Monsieur le Président de la République,
J’ai appris avec stupéfaction que Philippe Douste-Blazy patronnait ce qui se présente comme un congrès scientifique international coorganisé à Toulouse par le Ministère de la Santé français et celui des Affaires étrangères israélien sur « La place de l’enfant dans l’espace du conflit ».
A la lecture du programme, j’ai constaté qu’il est très largement question des souffrances d’enfants israéliens et dans une moindre mesure espagnols, arméniens, ivoiriens, toulousains. C’est très bien. Par contre, les souffrances d’enfants palestiniens ne sont jamais évoquées. Il ne manque pourtant pas de données et de personnes qualifiées pour faire des communications scientifiques sur ce sujet : 750 enfants palestiniens tués, la plupart du temps chez eux ou sur le chemin de l’école, par l’armée israélienne ; des milliers blessés par l’armée d’occupation et gardant de graves séquelles ; 310 enfants palestiniens actuellement emprisonnés dans des geôles israéliennes, le plus souvent sans la moindre charge, sans le moindre jugement et sans visite familiale ; des centaines d’autres arrêtés, battus, humiliés et soumis à des chantages pour les amener à devenir des collaborateurs ; les troubles psychologiques dont souffrent la plupart des enfants palestiniens et notamment ceux qui vivent dans des camps ; leurs difficultés à suivre un cursus scolaire normal en raison des barrages militaires et des couvre-feux ; la malnutrition de ces enfants liée à l’étranglement par Israël de l’économie palestinienne et dénoncée par Jean Ziegler dans son rapport à l’ONU.
La négation des souffrances d’un peuple qui subit une colonisation aussi brutale, c’est ignoble! Que cela fasse partie de la stratégie de l’Etat colonisateur peut se comprendre. Mais que l’Etat français apporte sa caution à cette entreprise, accepte de lui donner un statut « scientifique » et y soit représenté par un ministre de la République, c’est absolument intolérable.
Je vous serais donc obligé d’intervenir pour faire cesser toute forme de participation ou de parrainage ministériels à cette parodie déshonorante !
Dans cette attente,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de mes sentimets les meilleurs.
Francis Sérieys
Docteur-Ingénieur
35000 Rennes