes
La libération de Marwan Barghouti et celle des prisonniers politiques signifieraient un pas vers le dialogue et la paix. Au lieu de cela, Sharon choisit la répression meurtrière, alimentant ainsi la stratégie des groupes islamistes. Ce n’est sans doute pas un hasard si Marwan Barghouti, l’un des dirigeants palestiniens les plus enclins au dialogue, est aujourd’hui enfermé. Ouvrir les portes de sa cellule, ce serait contribuer à ouvrir les portes de l’avenir pour les deux peuples, palestinien et israélien.
Pierre Barbancey
(1) Les députés communistes Francis Wurtz (Parlement européen) et Jean-Claude Lefort (Assemblée nationale) étaient présents à l’audience.
Une délégation du Parti communiste français conduite par Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, se rendra du 6 au 9 juillet en Israël et Palestine. Elle aura des entretiens avec Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne, ainsi qu’avec des représentant(e) s de forces politiques et de la société civile palestinienne. En Israël, sont prévues des rencontres avec l’ensemble des forces de la gauche et du camp de la paix.

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