Nous reproduisons ci-dessous une série de documents recueillis par le collectif Palestine de Toulouse, dans le cadre de la protestation contre le scandaleux congrès « La place de l’enfant dans l’espace du conflit », opération de propagande israélienne consistant à nier purement et simplement la tragédie des enfants palestiniens victimes du conflit. CAPJPO – Euro-Palestine soutient la mobilisation contre cet événement scandaleux, et participe pleinement à celle-ci. Voici maintenant le Bulletin spécial édité par les militants de Toulouse sur le sujet.
Ce bulletin est l’occasion d’élever une grosse protestation contre le congrès « La place de l’enfant dans l’espace du conflit », prévu pour les 21/23 mars, parrainé par le ministère des affaires étrangères d’Israël, mais aussi par la mairie de Toulouse et les ministères de Douste Blazy et de Nicole Guedj. Le programme [1] est clair : il sera surtout question du ‘conflit’ israélo-palestinien et dans ce conflit exclusivement des victimes israéliennes. Les centaines d’enfants Palestiniens tués, souvant de sang froid, les centaines d’enfants prisonniers, les milliers de blessés, les centaines de milliers d’enfants vivant dans la violence et la misère de l’occupation militaire sont purement et simplement ignorés, occultés. Cette sorte de négationnisme est scandaleux mais pas surprenant venant d’Israel, il est intolérable que des instances françaises s’y associent. Nous publions les premières réactions. Nous appelons toutes les personnes qui rejettent la politique coloniale israélienne, ou simplement éprises d’équité, à protester contre les organisateurs de cette rencontre, qui devrait être purement et simplement annulée.
SOMMAIRE
[1] Programme du « congres international » La place de l’enfant dans l’espace du conflit.
[2] Lettre du Dr Iyad Sarraj (Gaza) et de Rita Giacaman (Bir Zeit) au ministre Douste Blazy.
[3] Lettre du BRICUP au ministre Douste Blazy
[4] Appel de l’Association France Palestine Solidarite : PROTESTEZ !
[5] Lettre-pétition du groupe communiste et citoyen de Toulouse
[6] Protestation de l’Association des Palestiniens en France au ministre Douste Blazy
[7] Lettre ouverte à un Prix Nobel de la Paix
[8] Condamnation commune palestino-israélienne du traitement des enfants détenus en Israël
[9] Israël face au tarrorisme : « Bibi,qu’as-tu fait ? » par Nourit Peled-Elhanan
[10] A propos de…
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[1] Programme de « La place de l’enfant dans l’espace du conflit »
www.iutcolmar.uha.fr/internet/recherche/Jcerdacc.nsf/0/c3117af3fc9788c3c1256f7f0054659d?OpenDocument
(présentation abrégée)
Centre de congrès Pierre Baudis, 21/23 mars, Toulouse
Sous le parrainage du Ministère de la Santé, du Secrétariat d’État aux Victimes, De la Mairie de Toulouse et du Ministère des Affaires Etrangères Israélien.
Lundi 21 mars 2005
Discours d’Ouverture de M. Ph. DOUSTE-BLAZY, Ministre de la santé,
Et de Mme Nicole GUEDJ, Secrétaire d’État aux victimes.
Communications :
« La violence » Pr Y. GAMPEL (Tel-Aviv)
« Ethique, psychanalyse et victimologie de l’enfant » : Dr J. HATTAB (Jérusalem)
« La reconnaissance de la victime instrumentalisation ou restauration » : Pr R. CARIO (Pau)
« L’enfant bouc émissaire : tradition ou nécessité » : Pr S. TYANO (Tel-Aviv)
« Les nouvelles victimes de l’antisémitisme » : Mr E. GHOZLAN (OSE France)
« Blessés de la catastrophe industrielle de Toulouse : symptômes psychotraumatiques 6 mois après » : Pr Ph. BIRMES et al. (Toulouse)
« Les enfants et leurs familles face à la catastrophe de Toulouse » : Pr J.Ph RAYNAUD et al. (Toulouse).
« Enfants victimes d’attentats en Espagne : terrorisme Basque / Le 11 Mars à Madrid » : Madame D. SABAH (Madrid), Dr K. ROSENFELD (Madrid)
« Le trauma transgénérationnel en Israël » : Pr Y.GAMPEL (Tel-Aviv)
« Génocide des enfants arméniens dans l’Empire Ottoman de 1915, impact sur les survivants » : Dr P. KIEUSSEIAN (Paris)
Mardi 22 mars 2005
Intervention de l’Ambassadeur d’Israël en France M. Nissi Zvili
Présentation par le Dr MY DOUSTE-BLAZY
Communications :
« L’enfant victime dans le monde » : Pr I. WALLER (Ottawa/Pdt World Society of Victimology).
Discutant Dr R. ISRAËL (Tel-Aviv)
« Réflexions éthiques » : Pr Ch. HERVE (Paris)
« Quelle place pour la victime dans la couverture médiatique du terrorisme ? »: Madame P. ZONSZAIN (Jérusalem)
« Media et éthique » (ndlr : l’intervention d’Alain Finkelkraut n’est pas confirmée)
« Le SAMU Social International et les victimes de la précarité dans le monde » : Dr X. EMMANUELLI (Paris) (1)
« Psychopathologie de la précarité et trauma » : Dr S. ZUCCA (Paris)
« Les Cellules d’Urgence Médico-Psychologiques (CUMP), exemples d’interventions pour des enfants pris dans le conflit de Côte d’Ivoire » : Dr D. CREMNITER (Paris)
« Intérêt des Urgences Médico-Judiciaires Pédiatriques » : Dr JP BENAIS (Paris).
« Les enfants dans les attentats » : Dr F. BENARROCH (Jérusalem)
« La parole des enfants »: Dr G. LOPEZ (Paris)
Mercredi 23 mars 2005
Introduction par le Dr I. KADMAN (Président de la Commission Nationale des Droits de l’Enfant en Israël), « Les Droits de l’Enfant »
Communications :
« Enfants cachés – situations passées, présentes et futures » : Dr BI FELDMAN (Tel-Aviv)
« Les trauma de la petite enfance » : Dr M.KEREN (Tel-Aviv)
« Le suivi du traumatisme chez des enfants victimes d’attentats-suicide » : Dr A.LEOR (Tel Aviv)
« Recherches israéliennes en Victimologie » : Pr Z. SOLOMON (Tel-Aviv).
« Enquête et réflexion sur les attentats contre les civils israéliens » : Dr J. MAMOU (Paris ; ancien Pdt de Médecins du Monde)
Clinique d’une comorbidité sous-estimée G. VILA (Paris)
Traitements pharmacologiques des troubles du comportement : Pr S. TYANO (Tel-Aviv)
Allocution de Madame Simone VEIL, ancien Ministre de la Santé,
« Victimes du terrorisme : le passé, le futur… » : Dr E. PICARD (Jérusalem)
« Essai sur le pardon » : Conférence du Pr Elie WIESEL (Prix Nobel de la Paix)
Conclusions (Pr J Ph RAYNAUD, Pr S.TYANO et Dr G. VILA).
(1) Xavier Emmanuelli a indiqué qu’il ne participera pas à cette rencontre
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[2] Lettre du Dr Iyad Sarraj (Gaza) et de Rita Giacaman (Bir Zeit)
1 mars 2005
M. Philippe DOUSTE-BLAZY
Ministre de la santé
8, Avenue de Ségur
75007 PARIS
Monsieur Le Ministre,
Nous venons d’apprendre que le Ministère de la Santé française, le Secrétariat d’Etat aux Victimes et le Ministère des Affaires Etrangères d’Israël organisent à Toulouse du 21 au 23 mars un congrès international au sujet de « La place de l enfant dans l espace du conflit ».
Nous sommes aussi bien choqués qu’inquiets que le gouvernement français soutiendrait un tel congrès avec le Ministère des Affaires Etrangères d’Israël lorsque ce même gouvernement est accusé de graves atteintes aux droits de l homme des palestiniens, jeunes et adultes, ainsi que de multiples violations des articles des Conventions de Genève.
Le programme du congrès révèle que le but du congrès est de mettre en relief la souffrance des enfants israëliens, en passant sous silence tous les enfants souffrants des effets de la guerre et de conflit, ainsi que le contexte et les raisons de leur souffrance. Au nom de la science et la medecine, le congrès ne représente qu une exercise de propagande en soutien de ceux qui infligent une violence quotidienne aux enfants, leurs familles, et leurs communautés dans les territoires occupées palestiniennes. Ainsi le gouvernement français et la mairie de Toulouse apportent une caution à un congrès dit medico-scientifique qui est en effet structuré de façon injuste et biaisé sans mention de qui est l’occupant et l’occupé. Ceci est vrai à un tel point que ce congrès pourrait laisser comprendre que les palestiniens occupent la terre d’Israël et forment ainsi la cause majeure de la violence dans la région. Ce congrès exclut de toute mention la source fondementale de la mort, des blessures, et de la souffrance des enfants des deux bords du conflit, néanmoins une souffrance inégale, c’est-à-dire, l’occupation militaire israëlienne des terres palestiniennes.
Ceci étant, nous vous communiquons notre refus d’une telle manipulation de la souffrance des victimes. Au nom de la justice, de la raison et de l’ethique de la science, nous vous prions d’annuler ce congrès.
Dr. Iyad Sarraj,
Directeur,
Programme de santé mentale de la communauté de Gaza
Territoires occupés palestiniens
Dr. Rita Giacaman
Professeur et Coordinateur du Programme de Recherche
Institut de Santé publique et sociale
Université de Birzeit
Territoires occupés palestiniens
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[3] Lettre du BRICUP à Philippe Douste Blazy
7 mars 2005
http://www.bricup.org.uk/
[BRICUP : British Committee for Universities of Palestine]
M. Philippe DOUSTE-BLAZY
Ministre de la santé
8, Avenue de Ségur
75007 PARIS 7th Mars 2005
Monsieur Le Ministre,
Nous vous adressons en tant que chercheurs et scientifiques pour vous prier d’annuler le congrès international annoncé sous le titre « La place de l’enfant dans l’espace du conflit » qui doit se derouler à Toulouse le 21-23 de ce mois car ce congrès exclut toute référence à la souffrance des enfants palestiniens et ne reconnait que la souffrance des enfants israëliens.
Cette structure biaisée se présente comme relevant ni de la science ni de la medecine mais de la propagande israëlienne. Par ailleurs, étant donné qu’Israël est en contravention de plusieurs résolutions de l’ONU, il parait peu propice que le le Ministère de la Santé française collabore avec Ministère des Affaires Etrangères d’Israël dans un tel projet. Ce parrainage commun n’exprime guère le respect de la France pour tous les enfants souffrant du conflit.
Nous voudrions apporter notre soutien à l’appel ci-joint de nos collègues distingués, Dr. Rita Giacaman, dont le travail publié dans The Lancet sur la déterioration des conditions de santé de la population palestienne sous occupation vos collègues dans le domaine de la santé publique connaissent sûrement, et de Dr. Iyad Sarraj dont les travaux sur la santé mentale dans les conditions terribles de la bande de Gaza sont respectés par tous les experts de la santé mentale sociale.
Nous vous invitons à relancer le congrès en y associant des participants mieux choisis pour éclaicir de façon scientifique les conditions de tous les enfants dans l’espace du conflit.
Dr Sue Blackwell, Birmingham University
Dr Martha Mundy, London School of Economics
Professor Hilary Rose, Emerita professor, University of Bradford
Professor Steven Rose, Open University
Dr Andrew Rouse, Birmingham University
Dr Derek Summerfield, Institute of Psychiatry, London.
C/o BRICUP
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[4] Appel de l’Association France Palestine Solidarite : PROTESTEZ !
4 mars 2004
http://www.france-palestine.org/article1211.html
[Un projet scandaleux de propagande pro-israélienne aura lieu à Toulouse du 21 au 23 mars lors d’un congrès sur « la place de l’enfant dans l’espace du conflit ». Il faut les efforts et la mobilisation de tous pour contrer, sinon, profiter de la concentration médiatique qui va avoir lieu, pour faire passer un autre message que celui que tentera de faire passer cette conférence de propagande. Il faut diffuser l’information le plus large possible et écrire au maire de Toulouse et aux trois ministres qui devront participer a cette mascarade et particulierement a Nicole Guedj et Simone Veil dont la participation est citée sous reserve dans le programme, leur defection est certainement plus facile.]
Utilisation manipulatrice des victimes : une rencontre scandaleuse sous couvert de ’science’.
Le Ministère de la Santé, le secrétariat d’Etat aux victimes et le Ministère des Affaires Etrangères d’Israël parrainent du 21 au 23 mars à Toulouse un « congrès international ».
En fait, cet événement a été conçu comme une occasion de rassembler des soutiens français pour Israël. Alors que le congrès est intitulé « La place de l’enfant dans l’espace du conflit », l’immense cohorte des enfants victimes directes ou indirectes des multiples conflits qui ensanglantent les continents seront à peine mentionnés, car le conflit est restreint presque entièrement au conflit israélo-palestinien. Les quelques communications traitant d’autres conflits (affectant des enfants Arméniens, Espagnols ou Ivoiriens par exemple) ne serviront que de prétextes pour mystifier le but réel de cette conférence qui est essentiellement de nature sectaire et unilatérale.
Mais même si on admettait que la discussion soit limitée surtout au conflit israélo-palestinien, le soi-disant ’congrès’ ne satisfait nullement l’exigence éthique minimale, tant humanitaire que médicale, qui veut que chaque victime d’un conflit soit l’objet d’une égale attention et d’une égale compassion. Pas un orateur pour parler des victimes Palestiniennes, des centaines d’enfants tués et des milliers d’enfants blessés par l’armée israélienne, pas un mot de l’emprisonnement, voire des tortures, de plusieurs centaines d’enfants, pas un mot sur toute une génération née sous les traumas quotidiens d’une occupation militaire étrangère.
Ce sectarisme suffit à montrer que ce ’congrès’ est une inadmissible opération de propagande. Mais il y a pire. Plusieurs communications : « Les nouvelles victimes de l’antisémitisme », « Le trauma transgénérationnel en Israël », « Enfants cachés – situations passées, présentes et futures », « Victimes du terrorisme : le passé, le futur… » cherchent clairement à établir, conformément à la désinformation constante des instances israéliennes, que les victimes israéliennes de l’Intifada sont les victimes « éternelles » de l’antisémitisme, et non la conséquence directe et unique de la colonisation des terres palestiniennes et de l’éviction de leurs habitants légitimes.
Pour couronner le tout, le ’congrès’ s’est ouvert à une série d’intervenants médiatiques, Nicole Guedj, Nissi Zvili, Simone Veil, Elie Wiesel, sans parler du ministre Douste Blazy, qui viendront sans aucun doute légitimer ce morceau de propagande devant les caméras.
Ce lamentable exercice sera certainement cité dans les années à venir comme l’exemple achevé d’une opération de propagande politique cachée sous les apparences d’un colloque médico-scientifique. La caution que lui apportent des ministères français et la mairie de Toulouse est d’autant plus insupportable.
Nous appelons toutes les professionnels, toutes les personnes, toutes les associations qui refusent ce « coup de main » prêté à l’Etat agresseur du peuple palestinien, qui viole jour après jour, entre autres, tous les articles de la 4ème Convention de Genève, à protester auprès des personnes suivantes :
M. Philippe DOUSTE-BLAZY
Ministre de la santé
8, Avenue de Ségur 75007 PARIS
pdouste-blazy@assemblee-nationale.fr, webmaster@sante.gouv.fr
ou sur le site
http://www.douste-blazy.net
Nicole GUEDJ
Secrétaire d’Etat aux droits des victimes
13, place Vendôme
75042 Paris Cedex 01
Nicole.guedj@justice.gouv.fr
M. Jean-Luc MOUDENC
Maire de Toulouse
Place du Capitole
31000 Toulouse
http://www.mairie-toulouse.fr/Contacts/Contacts.asp
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[5] Lettre-pétition du groupe communiste et citoyen de Toulouse
[Cette lettre est à copier, signer et renvoyer à la Mairie de Toulouse, Place du Capitole, 31000 Toulouse]
Toulouse, le 7 mars 2005
Lettre ouverte à Monsieur le Maire,
Vous avez impliqué la Mairie de Toulouse, dans l’organisation des « Rencontres Franco Israéliennes de Victimologie de l’Enfant », les 21, 22 et 23 mars au centre Pierre Baudis et, l’association « La place de l’enfant dans l’espace du conflit », présidée par Mme Douste-Blazy, en a l’initiative.
Ce rassemblement qui s’annonce comme une rencontre scientifique, nous scandalise à plus d’un titre.
Les Scientifiques se doivent, par éthique et démarche professionnelle, d’examiner et analyser les données et les phénomènes en prenant en compte l’ensemble d’une problématique.
Dans la tragédie où s’enfonce le Proche Orient, les peuples, Palestiniens et Israéliens, sont victimes des stratégies menées depuis des décennies par les politiques du monde occidental. Ne reconnaître et mettre en lumière que les traumatismes subis par les enfants israéliens, c’est nier ce que subit le peuple Palestinien. C’est aussi reporter sur lui la responsabilité de la barbarie.
Nous aurions imaginé que l’association « La place de l’enfant dans l’espace du conflit » s’intéresserait aux nombreux conflits dans le monde où les enfants sont des victimes civiles, quelles que soient leurs origines ou leurs cultures. Ceux enrôlés dans les guerres, ceux qui subissent la famine, ceux qui ont vécu dans leur chair les catastrophes naturelles ou industrielles.
Le texte de présentation de ces rencontres justifie leur tenue à Toulouse par la catastrophe qui a affecté notre ville lors de l’explosion de l’usine AZF. Cet amalgame, entre victimes des catastrophes industrielles et victimes des attentats perpétrés au sein d’une population civile, est dangereux et abusif. Il laisse planer des doutes et peut amplifier les bruits que certains de vos adjoints s’étaient plu à faire courir dans la presse lors de la catastrophe.
Comme élargissement à la victimisation des enfants israéliens il est proposé de faire le lien avec les enfants victimes d’attentats en Espagne. Il est fait mention de « terrorisme basque ».
Il ne vous a pas échappé que l’ETA n’est pas tout le pays basque. Stigmatiser ainsi toute une population est scandaleux. Accoler l’attentat du 11 mars à Madrid avec le « terrorisme basque » peut-être identifié à du révisionnisme. Cet amalgame va à l’encontre de la mise en échec, par le peuple espagnol, des tentatives de manipulation du gouvernement de l’époque.
Pour toutes ces raisons nous considérons que la caution que vous apportez, conjointement avec le Ministère de la Santé et de la Solidarité et le Secrétariat d’Etat aux droits des victimes, à cette opération de propagande politique, est scandaleuse, inadmissible et dangereuse car elle attise les haines.
Nous appelons tous les toulousain-e-s, les professionnels de la santé, les associations solidaires de tous les peuples victimes des guerres et des injustices sociales et politiques, à manifester leur désapprobation et leur indignation.
Nous vous demandons, Monsieur le Maire, de retirer votre soutien à une telle manifestation qui ne peut avoir comme conséquence que la division des peuples.
Le Groupe Communiste et Citoyen de Toulouse
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[6] Protestation de l’Association des Palestiniens en France au ministre Douste Blazy
Monsieur le Ministre ;
Nous venons d’apprendre, sans réelle surprise, la collaboration de votre Ministère et du Secrétariat d’Etat aux victimes avec le Ministère des Affaires Etrangères d’Israël dans l’organisation d’un congrès international au sujet de « La place de l’enfant dans l’espace du conflit ». Nous sommes forcés de constater, à la lecture du programme prévu, que cela ressemble étrangement à une opération de propagande face à la quelle nous ne pouvons rester silencieux.
Vous n’êtes pas sans savoir, Monsieur le Ministre, que le gouvernement israélien n’épargne aucun effort pour tenter de lier le conflit du Proche-Orient et ses conséquences au contexte international d’une soi-disant lutte contre le terrorisme alors que ce conflit est le résultat direct de l’occupation et de la colonisation par Israël des territoires palestiniens et de son refus d’appliquer les résolutions de la communauté Internationale.
Vous n’ignorez pas, non plus, les différentes campagnes qui ont été menées par des organisations « françaises ! » se proclamant représentatives de nos concitoyens juifs pour amalgamer conflit proche oriental, montée de l’antisémitisme sur le sol français, problèmes d’intégration d’une certaine tranche de nos concitoyens d’origine magrébine et de confession musulmane et dont le seul objectif est de détourner l’attention du public des crimes commis par l’Etat d’Israël à l’égard du peuple palestinien et de ses enfants, et de priver les politiques de leur liberté d’exprimer leur condamnation face à la politique israélienne.
Nous sommes, malheureusement, obligés de noter que le programme du congrès prévu à Toulouse, s’appuie entièrement sur les arguments développés par Israël et ses soutiens en France, cités plus haut, et qu’il s’inscrit complètement dans le cadre d’une vision soutenant aveuglement un Etat Israélien hors la loi.
Même si on s’aventurait à admettre un caractère médico-scientifique quelconque à cette opération de propagande politique , ce colloque ne satisfait, même pas, à l’exigence éthique minimale, tant humanitaire que médicale, qui veut que chaque victime d’un conflit fasse l’objet d’une égale attention et d’une égale compassion. Pas un seul orateur pour parler des victimes Palestiniennes, des centaines d’enfants tués et des milliers d’enfants blessés par l’armée israélienne. Pas un mot de l’emprisonnement, voire des tortures, de plusieurs centaines d’enfants. Pas un mot sur toute une génération née sous les traumas quotidiens d’une occupation militaire étrangère.
Monsieur le Ministre ;
L’Association des Palestiniens en France vous interpelle avec force aujourd’hui pour vous demander de ne pas vous plier à cette vision du conflit contraire à l’éthique, au moral et à la réalité de la situation sur le terrain, sans mentionner qu’elle est contraire à la position du gouvernement français dont vous faites partie !?
Nous vous demandons de prendre la seule décision qui s’impose et d’annuler purement et simplement ce « congrès ».
Pour le CA fédéral de l’Association des Palestinien en France.
Walid SHIHADEH.
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[7] Lettre ouverte à un Prix Nobel de la Paix
Mehr Licht
24 avril 2003
[A l’occasion de la venue annoncée de cet excellent homme lors du colloque…]
Monsieur, d’aucune façon dans ce texte, je ne prononcerai votre nom. Non pas que je craigne quelques mauvaises réactions de votre part, ou que je veuille particulièrement vous épargner. Non je laisserai au lecteur de cette lettre, le soin de vous reconnaître. Malgré que je ne porte pas une particulière affection envers Ariel Sharon, je dois vous dire, que je le préfère tout de même à vous. Oui ! Ce militaire mal dégrossi, tout d’un bloc, fanatique à l’extrême, ne mâchant pas ses mots, a au moins le courage que vous n’avez pas. Il se bat tel un fauve pour sa pitance, pour agrandir son territoire. Sa tanière c’est Israël.
Vous aussi, vous défendez Israël, mais de loin. New York vous semble plus sécuritaire. J’ai vu monsieur le Nobel, qu’à la télévision, vous avez une très haute estime de votre peuple. Ce qui en soit est plutôt honorable. Sauf quand cela devient du racisme. Je vous ai donc vu et entendu comme des millions de téléspectateurs, affirmer avec une telle onction dans la voix, le regard humble et mielleux d’un éclésiastique jouant les saints martyrs, que, » Nous les Juifs, peuple élu de Dieu, nous sommes des princes. » Plus infatué, prétentieux que cela, Narcisse lui même en rougirait de honte. Vous disiez aussi, »Je me solidarise avec Israël » Autrement dit vous appuyez la politique sioniste du magnanime Sharon. Pour un prix Nobel de paix, chapeau ! Mais ce n’est pas tout. Vous osez rajouter, » Je suis contre la guerre, sauf la guerre en Irak. Car cette guerre est nécessaire à cause des armes de déstruction massive… » Hypothèse qui à vos yeux, est plutôt une certitude. Vous continuez, » J’y crois, parce qu’on me l’a dit. Et les gens qui me le disent, sont fiables. Il s’agit d’une source américaine et d’une autre israélienne. S’il n’y avait pas cela, je n’aurais pas pris position pour la guerre. » Autrement dit, seuls les sionistes juifs et américains vous ont convaincu, que cette guerre contre l’Irak était nécessaire. Vous vous rangez donc derrière ces fanatiques, qui à tout prix, malgré l’opposition de la majorité des nations ont fait cette guerre inutile, amenant avec elle, spoliation, destruction, pillage, blessures et mort. Pour un prix Nobel encore bravo !
Continuons Monsieur le Nobel. Vous souvenez-vous, en parlant des camps nazis, avoir écrit, » C’est pour cette raison que je me suis juré, que jamais je ne garderai le silence, là où l’homme endure la souffrance et l’humiliation. » Vous trouvez donc, que les Irakiens et les Palestiniens, ne sont ni humiliés ni souffrants. Que vous faut-il donc de plus, pour que les gens souffrent et soient humiliés ? Peut-être vouliez-vous écrire, »…que jamais je ne garderai le silence là où les JUIFS endureront souffrance et humiliation. » Les autres peuples, à vos yeux, n’ont pas l’air d’avoir une grande importance. Bravo Monsieur le prix Nobel de la paix ! Lors d’un de vos discours, prononcé à une manifestation new yorkaise de solidarité avec Israël, le 12 octobre 2000.(www.viejuive.com) vous disiez entre autre, » Nous sommes réunis ici pour affirmer notre solidarité avec Israël. Nous sommes outrés par le vote hypocrite du conseil de sécurité de l’ONU, qui au lieu de condamner les (excessives réactions) palestiniennes, a préféré condamner la réponse israélienne à de telles (violences). » Vous appelez ça des (réactions excessives) quand les Palestiniens se défendent comme ils peuvent, face à une armée de chars, de bulldozers, de F14 et de bombes. Et si comme vous le dites, il y a réaction, c’est qu’il y a eu action de destruction de la part de Tsahal. À ce que je sache, il y a cinq fois plus de morts arabes que juifs. Les Israéliens ne sont-ils pas violents, quand ils colonisent et réduisent en une peau de chagrin le territoire des palestiniens ? Vous n’avez pas honte Monsieur le Nobel de mentir de la sorte ?
Cela n’a pas l’air ! car vous osez continuer mielleux, « …nous avions cru en une paix intelligente entre Israël et ses voisins arabes, notamment les Palestiniens. Nous avions des rêves peuplés d’enfants israéliens et palestiniens, jouant ensemble, riant ensemble et découvrant leur monde respectif… » Quelle mauvaise foi Monsieur le Nobel. Car vous savez fort bien, que les sionistes depuis la création de leur doctrine, par Théodore Herzl en 1896, n’ont jamais voulu entendre parler d’un partage quelconque avec les Palestiniens. Le moins qu’on puisse dire c’est que les Israéliens rient et jouent d’une drôle de façon avec les Palestiniens. Quant à leur permettre d’étudier… ils n’ont plus d’école, plus de livres et il leur reste quelques rares enseignants bénévoles. Ils ne sont même plus considérés comme citoyen. Je vous cite encore, « …j’ai vu des foules assoiffées de sang… » en parlant des Palestiniens. »…qui crient leur vision d’un Jérusalem sans juifs et d’un Proche-Orient sans Israël… » Des foules dites-vous ? Bien moi, je vous parle de politiciens sionistes, qui depuis longtemps gouvernent Israël, et qui ne se gènent pas pour donner leur opinion sur ce qu’il pensent des Arabes. Et il n’y a là rien de bien édifiant. Pour vous rafraîchir la mémoire Monsieur le Nobel, voici quelques paroles de ceux dont vous vous solidarisez.
Commençons par le début. Théodore Herzl, parlant des Arabes écrivait, » Chassez la population pauvre au-delà de la frontière en lui refusant du travail. Le processus d’expropriation et de déplacement des pauvres doit être mené discrètement et avec circonspection. » (Complete Diaries) note du 12 juin 1895.
David Ben-Gourion, en mai 1948 à l’État major général disait, « …notre but est d’écraser le Liban, la Transjordanie et la Syrie… ensuite nous bombarderons et partirons prendre Port Saïd, Alexandrie et le Sinaï. » Tiré de (Ben-Gurion Biographie » par Michel Ben-Zoar, New York 1978. Et cela va se faire.
« Les palestiniens sont des bêtes marchant sur deux pattes. » Menahem Begin, discours à la Knesset, »Begin and the Beasts. » New York Statesman, 25 juin 1982.
« Les palestiniens seront écrasés comme des sauterelles… leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs. « Yitzhak Shamir dans un discours à des colons juifs, New York Times, 1 avril 1988.
« Chacun doit bouger, courir et s’emparer d’autant de collines qu’il est possible pour agrandir les colonies, parce que tout ce que l’on prendra maintenant restera à nous… tout ce que nous ne prendrons pas par la force ira aux Arabes. » Ariel Sharon s’exprimant lors d’un meeting des militants du parti d’extrême droite Tsomet, AFP, 15 novembre 1998. ETC…ETC…
Pour terminer. Tous ces beaux Messieurs sionistes, avaient vraiment l’air de vouloir partager avec leurs voisins arabes. Et vous Monsieur le Nobel de la paix, comment faites-vous donc pour appuyer une guerre ? Je croyais pourtant que rien n’était plus opposé que guerre et paix.
Mehr Licht
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[8] Condamnation commune palestino-israélienne du traitement des enfants détenus en Israël
2 mars 2005
Par DCI – Palestine Section > DCI/PS@dci-pal.org
http://www.ism-france.org/archives/article.php?id=2408&fil=%&lesujet=%&lauteur=%&lelieu=%&debut=2005&fin=2005&debutMois=03&finMois=03&leMois=Mars
Un enfant palestinien de 14 ans, prisonnier en Israël, et qui a récemment subit une opération du ventre sous anesthésie générale, n´a pas reçu l´autorisation de voir ses parents. Le garçon « R » n´a pas reçu l´autorisation d´avoir des contacts avec ses parents depuis son arrestation le 18 octobre 2004. Il a été récemment opéré de l´appendicite, mais on lui refuse toujours d´avoir des contacts avec ses parents.
Physicians for Human Rights-Israël (Médecins pour les Droits de l´Homme – Israël) a envoyé une lettre en date du 16 février 2005 à l´IPS (Service Israélien des Prisons ) pour demander que l´enfant soit autorisé à avoir des contact avec sa famille compte tenu de son intervention.
L´IPS a répondu le 22 février 2005, demandant qu´une organisation non gouvernementale «tienne sa famille au courant». La réponse était signée du dr. Alex Adler, médecin chef de l´IPS.
Physicians for Human Rights-Israel a envoyé aujourd´hui une lettre au Directeur Général du Ministère de la Santé et au Président du Service des Prisons d´Israël pour demander l´ouverture d´une enquête et que des procédure soient installées au sein de l´IPS favorisant le contact continu entre les mineurs et leurs parents.
Un grand nombre de mineurs palestiniens détenus en Israël se voient déniés le droit essentiel d´avoir des contacts avec leurs familles. Aussi, y a-t-il une demande précise pour que R. soit immédiatement autorisé à contacter ses parents.
Defence for Children International/Palestine Section (Défense internationale des Enfants/Palestine) et Physicians for Human Rights-Israël ont condamné ensemble le traitement de cet enfant aux motifs suivants : Le chirurgien aurait dû contacter la famille de l´enfant pour l´intervention.
Selon la loi concernant le Droit israélien des Patient (Art :15 :3), l´opération aurait dû n´être pratiquée qu´avec le consentement des parents, d´autant plus qu´il ne semble pas qu´il y ait eu de raison pour que le chirurgien ne les aient pas contactés.
Même si c´était une opération en urgence, le chirurgien aurait dû ensuite informer les parents de l´opération. Il semble que ni le chirurgien ni l´IPS n´aient eu l´intention d´informer la famille, étant donné que Physicians for Human Rights a découvert qu´en fait, ils attendaient que l´association s´en charge.
La Quatrième convention de Genève interdit le transfert des personnes protégées dans le territoire de la puissance occupante.
L´enfant palestinien et plus de 200 autres enfants palestiniens comme lui sont détenus en Israël.
L´enfant n´a pas le droit d´avoir un contact régulier avec sa famille.
Par exemple le Droit des Nations Unies pour la Protection des Mineurs privés de liberté (Art. 60) établit que «Tout mineur doit avoir le droit de recevoir des visites fréquentes et régulières, en principe une fois par semaine et pas moins d´une fois par mois».
La Convention des Nations Unies pour les droits de l´Enfant (Art.37 :C) établit que tout enfant a le droit de maintenir le contact avec sa famille par courrier et visites, excepté lors de circonstances exceptionnelles».
La Quatrième Convention de Genève (Art. 116) garantit aussi ce droit aux adultes prisonniers.
Pour plus d´information ou pour recevoir copies de la lettre envoyée ce jour : Defence for Children International/Palestine Section: George Abu Al-Zulof
052 2 243 6289, or the Advocacy Unit 02 240 7530 (poste : 104)
Et Physicians for Human Rights-Israel: Physicians for Human Rights-Israel: Maher Talhami, Adv., Intervention Coordinator, Prisoners and Detainees Project,
+972-54-6995299, or Shabtai Gold, Public Outreach, +972-54-4860630
[Traduction : CS pour www.ism-france.org]
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[9] ISRAËL FACE AU TERRORISME : « Bibi,qu’as-tu fait ? »
Nourit Peled-Elhanan
Le Monde Diplomatique
Octobre 1996
http://www.monde-diplomatique.fr/1997/10/PELED_ELHANAN/9336
[L’attentat du 4 septembre 1996, rue Ben-Yéhouda, à Jérusalem, a fait huit victimes. Parmi celles-ci, Smadar Elhanan, une adolescente de quatorze ans. Cruel paradoxe : son grand-père, le général Mattityahou Peled, un des artisans de la victoire-éclair d’Israël en 1967, devenu pacifiste, comptait parmi les pionniers du dialogue israélo-palestinien. Plongée dans le deuil de sa fille, Mme Nourit Peled-Elhanan, fidèle à l’engagement de son père, accuse : non les Palestiniens, mais la politique du gouvernement de M. Benyamin Nétanyahou.]
Ma fille, Smadar, quatorze ans, a été tuée, à la fleur de l’âge, dans l’attentat de la rue piétonne Ben-Yéhouda à Jérusalem, le 4 septembre, à 15 heures. Elle était sortie, avec son amie Sivane, pour acheter un livre. Je lui avais suggéré d’éviter le centre-ville, pour ne pas risquer un attentat. Elle m’a répondu – et ce furent les derniers mots que j’ai entendus d’elle : « Ne te fais pas de souci, maman, il n’y aura rien. » Un silence, et quelques secondes plus tard : « Quelle chance d’avoir des parents comme vous ! Le père de ma copine, Loulou, ne lui laisse pas du tout la liberté de se balader dans le centre. La pauvre. Vous, vous êtes chouettes. Autrement, je serais embêtée. » Smadar n’est plus, ni son amie Sivane . Loulou vient souvent chez nous et pleure sans arrêt.
Quelques heures après l’attentat, j’ai vu ma fille à la morgue. Un côté de son visage était complètement brûlé. De l’autre côté, j’ai vu sa bouche ouverte à l’extrême, figée comme dans un cri atroce, insupportable, effrayant. Je garderai cette image-là en mémoire tant que je vivrai. Smadar, le fleuron de notre famille, notre joie permanente, n’est plus parmi nous.
A plusieurs reprises, dans le passé, on m’a posé une question en forme de défi, à moi, la fille de Matti Peled, le combattant pour la paix, qui est passé outre frontières et tabous pour contribuer à une réconciliation historique entre les peuples palestinien et israélien (1) : « Qu’est-ce que vous diriez si votre fille ou votre fils était tué dans une opération terroriste palestinienne ? » J’avais l’habitude de rétorquer : « Je continuerais d’affirmer que la politique désastreuse qui réduit les Palestiniens au désespoir est la source de cette catastrophe. Un tel malheur, s’il devait tomber sur moi, me renforcerait dans ma conviction que seule la coexistence entre les deux peuples mettra fin au cycle de la violence et de la mort d’innocents. »
Et voilà : la plus monstrueuse parmi les monstruosités qu’on puisse imaginer a frappé notre foyer. Je répète donc aujourd’hui ce que j’ai dit, et avec encore plus de détermination, alors même que mes yeux ruissellent de larmes et que le visage mutilé de Smadar, notre petite et si belle princesse, est toujours là devant moi. Et j’ajoute : c’est la politique du premier ministre, « Bibi » Nétanyahou, qui a amené le malheur dans notre famille.
« Bibi » était, pour moi, un camarade d’école et un ami de jeunesse. Pendant des années, nous avons gardé des liens d’amitié, même après son départ pour les Etats-Unis avec ses parents. Lorsqu’il m’a téléphoné, au soir du jeudi fatidique, pour me présenter ses condoléances, je lui ai dit : « Bibi, qu’as-tu fait ? » Il a essayé de se défendre, mais en vain. Car je considère son gouvernement comme coupable, indirectement, de la mort de ma fille et de tous ceux qui ont perdu la vie dans des circonstances similaires. Sa politique est une provocation permanente contre le peuple palestinien. Elle a poussé les kamikazes à commettre ces actes terroristes odieux qui ont coûté la vie à des innocents, dont ma fille Smadar.
Raison de plus pour trouver révoltante la réaction, après chaque opération-suicide palestinienne, de ceux qui, chez nous, ont contribué par leur comportement à ces attentats. Ils disent : « Vous voyez, ils [les Palestiniens] ne sont qu’une bande d’assassins. On ne peut pas leur faire confiance. La paix avec eux n’est qu’un mirage. » « Les accords d’Oslo, ajoutent-ils, ne sont qu’un malheur dont il faut se débarrasser. » Voilà leur logique.
« Bibi » s’est attardé, lors de sa conversation avec moi, sur la « bestialité » de ces terroristes. S’il savait analyser les événements, au lieu de répéter sans cesse, comme un perroquet, le mot « terreur », il mesurerait le rôle majeur que joue sa politique dans ces drames où périssent des adolescents comme Smadar et Sivane – dont les parents, français, avaient immigré en Israël un an avant sa naissance… Mais il est tellement prisonnier de ses propres slogans qu’il ne parvient pas à comprendre sa responsabilité dans cet engrenage tragique. Pis : non seulement l’action du gouvernement a incité les extrémistes à commettre ces attentats visant des civils, mais il ne protège pas les citoyens contre eux. Quiconque joue avec le feu devrait d’abord assurer la sécurité de ses compatriotes. Je me sens complètement trahie par ce gouvernement.
Depuis trente ans, Israël a mené une politique désastreuse pour nous comme pour nos voisins. « Nous » avons occupé de vastes territoires, humilié et spolié des hommes et des femmes, détruit des maisons et des cultures. Et, par la force des choses, la riposte est arrivée. On ne peut pas tuer, affamer, « boucler » dans des enclaves et abaisser tout un peuple sans qu’un jour il explose. C’est la leçon de l’histoire. Mais « Bibi » n’a pas la moindre notion d’histoire.
Pour moi, en tout cas, il n’y a pas de différence entre le terroriste qui a tué ma fille et le soldat israélien qui, en plein bouclage des territoires, n’a pas laissé une Palestinienne enceinte franchir un barrage pour se rendre à l’hôpital, si bien qu’elle a finalement perdu son enfant. Je suis persuadée que si les Palestiniens nous avaient traités comme « nous » les traitons, « nous » aurions semé chez eux une terreur cent fois pire. N’oublions pas que chaque famille palestinienne, ou presque, a sacrifié l’un des siens – tué ou blessé – au cours du demi-siècle de conflit qui oppose nos deux peuples.
Comment devrait réagir un Palestinien dont la maison a été dynamitée par les forces d’occupation ? Des milliers de maisons ont été détruites arbitrairement depuis trente ans dans les territoires occupés, sans parler des villages effacés au lendemain de la guerre de 1967. Et que devrait faire un agriculteur dont les oliviers sont arrachés pour faire place à une colonie juive ? Certains de ces oliviers arrachés ont même été emportés à Jérusalem et replantés – quelle honte ! – sur le terrain qui porte le nom de Martin Luther King…
Qui sait ? Peut-être que le kamikaze qui a tué ma fille pensait à sa jeune soeur dont la maison est vide et qui a faim à cause du blocus ? « Mon » gouvernement est responsable du désespoir qui l’a poussé à cet acte terrible, injustifiable.
Une semaine avant le drame, ma mère m’avait demandé pourquoi nous, moi et mes amies, mères de soldats, nous gardions le silence devant la mort presque quotidienne de soldats israéliens qui tombent au Liban. « On tire sur vos fils comme sur des moineaux, et vous vous taisez. Comme si cela ne vous concernait pas. Descendez dans la rue, et faites trembler le monde pour arrêter cette tuerie ! », avait-t-elle dit. Quelques jours avant la mort de Smadar, j’ai décidé, avec des amies, d’adhérer au mouvement de protestation des mères de soldats contre cette folie nationaliste qui sacrifie nos enfants pour rien.
Deux de mes fils sont mobilisés, l’un a vingt ans et l’autre dix-huit – le troisième n’a que cinq ans. Comme chaque mère en Israël, je tremble depuis que l’armée les a enrôlés. J’ai toujours pensé avec effroi qu’ils pouvaient tomber – pour rien – au Liban sud ou dans les territoires occupés. Mais, même dans le pire de mes cauchemars, je n’avais pas imaginé que ce sort affreux, terrifiant et sordide serait réservé à Smadar, cette adolescente qui commençait à peine à fleurir et avait toute la vie devant elle.
Peu avant sa mort, je m’en souviens, elle s’est approchée de moi et, très humblement, m’a dit : « Maman, je suis déjà grande, mais je n’ai pas encore d’ami. Pourtant il y a un garçon qui me plaît. J’ai appris qu’il nageait à la piscine de l’université. Viens avec moi là-bas, s’il te plaît. » Nous y sommes allées, et Smadar a montré comme elle nageait bien. Puis – quel bonheur ! – elle a bavardé avec le premier choix de son coeur. Elle lui a dit sa décision d’adhérer au mouvement de jeunesse de La paix maintenant. Une semaine plus tard, ce jeune homme est venu chez nous avec des camarades de sa classe. Il a pleuré longuement.
Smadar n’aimait pas la polémique, mais elle ne pouvait pas ne pas réagir à une injustice. Ainsi s’opposait-elle à l’une des enseignantes de son lycée, qui tenait des propos racistes contre les Arabes. Elle parlait toujours avec calme et détermination, comme son grand-père. Elle voulait connaître vraiment ce peuple voisin, et, depuis deux ans déjà, elle apprenait l’arabe : elle était fière de ses excellentes notes – nous aussi.
A la maison, les discussions sur la situation politique et la détérioration du processus de paix étaient fréquentes. Smadar y prenait part aussi. Le dialogue est une clé pour l’entente et la réconciliation. Mais pas le dialogue comme « Bibi » l’entend : son dialogue avec les forces du mal n’est que provocation à des ripostes sanguinaires, lesquelles servent en retour les extrémistes au pouvoir chez nous. D’ailleurs, les désespérés que « Bibi » pousse à agir ne sont pas les émissaires de Yasser Arafat, mais ses adversaires.
A vrai dire, l’actuel gouvernement israélien n’a cessé de provoquer les Palestiniens : il a violé les accords d’Oslo, ouvert le tunnel de la Vieille Ville de Jérusalem – dont personne n’avait besoin, mais que « Bibi » appelait « le rocher de notre existence » : résultat, une centaine de morts -, lancé la construction de la colonie de Har Homa dans la partie orientale de Jérusalem, et maintenant démarré une petite implantation sauvage à Ras El Amoud, au milieu de la population arabe de Jérusalem-Est. C’est la raison pour laquelle tant d’innocents sont morts dans des attentats aveugles. De jeunes vies, brutalement arrêtées, finissent ainsi dans une tombe, couverte de fleurs, sur laquelle proches et amis viennent pleurer. La politique du gouvernement excite les terroristes. Ces derniers sont comme des microbes ou des moustiques. Pourquoi devrais-je me révolter contre eux ? Etre fâché contre un microbe ou un moustique n’a aucun sens. Il faut plutôt s’en prendre à celui qui aurait dû vous vacciner contre le microbe ou assécher le marais où vivent les moustiques. Telle est la vérité.
Ce sont nos actes qui engendrent le terrorisme. D’ailleurs, « Bibi » a la mentalité d’un terroriste. Toute sa pensée se concentre dans la confrontation. Pour lui, la paix est un mirage, voire un piège. Il n’a que le mot « terrorisme » à la bouche. A chaque conversation, dans chaque discours, lors de chaque conférence de presse, il l’utilise. Pour lui, le terrorisme est partout. Mais il ne comprend rien à la nature du phénomène. Aujourd’hui, il a la certitude d’être plus fort que son adversaire palestinien, en qui il voit un ennemi qu’il s’agit d’écraser. D’où cette politique « catastrophique », comme l’a fort bien qualifiée le ministre français des affaires étrangères, M. Hubert Védrine : car elle risque, hélas ! de conduire dans l’avenir à la destruction de notre pays…
Nous qui l’avons connu personnellement, nous savons que « Bibi » est un extrémiste parmi les extrémistes. C’est un homme du passé. Lorsqu’il entend les mots « paix » et « réconciliation » avec les Arabes, il sort son pistolet. Il accusait mon père, partisan de la paix avec les Palestiniens, d’être un agent de l’OLP. Il ajoutait parfois : du KGB… En fait, « Bibi » est incapable de comprendre comment un homme peut être guidé par des idéaux de paix, et donc de compromis.
JUSQU’À son décès, il y a deux ans, mon père éprouvait pour Smadar un amour sans limite. Peu avant sa disparition, très malade, il lui confiait devant la famille rassemblée : « Smadar, tu es notre joie, notre espoir. Quel bonheur de t’avoir parmi nous ! » S’il avait été vivant, à l’annonce de la mort de sa petite-fille, il aurait poussé un cri de révolte à bouleverser le monde. Ses mises en garde contre cette politique nationaliste qui nie les droits des autres peuples se sont révélées justes. Si on l’avait écouté, Smadar serait toujours parmi nous, les vivants, et non auprès de lui, au cimetière…
Sur l’un des murs de notre petit salon trône une affiche que mon mari, Rami, graphiste de profession, avait préparée pour les élections législatives de 1988. On y voit la photo d’un beau bébé de trois ans, aux yeux en amande – notre Smadar. Le texte dit : « Smadar mérite d’avoir plus que le Likoud ne peut donner. » Puis : « La domination des territoires arabes occupés est dangereuse pour la sécurité de nos enfants. » A l’époque, cette affiche a été publiée en bonne place dans les journaux. Presque dix ans plus tard, la photo de Smadar, déjà adolescente, réapparaît dans les journaux, cette fois ornée d’un cadre noir. Ma fille méritait une vie paisible, mais le Likoud est aux affaires…
Mon coeur saigne. Pour arrêter cet abominable cycle de provocations, de haine, de sang et de destructions, il faut mettre un terme à ce pouvoir dangereux et irresponsable qui joue avec notre vie, avec le sort de nos enfants, avec l’avenir de notre pays. Si l’on n’arrête pas cette folie, les flammes de la guerre consumeront tout.
Nourit Peled-Elhanan
Professeur à l’université de Jérusalem (département éducation)
(Propos recueillis par Amnon Kapeliouk.)
(1) Lire Mattityahou Peled, « Israéliens et Palestiniens côte à côte, sur un chemin piégé » et « Cette guerre qui n’aurait pas dû avoir lieu », Le Monde diplomatique, respectivement juillet 1984 et juin 1991.
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Ce bulletin est mis en forme par un membre de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), lequel fait partie du Collectif Palestine Solidarité 31.
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