Les autorités universitaires israéliennes ont tombé le masque, pour tenter de contrecarrer le mouvement international de boycottage de leurs institutions tant qu’Israël violera les droits les plus élémentaires du peuple palestinien ; elles ont décidé de faire appel, comme porte-drapeau de leurs libertés académiques, à ce qui se fait à peu près de plus extrémiste dans la classe politique israélienne, en l’occurrence à l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Ce dernier, spécialiste de la surenchère colonialiste et belliciste (c’est par exemple un adversaire déclaré du « désengagement » de Gaza tout comme de la notion même « d’Etat palestinien », aussi croupion soit-il), a en effet répondu favorablement à la demande du président de l’Université de Haifa, Aharon Ben-Zeev, pour animer une grande campagne de défense contre le mouvement de boycottage international des universités israéliennes.
Ce mouvement a pris une forme concrète, il y a un peu plus d’un mois, avec la décision du principal syndicat d’enseignants universitaires britanniques, l’AUT (Association of University Teachers), de boycotter les Universités de Haifa et de Bar-Ilan.
La semaine dernière, suite à une contre-attaque des partisans de la politique israélienne, une instance dirigeante de l’AUT, réunie dans des conditions d’une légalité douteuse du point de vue statutaire, a cependant estimé pouvoir « annuler » le boycottage.
Mais comme l’a fait remarquer le Professeur Steven Rose, l’un des promoteurs du boycott universitaire britannique, « le djinn est désormais sorti de sa lampe, et plus rien n’arrêtera le mouvement ».
De fait, aussi bien le Président de l’Université de Haifa que Netanyahou partagent son pronostic, et c’est pourquoi ils en appellent à l’union sacrée. « Les tentatives de boycottage des universités israéliennes sont en réalité une tentative de boycottage de l’ensemble de l’Etat d’Israël », a ainsi déclaré, ou plutôt faudrait-il dire avoué Netanyahou.
En agissant de la sorte, Ben-Zeev et Netanyahou reconnaissent en effet que les universités israéliennes sont une institution majeure de la société et de l’Etat, partageant les mêmes responsabilités que celles du gouvernement, de la police et de l’armée. Cet aveu ne plaira sans doute pas aux pseudo-pacifistes israéliens, jusqu’à présent aux avant-postes de la lutte contre le boycott dans le dispositif de la propagande israélienne, et qui proclament hypocritement que les universités israéliennes sont « un havre de paix et de dialogue » sans responsabilités dans la répression du peuple palestinien (et singulièrement du système éducatif de ce dernier). Avec la paire Ben-Zeev/Netanyahou, les choses sont désormais plus claires.