Les deux militants de Palestine 33, maltraités par la police (garde à vue prolongée, menottes, perquisitions, etc.) pour avoir apposé des autocollants « Made in Israël – Apartheid – Boycott » dans un supermarché de Bordeaux, ont été condamnés vendredi à 300 euros d’amende par le tribunal correctionnel de la ville.
Sur instructions du ministère de l’Intérieur, Sakina Arnaud et Philippe Destandeau avaient fait l’objet d’un traitement extravagant, en octobre dernier, après leur interpellation dans un supermarché Champion de la ville. Déclarant à nos camarades qu’ils agissaient « dans le cadre de la répression de l’antisémitisme », les pandores avaient notamment fouillé le domicile de Sakina Arnaud, aide-maternelle de profession, à la recherche d’exemplaires de … Mein Kampf !
Au bout de 48 heures, le parquet, conscient du ridicule dans lequel il risquait de s’enfoncer, s’était rabattu sur une mise en cause plus triviale, celle de « dégradation de biens », elle-même ridiculisée lors du procès, en février dernier, lorsqu’un avocat de la défense avait montré à l’audience que les autocollants en question s’enlevaient de n’importe quelle surface aussi facilement qu’on les y avait mis). Dans son jugement, le tribunal de Bordeaux admet d’ailleurs qu’il avait été trop ambitieux dans sa volonté répressive, et requalifie le collage de « dégradation légère ».
Cela n’avait pas empêché la direction du supermarché, sur suggestion de la police judiciaire, de produire des factures fantaisistes de 6.500 euros de « dégâts » provoqués par le collage. Mais Champion vient d’être débouté de ses demandes.
Assumant sa démarche militante, comme elle l’avait fait le mois dernier à l’audience, Sakina Arnaud, qui était accompagnée vendredi par plusieurs dizaines de militants d’associations oeuvrant pour la solidarité avec le peuple palestinien, arborait le populaire autocollant « Je refuse qu’on me traite d’antisémite parce que je dis non à l’occupation de la Palestine ».
« J’ai fait le même type d’action il y a 20 ans pour dénoncer la situation en Afrique du Sud ou en Chine », a ajouté la militante, précisant qu’elle ressentait « beaucoup de colère et d’injustice » dans cette affaire.
La tentative d’intimidation des défenseurs des droits du peuple palestinien, au moyen, une fois de plus, de cette arme pourrie qu’est le chantage à l’antisémitisme, a donc largement échoué. Qui plus est, ce jugement confirme qu’il est non seulement légitime, mais légal, d’appeler au boycott des produits fabriqués en Israël, tant que ce pays ne respectera les droits les plus élémentaires du peuple palestinien.
Les deux condamnés et leurs avocats n’avaient pas encore indiqué, quelques heures après ce jugement, s’ils estimaient néanmoins nécessaire de faire appel.