(rédaction CAPJPO Euro-Palestine) – Le Conseil représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) participe aussi à la colonisation de la Cisjordanie, et plus précisément encore à ce que le gouvernement israélien, dans sa langue inimitable, appelle la colonisation « illégale », ou « sauvage » (voir aussi rectificatif important, au bas de larticle)
LE CRIF (FRANCE) PARTICIPE A LA COLONISATION DE LA CISJORDANIE, ET MEME A LA COLONISATION DITE « SAUVAGE »
Un rapport officiel, que sest procuré le quotidien israélien Maariv, vient de mettre en cause le Département de colonisation de l’Agence juive dans l’établissement de dizaines de colonies sauvages en Cisjordanie.
Le rapport, dont le journal publie mardi des extraits, accuse cette section de l’organisme para-gouvernemental chargé de l’immigration en Israël d’avoir « systématiquement établi des points de colonisations illégaux » et propose de stopper ses activités.
En règle générale, les autorités ont fourni en sous-main un appui massif aux colonies sauvages créées sans autorisation, selon ce rapport qui doit être transmis mardi au Premier ministre Ariel Sharon, écrit le quotidien.
Le rapport souligne qu’aussi bien l’armée que divers ministères ainsi que le Département de colonisation de l’Agence juive ont fourni une aide financière de plusieurs millions de dollars pour établir et renforcer ces avant-postes.
C’est ainsi, que l’armée garde ces colonies sauvages, que le ministère de l’Habitat finance l’achat de caravanes, que celui des Infrastructures fournit l’électricité et que le ministère de l’Education finance les jardins d’enfants qui y ont été établis.
Le rapport, dont des extraits ont déjà été publiés en octobre, a été établi par une ancienne responsable du ministère de la Justice, Me Talia Sasson, chargée par le Premier ministre d’examiner le statut juridique de ces points de colonisation.
Le gouvernement israélien, soucieux dannexer la plus grande partie, voire la totalité de la Cisjordanie, tout en obtenant des Etats-Unis (et de la France, la Grande-Bretagne, etc.) la reconnaissance de sa politique du fait accompli, a en effet inventé, depuis quelques années, une terminologie bien à lui : celle de la colonisation « légale » (bien que condamnée par tous les textes et traités internationaux), et celle de la colonisation « non légale », ou « illégale », ou « sauvage », terme recouvrant les avant-postes et extensions progressives de la première catégorie de colonies.
Le rapport publié mardi confirme simplement quil ny a en réalité aucune différence de statut ni de traitement entre les deux types de colonies. Les dirigeants américains, français (ou égyptiens, jordaniens, tunisiens, etc) tousseront peut-être un peu à la lecture du rapport de Maariv, et pesteront intérieurement contre Sharon qui décidemment nest pas sympa, ne leur fournissant même pas les couleuvres quils sont pourtant daccord pour avaler tous les jours. Mais çà leur passera.
Et le CRIF, dans tout cela ? Pourquoi le mettons nous en cause dans le titre de cet article ?
Parce que lAgence juive (également appelée Agence juive pour Israël), qui est comme on la vu plus haut un organisme directement lié à lappareil dEtat israélien, est officiellement membre du Conseil représentatif des institutions juives de France !
Petit rappel historique : lAgence juive fut, dès le début du XXème siècle, cest-à-dire dans la phase ascendante du mouvement sioniste, lorganisation sioniste dont la mission était de recruter les Juifs candidats à lémigration en Palestine, et de les y aider à latteindre, dans la perspective de la création, avec eux, de lEtat Juif proposé par le mouvement sioniste.
Depuis 1948, lEtat Juif existe, et sappelle Israël, comme on le sait. LAgence juive a cependant survécu à la création de lEtat : en se plaçant dun point de vue sioniste, le maintien de cette agence continuait de répondre à une nécessité, celle de pouvoir agir éventuellement de manière clandestine ou semi-clandestine- en direction des personnes ou minorités juives en butte à des discriminations, dans des pays nayant pas ou plus de relations diplomatiques avec Israël (par exemple, lUnion Soviétique après la guerre de 1967, ou une majorité des Etats arabes, à des époques diverses).
Mais lAgence Juive a continué dexister et de prospérer, après 1948, dans tous les pays, y compris ceux qui avaient des relations normales, voire très privilégiées avec Israël.
Cest notamment le cas de la France, pays qui na jamais fait obstacle, depuis 1948, à lémigration de nimporte lequel de ses ressortissants vers Israël. Il suffit à un citoyen français désireux démigrer en Israël de sadresser aux services israéliens, consulaires et diplomatiques : cest avec eux, et rien quavec eux, que se règlent les formalités (dont lapport de la preuve de la judaïcité du candidat à lémigration).
Pourtant, lAgence Juive continue dexister en France, pas seulement à titre privé (comme peut lêtre une organisation sioniste privée, faisant sa propagande à linstar de nimporte quelle association ou parti politique), mais comme prolongement officiel de lEtat dIsraël : les employés, très nombreux (ils sont au moins 300) de lAgence Juive en France ont en effet un statut diplomatique, exactement comme les diplomates de lambassade israélienne !
Et on constate donc que ces mêmes agents diplomatiques israéliens, au service de la faction la plus colonisatrice des territoires palestiniens occupés, sont en même temps membres éminents du CRIF.
Le CRIF assume dailleurs publiquement cette appartenance, en fournissant, sur son site, à la rubrique « Membres de lInstitution », les coordonnées, numéros de téléphone et de télécopie, de lAgence Juive pour Israël à Paris, tout comme dautres associations à objectifs uniquement israéliens mais qui ont la pudeur de maintenir la fiction dun statut privé (comme lAssociation pour le Bien-Etre du Soldat Israélien, lHashomer Hatzaïr, ou le Keren Kayemeth le Israel). Et il est inutile de préciser que lAgence dispose, au sein du CRIF, de ressources et dune influence incomparablement plus importantes que celles dassociations-membres à objet (culturel, mémoriel, religieux) juif, qui ne sont plus aujourdhui quun alibi et une caution.
La mention du CRIF, dans le titre de cet article, ne participe donc pas dun quelconque raccourci provocateur de notre part.
Elle rend compte dune réalité scandaleuse, et dangereuse pour toutes les personnes dorigine juive ou désignées comme telles qui vivent dans notre pays. Car cette confusion volontaire et organisée des genres a pour effet de rendre toutes les personnes dorigine juive otages des politiques les plus criminelles menées par Israël contre le peuple palestinien, en les assimilant à ces mêmes politiques.
Cet épisode nous éclaire aussi sur tous ces pseudo-modérés, ces gens (politiciens de tous les partis, « sionistes de gauche », etc) qui murmurent (le moins fort possible quand même) que Roger Cukierman, le président du CRIF, « exagère » lorsquil éructe contre la politique étrangère de la France (pas assez sharonienne à son goût).
Non, ceux qui disent que Cukierman « exagère » sont des hypocrites. Avec Roger Cukierman, le CRIF et lEtat dIsraël disposent dun dirigeant légitime, déterminé et conséquent. Participant à une entreprise de crimes de guerre, certes, mais ils peuvent toujours faire la sourde oreille.
RECTIFICATIF : dans lheure qui a suivi la publication de larticle que vous venez de lire, mardi en début daprès-midi, lAgence France Presse a publié un rectificatif, indiquant que lentité mise en cause dans le rapport sur la colonisation nest pas lAgence Juive, mais lOrganisation Sioniste Mondiale. Ce qui ne change strictement rien à la situation, au contraire, puisque ladite Organisation Sioniste Mondiale est elle aussi
membre du CRIF ! Le président de la section française de lOrganisation Sioniste Mondiale, un certain Alex Moïse, a connu une temporaire célébrité, lan dernier, lorsquil sest fait épingler, et condamner, pour sêtre envoyé des messages antisémites à lui-même ! Les prouesses de ce responsable sioniste navaient, et pour cause, suscité aucune réaction de la part du CRIF (ni daucun des politiciens qui se pressent au dîner annuel de linstitution).
RECTFICATIF BIS : après vérification directe auprès de médias israéliens (Haaretz on-line en l’occurrence), mardi dans l’après-midi, il apparaît que le rapport incrimine aussi bien l’Organisation Sioniste Mondiale que l’Agence Juive. L’AFP a donc apparemment commis une erreur en substituant une institution à l’autre, alors qu’il aurait fallu citer d’emblée les deux !