Alors même que l’armée israélienne a battu un macabre record, jeudi, en tuant 32 Palestiniens (dont au moins la moitié d’enfants et adolescents) dans la bande de Gaza, les dirigeants américains, tant George Bush que son concurrent John Kerry, se sont mis d’accord pour être silencieux sur le sujet, au cours de leur premier duel oratoire à la télévision.
L’armée israélienne s’est ainsi lancée depuis mercredi dans une agression de grande envergure contre les camps de réfugiés du nord de la bande de Gaza, ceux de Jabalyah et Beit Hanoun en particulier.
Déployant des moyens à la hauteur d’une guerre conventionnelle (plus de 100 tanks, avions, hélicoptères, et des centaines de véhicules blindés), l’armée israélienne tire au canon dans les venelles des camps.
Le prétexte invoqué pour cette escalade du terrorisme d’Etat -répliquer aux tirs de roquettes artisanales palestiniennes depuis la bande de Gaza, qui sont parvenus à tuer deux petits garçons dans la ville israélienne de Sderot, légèrement au nord-est de la bande de Gaza- ne tient pas la route une seconde, et Sharon le sait parfaitement.
Quand bien même l’armée israélienne obtiendrait -par le massacre de centaines de Palestiniens supplémentaires, combattants, femmes et enfants confondus- un éphémère succès militaire pour ce qui est des tirs de roquettes, le cancer de la présence de colons lourdement protégés par l’armée à l’intérieur même de la bande resterait entier. Tout comme la détermination de la population palestinienne à résister à l’occupant : sur les 5 morts israéliens depuis mercredi, on compte en effet, outre les deux petits enfants de Sderot, deux militaires en service à Gaza, et une femme abattue par un sniper palestinien à l’intérieur de sa colonie dans la bande de Gaza.
Le gouvernement israélien reste fidèle à la seule politique qu’il connaisse depuis toujours : « quand la force ne suffit pas, il faut employer plus de force encore ».
Cette politique conduit au génocide du peuple palestinien, et à la dégénérescence du peuple israélien.
Mais pendant ce temps, le monde dit « démocratique », se tait. John Kerry et George Bush, qui font assaut de rivalité pour savoir lequel des deux sera le plus favorable à Israël, n’en ont pas dit un mot jeudi lors de leur duel télévisé. Ils ont bien mérité l’un et l’autre d’Ariel Sharon, tout comme leurs collègues, en France et ailleurs, qui se taisent aussi honteusement.