La recherche épidémiologique israélienne sur le cancer a conduit un vaste programme de cartographie des zones potentiellement à risques pour ces maladies, en écartant cependant systématiquement les villes où habite la minorité palestinienne du pays, rapporte mercredi le Haaretz.
Plusieurs ONG ont entrepris une campagne pour chercher à savoir, comment et pourquoi, une grande enquête de terrain, dressant la carte des cancers dans 62 villes du pays, n’a inclus aucune ville à population arabo-palestinienne, écrit le journaliste du Haaretz Eli Ashkenazi.
Selon les statistiques nationales du cancer, qui recensent le nombre de cas, maladie par maladie, l’incidence des tumeurs malignes a augmenté au cours des trente dernières années de 97,8 % chez les hommes de la minorité arabe, de 123 % chez les femmes, contre une hausse de 39,8% et 24,4 % respectivement, au sein de la majorité juive.
Comme on le sait, la lutte contre le cancer repose, en partie, sur la prévention des risques, dont les risques de cancer liés à l’environnement, comme la présence d’activités polluantes.
D’où la justification d’un travail sur la géographie du cancer, en plus du recensement du nombre de cas au niveau national.
Ce n’est qu’en identifiant des zones à incidence plus élevée de certaines maladies qu’on peut influencer les décisions économiques et industrielles, et agir sur le ou les risques associés, plaident les spécialistes de médecine environnementale, israéliens compris.
Interrogé par le quotidien, le directeur des registres israéliens du cancer, au ministère de la Santé, le Dr Micha Barhana a répondu qu’il n’avait tout simplement pas assez d’argent pour inclure le secteur arabe dans l’enquête, et que ce dernier a donc été laissé pour compte.
Gil Yaakov, de la Coalition pour la Santé Publique, qui regroupe une vingtaine d’associations de défense de l’environnement du nord du pays (région partagée entre localités juives et localités arabes), est furieux.
« On sait désormais que les taux de cancer sont apparemment élevés, par rapport au reste du pays, dans des villes comme Haïfa ou Saint-Jean-d’Acre. Mais on veut aussi savoir ce qui se passe dans des villes (à population palestinienne, NDLR) comme Shfaram, Tamra, ou Makr al-Djadida. A l’heure actuelle, il est facile de créer des activités polluantes dans ces localités. Il n’y a pourtant qu’en y faisant, là aussi, la cartographie des cancers, qu’on pourra mettre en lumière les risques associés, et prévenir la marginalisation de ces populations », dit-il.
De son côté, Bkar Awawda, directeur du Centre Anti-Raciste, a écrit une lettre de protestation au ministre de la Santé Dan Naveh. « Le fait de ne dresser la carte des cancers que dans les zones d’habitat juif viole le droit constitutionnel », dit-il. La missive est partie il y a deux mois, et n’a toujours pas reçu de réponse.