Ci-dessous un témoignage de Youssef Haji, militant inlassable des droits du peuple palestinien, qui vient de s’installer pour un an à Naplouse, afin d’y développer « Darna », une Maison à l’intention des étudiants de l’Université d’Al-Najjah.
De passage au village de Yanoun, tout proche, il nous envoie ce texte.
Retour à Yanoun
Mon dernier passage à Yanoun date de décembre 2003. Le village perché sur les collines de Cisjordanie, à quelques vallées de Naplouse, avait été vidé de sa population par les colons, ce qui avait ému les anticolonialistes et les amis de la Palestine à travers le monde. Des membres de lassociation judeo-arabe israélienne Ta’ayush, rapidement relayés par des militants des mouvements de solidarité internationale se sont installés dans le village à tour de rôle pour encourager les habitants à y retourner. Une maison des internationaux a été offerte par les villageois aux militants étrangers.
De France, des associations de l’immigration (dont l’ATMF) et de solidarité avec les Palestiniens (CCIPPP, CAPJPO, AFPS ) ont mis en place des actions de solidarité telles que résidences d’artistes, cueillette d’olives, financement du transport scolaire
Aujourdhui est loin ce mois funeste doctobre 2002 où Hassan Youssef est resté seul dans le village avec les clefs des maisons vidées de leurs occupants. La maison des internationaux est toujours là en haut du village, occupée en permanence, lélectricité est dans toutes les maisons et il ya même des lampadaires dans le village; certains tronçons de la piste sont goudronnés par les villageois eux-mêmes et avec laide dune ONG et de l’Autorité palestinienne.
Toutefois, les colons continuent à semer la terreur chez les habitants, on tire sur le bétail, on vole les récoltes, et lorsqu’un villageois, excédé par cette violence se plaint à larmée, il reçoit les visites des colons. Khader père de six enfants, agriculteur de son état, s’est vu infliger un an de détention administrative sans aucun motif. Dès sa sortie de prison, son frère Ghassan lui-même père de 8 enfants est emprisonné pour un an et 10 jours. Devant le juge, le seul motif de détention est que Ghassan présente une menace pour la sécurité dIsrael !! Ghassan est éleveur de moutons à Yanoun, un motif de détention pour larmée au service des colons.
Ma visite à Yanoun coïncide aujourdhui avec le repas communautaire en l’honneur de lenfant du pays sorti des geôles du Néguev. Ghassan me parle de la dureté de la détention et de cette injustice ressentie comme une épingle au fin fond de soi. Le regard rieur de Khader est lointain; cest impressionnant de voir cette transformation d’un être après son passage en prison.
Je sens une gêne m’envahir devant ces hommes forts et dignes, qui narrêtent pas de me citer des noms de militants et militantes de France ayant séjourné à Yanoun.
Avec fierté, ils me montrent les ruines d’une mosquée de l’époque ottomane qui a été réhabiliée par les villageois. Au sol, soigneusement protégées, de belles mosaïques avec des motifs floraux, surgissant de cette terre de tous les brassages.
Je repars de Yanoun la tête pleine de ces fleurs finement agencées par des mains expertes dans la transformation de la pierre en fleurs, arbres et beauté. En haut du village, dautres mains dune autre époque sont devenues expertes en transformation de la terre en miradors, murs et barbelés
Dans le taxi de retour, le chauffeur me presente un passager; il est du village de ASSIRA AL KABALIYA à la sortie de Naplouse, il me raconte que les récoltes du village viennent d’être brûlées par les colons. Sur la route qui mène a Naplouse, ces derniers sont comme chez eux, ils ont toutes les priorités; sur la route, les lampadaires des localités palestiniennes entre Ramallah et Naplouse portent le drapeau israélien et l’étendard orange de la coalition des colonies. »
Par Youssef HAJI
Entre Yanoun et Naplouse le 19/05/05