En trois semaines, l’hebdomadaire Politis a trouvé moyen de publier deux longs articles attaquant Euro-Palestine et CAPJPO. Pas plus le premier, que le second, qui nous taxent d’antisémitisme et de communautarisme, ne s’appuient sur le moindre fondement. Mais une telle énergie déployée par des gens qui prétendent défendre la cause palestinienne avec les mêmes arguments que les lobbies pro-israéliens, sans jamais proposer la moindre action susceptible de mobiliser l’opinion publique en faveur de la défense du droit et de la justice en Palestine, a de toute évidence pour objectif de dégoûter un maximum de personnes de rejoindre ce combat.
Nous publions ci-dessous une réaction de Fath Meziane, candidat Euro-Palestine, face à ces attaques.
Résister, c’est d’abord, et tout simplement, ne pas céder, même si la situation est compromise, même si la posture est mauvaise, même si l’on est acculé à une position de faiblesse ou d’impuissance peut être passagère.
De Daniel Bensaïd, extrait du livre de M. Warschawski « Sur la frontière ».
Vendredi soir, 12 novembre 2004, je viens de rentrer chez moi, après un rassemblement aux bougies, place Jean Jaurès à Tours, à la mémoire de Yasser Arafat. Un peu déçu par la faible participation. Toute la presse locale était présente, seuls manquaient les militants et les sympathisants. Comme tous les vendredi, j’ouvre Politis auquel je suis abonné, je parcours le sommaire, je constate qu’une nouvelle fois, ce magazine que j’appréciais énormément, se fait le relais de la campagne de lynchage et de diffamation dirigée contre les militants de la CAPJPO et d’Euro-Palestine.
Une grande tristesse m’a envahi après avoir lu le texte de M. Warschawski. Un peu comme quand un ami que vous aimiez beaucoup vous trahit ou vous accuse injustement du pire des crimes. J’avoue ne pas comprendre que cet homme puisse se salir les mains en joignant sa voix aux amis de Sharon et à tous ceux qui veulent à tout prix la peau d’Euro-Palestine et de la CAPJPO. Manipulations, désinformations ou naïveté, je refuse de croire que l’homme « sur la frontière », tombe lui aussi dans ces marécages qui font le lit de la propagande sioniste en France.
Dans ce texte, M. Warschawski pose trois conditions qui sont la base de la coopération entre les mouvements de solidarité avec les Palestiniens, et qui selon lui ne sont pas respectées par la CAPJPO et Euro-Palestine. Ce qui justifierait, donc la fatwa de l’exclusion prononcée par des “ militants de longue date” qui se sont octroyés le monopole de la solidarité avec la cause palestinienne.
Le problème est que les accusations de M. W. ne reposent que sur des affirmations. Le procédé ressemble étrangement et tristement à ceux qui sont développés par les défenseurs de Sharon en France, il obéit à une règle qui a montré son efficacité dans le passé et dans le très présent : la répétition de la même affirmation tout le temps et partout devient finalement une vérité qui n’a nullement besoin de démonstration.
M. W. parle du refus de la direction de la CAPJPO de faire le ménage dans ses rangs, sous entendu qu’il y aurait où il y aurait eu des antisémites dans cette organisation. En tant que membre du CA de la CAPJPO, je le défie de me donner le nom ne serait ce que d’une seule personne ayant eu des propos racistes ou antisémites et qui fait partie de notre organisation.
Faire peser le soupçon de l’antisémitisme sur les dirigeants de la CAPJPO dont certains sont juifs est très grave. On connaissait le concept du « Juif honteux » inventé par les sionistes parisiens pour discréditer les juifs français qui s’opposent à la politique de Sharon, on vient de découvrir celui du « juif antisémite » qui instrumentalise la solidarité avec les Palestiniens ! Il y a de quoi déboussoler tous les sympathisants de la cause palestinienne. Pas étonnant alors de constater que les manifestations de solidarité avec les Palestiniens, surtout celles organisées par le Collectif National Palestine, attirent de mois en moins de monde.
Les résultats de la liste Euro-Palestine et notamment, le large succès qu’elle a rencontré dans les banlieues, lui ont attiré toutes sortes de critiques et d’attaques ignobles (N’en déplaise à certains, même les chômeurs ont voté Euro-Palestine). Entre ceux qui accusent les animateurs de la liste d’être des sionistes vendus à Israël, et ceux qui les accusent d’être des antisémites, Euro-Palestine et la CAPJPO ont su tenir une ligne de conduite claire, irréprochable et sans concessions, ce qui sans doute énerve et agace pas seulement les amis de Sharon en France, mais aussi ceux qui se sont érigés en seuls porte parole légitime de la solidarité avec les Palestiniens.
Il n’est pas étonnant dans ces conditions que ces derniers après avoir eu recours à toutes sortes de calomnies contre Euro-Palestine et la CAPJPO empruntent aux extrémistes sionistes les mêmes armes, à savoir la diffamation suprême, celle de l’antisémitisme et ceci sans apporter aucune preuve sauf celles de liens supposés avec des personnes ayant des liens avec des gens ayant eux même des liens avec des supposés antisémites. Euro-Palestine n’a jamais nié l’existence d’un antisémitisme en France, mais elle a toujours dénoncé la manipulation et son instrumentalisation au service de la politique d’Israël. Elle a toujours dénoncé les dérapages antisémites sans aucune ambiguïté et contrairement à ce qu’écrit M. W., sans attendre l’article de R. Kissous, truffé de mensonges. (La CAPJPO et Euro-Palestine ont dénoncé, le lendemain de l’émission de France 2 les déclarations de A. Soral qui n’est pas membre de ces organisations. Elles avaient aussi conseillé à leurs militants de ne pas acheter ou lire le livre d’Israël Shamir dont l’antisémitisme ne fait aucun doute, ce qu’il leur a valu d’être qulifiées d' »agence de propagande israélienne »).
Quant à l’autre accusation destinée à marginaliser Euro- Palestine, elle concerne Me Leïla Shahid, érigée en icône dont la moindre critique serait interdite. En France, on peut critiquer le Pape, le Président de la République, mais dire que Madame Shahid a tort quand elle introduit une symétrie dans le conflit en appelant les militants a être solidaire à la fois d’Israël et de la Palestine, dire ceci est considéré comme un sacrilège, dont il faut punir les coupables en les excluant de la communauté des biens pensants.
Euro-Palestine et la CAPJPO ne se sont jamais substitué aux Palestiniens et à leurs institutions légitimes, au contraire elles les ont toujours défendues. Mais cela n’implique pas que l’on doive prendre ses ordres à la Délégation Palestinienne. Ne pas avoir retiré notre liste de la campagne des Européennes, comme le demandait Leïla Shahid, est cela que qualifie M. W. d’attitude inadmissible ?
Il est clair que le mouvement de solidarité en France, né le lendemain du déclenchement de l’Intifada palestinienne, il y a quatre ans, vit une grave crise actuellement. Après avoir connu son apogée durant le printemps 2002, ce mouvement très hétéroclite s’est retrouvé face à une campagne de dénigrement et de déstabilisation menée par les supporters de Sharon en France.
Face à la pression et au chantage à l’antisémitisme, le mouvement se fissure et se replie petit à petit sur lui-même. Ainsi, le « Collectif National Palestine », qui regroupe une multitude d’associations, d’organisations nationales et de partis politiques, se retrouve paralysé par les contradictions et les rivalités de ces principaux animateurs. Les actions menées par le dit collectif restent quasiment confidentielles. Rencontrant un faible écho, elles peinent à rassembler et à mobiliser les Français.
Ce qui devait faire réfléchir ceux qui se disent militants de la première heure de la cause palestinienne, s’est traduit par une volonté quasi hystérique de s’opposer à toute action qui se fait en dehors du dit Collectif National. Certains se sont octroyés le monopole de la solidarité avec la Palestine, refusant à ceux qui ne s’avouent pas vaincus, le droit de continuer le combat pour la cause de la paix au Proche-Orient, alors que paradoxalement la situation des Palestiniens est bien pire qu’il y a deux ans, et que ni l’ONU, ni les puissances occidentales et notamment l’Europe, ne montrent une réelle volonté pour faire respecter le droit international dans cette partie du monde.
C’est dans ce contexte, qu’est née l’idée d’Euro-Palestine. Conscients que la paix dans le monde se joue actuellement au Proche-Orient, les militants de CAPJPO se sont engagés dans la bataille des Européennes pour demander à leurs dirigeants, d’assumer leurs responsabilités, en faisant respecter les résolutions de l’ONU et les conventions de Genève en Palestine. Contrairement à ce qu’affirme ces détracteurs, La profession de foi des candidats d’Euro-Palestine exigeait clairement une solution dans le cadre des résolutions de l’ONU.
Pour la première fois, six millions de foyer d’une des plus grande régions en Europe, ont reçu une profession de foi, où les candidats ne font pas de promesses, mais informe les citoyens sur la situation intolérable de l’occupation israélienne, et leur offre la possibilité d’agir en votant pour cette liste, afin d’interpeller leurs dirigeants sur leur silence et leur impuissance.
Mais de quel communautarisme nous parle-t-on quand des candidats de toutes origines et de toutes religions, laïques ou croyants se présentent aux citoyens pour leur dire que la paix au Proche-Orient et dans le monde n’est pas l’affaire seulement des musulmans et des arabes, mais qu’elle concerne tous les citoyens quellle que soit leur origine ?
Cette liste avait seulement pour objectif de dire que ce conflit est important et que le silence est inacceptable. En ce sens, comme l’écrivait Denis Sieffert dans son éditorial du 24 juin 2004, la liste nous a délivré un message universel.
Aujourd’hui, il est légitime de se poser la question, pourquoi veut-on à tout prix discréditer Euro-Palestine et la CAPJPO ? Quels intérêts défendent ceux qui se disent militants de longue date quand ils accusent ces deux organisations d’antisémitisme ?
Ce qui est clair en tout cas, c’est que les attaques contre Euro-Palestine et la CAPJPO, ne font en réalité que le jeu des extrémistes sionistes qui veulent faire taire toutes manifestations en faveur des Palestiniens, pour que ne soit entendue que leur seul son de cloche. On peut être d’accord ou pas avec la liste Euro-Palestine, mais on ne peut nous reprocher la sincérité de notre combat, et notre refus d’abandonner la Palestine ou d’abdiquer face aux intimidations, au chantage et à la calomnie.
Fath Allah MEZIANE
Membre du CA de la CAPJPO
Membre fondateur d’Euro-Palestine
