Notre ami Jean Baumgarten nous annonce la récente parution de son ouvrage intitulé « En finir avec le sionisme ». Voici un extrait de l’introduction du livre, par l’auteur (les détails pour acheter «En finir avec le sionisme » sont indiqués à la fin du présent article).
— – Introduction —
Lorsque j’avais 10 ans, en octobre 1942, je franchis seul la ligne de démarcation avec l’aide d’un paysan du sud-ouest (près de Dax) et je rejoignis mon père qui se trouvait à Grenoble, dans une zone occupée par l’ armée italienne, moins féroce que l’armée allemande. J’adhérai aux Eclaireurs israélites, vers octobre 1942… : nous étions dans une semi-clandestinité. Un an plus tard, en septembre 1943, l’armée allemande supplanta l’armée italienne, et ce fut l’horreur : toute une série de camarades, à commencer par mon chef de patrouille (il s’appelait Kestenberg, mais nous l’appelions par son nom de totem -Biquette-) furent arrêtés et déportés.
L’UGIF (l’Union Générale des Israélites de France), qui avait pignon sur rue (son siège officiel se trouvait sur la célèbre place Grenette) fut décapitée, et ses fichiers récupérés par la Milice. Ma mère était venue nous rejoindre en ayant réussi à fuir Paris, et nous ne dûmes qu’au courage de nos voisins (qui déclarèrent ignorer notre existence) de ne pas être arrêtés. Notre chef de troupe, Ourson (je ne me souviens plus du tout de son nom) qui était en réalité agent de liaison dans le maquis du Vercors, fut blessé au cours d’une opération puis achevé par les miliciens dans l’hôpital où il avait été accueilli.
Il y avait dans notre troupe des cadres sionistes « haut placés » : je me souviens de l’un d’entre eux qui avait le surnom de « Choucas » ( il avait environ trente ans) et que nous revîmes jusqu’en 1946 ou 1947 à Paris, avant son départ en Palestine ( avant la constitution de l’Etat israélien.) Nous chantions la « Hatikva » (l’espoir), devenue après le 15 mai 1948 l’hymne national israélien, et nous dansions la Hora sur l’air des « joyeux enfants de la Bourgogne » ! L’UGIF en zone non occupée par l’armée allemande était parfaitement noyautée par les milieux sionistes.
Les arrestations nombreuses au sein de la troupe, furent liées au fait que les Sionistes étaient obsédés par une seule idée: avoir de l’influence sur les jeunes Juifs qui étaient là, et faire de la propagande pour peupler la Palestine… Aujourd’hui me revient ce nom de «Trumpeldor » qui était le nom officiel de notre troupe. Comme par hasard c’ était le nom d’un célèbre combattant sioniste mort en 1929, nom repris par le BETAR, organisation de jeunesse d’extrême droite (fondée précisément en 1929) que l’on trouve dans de nombreux pays dont la France, et qui est chargée des basses besognes du gouvernement israélien dans la jeunesse.
Le mouvement des Eclaireurs Israélites, semi-clandestin, dont je faisais partie, était donc infiltré par l’organisation sioniste, et il faut se souvenir que c’était la principale vocation à sa création au milieu des années trente. Après septembre 1943, c’est-à-dire après les arrestations massives entreprises par la milice appuyée sur la Gestapo, tout s’écroula… J’adhérai alors aux Eclaireurs de France à Grenoble. Remontant à Paris après la Libération, je rejoignis dans mon quartier la troupe du Moulin-Vert où je devins chef de patrouille et où je restai jusqu’au début de l’été 1947. Je rejoignis immédiatement après le Mouvement Laïque des Auberges de la Jeunesse, dans lequel je fus gagné par les idées du trotskisme : je devins très vite anti-sioniste, avant et après la création de l’Etat d’Israël, ce que je suis resté depuis.
Durant quarante ans je ne fus pas particulièrement préoccupé par le conflit israélo-palestinien : en tous cas pas plus que par la critique des gouvernements de droite ou de gauche dans le monde. Il me semblait au début que l’Etat israélien, au fil des temps, deviendrait un Etat comme un autre, avec ses problèmes, la différenciation sociale aidant, la lutte des classes reprendrait son cours normal : c’était en réalité oublier les caractéristiques essentielles de cet Etat ! Et puis il y a plus d’une dizaine d’années, il apparaissait que les négociations secrètes d’Oslo aboutissant, on se dirigeait vers une paix (relativement) juste pour les Palestiniens.
Hélas, depuis, très vite tout a capoté. Le 25 février 1994 un jeune Israélien d’extrême – droite, venant des Etats-Unis, Baruch Goldstein (on dirait aujourd’hui un «Sharognard »), a froidement assassiné une trentaine de Palestiniens au sein du caveau des Patriarches, à Hébron. Il n’était visiblement pas seul, mais lui seul a été condamné. ( Dans une colonie proche d’Hébron on peut voir aujourd’hui encore des slogans à sa mémoire !) Puis Itzhac Rabin a été assassiné le 5 novembre 1995, 6 semaines après la signature des accords d’Oslo, par un autre forcené d’extrême-droite , aux applaudissements de ses pairs et, depuis, insensiblement, la situation des Palestiniens (et aussi celle des Israéliens) se dégrade, et tourne à la catastrophe Quand je vois aujourd’hui des jeunes Juifs fanatisés par leurs mentors se conduire comme des gestapistes, comme des miliciens, je vois rouge et j’ai envie moi aussi de jeter ma pierre sur ces jeunes crétins fanatisés.
Je n’ai malheureusement plus l’âge de me battre physiquement comme dans ma jeunesse où, à la Faculté de Droit de Paris, nous affrontions un certain Le Pen qui était le Président (par urnes bourrées) de la « Corpo » de Droit… J’ai donc décidé d’écrire ce petit livre où j’expose l’essentiel de mes réflexions sur ce qu’on appelle « le conflit israélo-palestinien. » Je vais reprendre l’essentiel des arguments qui mènent à un jugement négatif sur l’Etat d’Israël, sa nature, sa fonction, son rôle, ainsi que sur l’ action à mener sur le plan national et international pour contrer sa politique malfaisante. Je ne ferai pas de différence fondamentale, au niveau des principes, entre le Sionisme de droite et le Sionisme de gauche qui tous les deux ont en commun: le rejet de l’autre, c’est-à-dire de l’Arabe.
Il est vrai que d’un côté (le Sionisme de droite) la méthode est brutale, répressive, et se rapproche étrangement des techniques nazies, mais de l’ autre (le Sionisme dit « de gauche ») la méthode est plus insidieuse, plus lente, moins brutale en apparence, mais conduit indirectement aux mêmes résultats (par la logique de l’alternance, son inéluctabilité), c’est-à-dire à l’impasse, à la situation inextricable, à la catastrophe. Je demeure toujours, comme il y a plus de cinquante ans, un antisioniste convaincu, et je pense que ce qui est en question dans l’Etat israélien, c’ est la notion même d’Etat juif, conçu par et pour des Juifs, et par conséquent mon anti-sionisme ne débouche pas sur la « destruction de l’Etat d’Israël » mais sur la destruction de l’Etat juif, de l’Etat hébraïque, colonial, et son remplacement par un Etat laïque, où chaque citoyen aurait exactement les mêmes droits et les mêmes devoirs, et où chacun pourrait avoir, dans la sphère privée, des croyances d
ifférentes allant de l’athéisme radical au Judaïsme, du Christianisme à l’Islamisme….
Il se trouve que cet anti-sionisme est opposé à la conception de l’Etat juif ! En attendant la création dans la Palestine entière d’un Etat fédéral (appelons le de cette manière pour commencer) et laïque, je suis aujourd’hui partisan de la constitution d’un véritable Etat palestinien, viable, qui soit conforme aux frontières de 1967, et qui ne fonctionne pas comme fournisseur de main-d’œuvre à bon marché pour l’Etat israélien. Mais un tel Etat, en raison des mesures racistes et coloniales prises depuis la fin de l’année 1995 et atrocement amplifiées depuis le règne de l’ hitlérien Sharon, demandera pour sa constitution des efforts politiques colossaux et des efforts financiers importants…
Je traiterai en conclusion de cet anti-antisémitisme systématiquement utilisé par les milieux sionistes pour donner mauvaise conscience à tous ceux qui critiquent la politique israélienne, et qui, comme toujours, se manifeste avec la violence et l’outrecuidance que l’on sait et sert d’alibi pour pousser certains Juifs à émigrer en Israël. Je n’aime pas spécialement de Gaulle (notamment celui du coup d’Etat du 13 mai 1958), mais je dois reconnaître qu’en juin 1967, où la France refusa d’aider plus avant le gouvernement israélien, je trouvai « intelligent » son discours sur « le peuple sûr de lui et dominateur » en réponse à Golda Meir, Première Ministre israélienne venue en France.
Faut-il s’étonner que la droite actuelle, (cf. l’interview donnée par François Léotard récemment à un journal israélien) (2), juge aujourd’hui « déplacés » les propos du Président de la République d’il y a 37 ans ! Il est évident que la droite française ne peut que conforter le Sionisme dans sa politique d’oppression, d’exploitation et de mort. Tout comme autrefois l’ Etat israélien soutenant l’opération de Suez (en octobre 1956), ainsi que le colonialisme français en Algérie, puis enfin l’OAS, ce qui bien entendu a laissé des traces aujourd’hui sur la position de l’extrême droite en France ( dont il convient de souligner qu’une bonne partie, soutient aujourd’hui le Sionisme !).
Je terminerai en saluant le courage des «Refuzniks» israéliens qui montrent clairement la voie à suivre, et en appelant (encore et toujours !) à la pression indispensable (malgré la lâcheté des grands pays comme la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, et des pays dirigés par une clique de droite comme l’Italie), en n’oubliant pas bien sûr les Etats-Unis qui portent la plus grande responsabilité du soutien sans faille, de cet Etat Israélien, raciste et colonial.
Cette pression ne pourra se manifester que s’il existe dans chaque pays, un fort mouvement populaire pour la paix au Proche Orient, pour la reconnaissance de l’ Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, avec bien sûr le dépeuplement nécessaire de toutes les colonies juives, et qui devra s’accompagner de la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens (ou de leur dédommagement… ) et de l’arrêt du droit au retour des Juifs en Israël, avec en corollaire, l’instauration d’une véritable Constitution, laïque, équitable, universelle, qui s’applique aussi bien aux citoyens d’origine juive qu’aux citoyens d’origine arabe, ou autres…
POUR OBTENIR CE LIVRE :
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A : JEAN BAUMGARTEN
B.P. 17 – GOULT 84 220