De nouveaux colons continuent imperturbablement et impunément à s’installer dans la bande de Gaza, rapporte un envoyé spécial de l’agence américaine Associated Press, qui a constaté les faits sur place.
Le discours officiel de la propagande israélienne est pour le moment que le retrait des 8.000 colons et des militaires qui assurent leur protection dans la bande de Gaza commencera le 15 août, pour s’achever début septembre. A ce jour, et bien que le plan de « désengagement » de Gaza ait été annoncé par Ariel Sharon depuis la fin de l’année 2003, pas un seul colon n’a pourtant déménagé. Parmi ses innombrables mensonges, la propagande israélienne avait en outre annoncé qu’à l’approche du « désengagement » (programmé jusqu’à récemment pour le 20 juillet, avant que le gouvernement ne fasse mine de découvrir que ce n’était pas « religieusement correct » au regard du calendrier hébraïque), l’accès de la bande serait fermé aux nouveaux entrants (juifs, bien entendu, car pour les Palestiniens, les mouvements dans les deux sens sont virtuellement interdits, de manière permanente).
Pourtant, les nouveaux colons de Gaza emménagent comme ils veulent, apprend-on à la lecture du reportage de Ravi Nessman, l’envoyé spécial d’Associated Press dans la zone.
Ainsi, 20 familles juives viennent-elles de s’installer dans un hôtel à l’abandon du bord de mer, le Palm Beach Hotel, écrit-il. Situé à proximité de la colonie de Shirat Hayam. Il devrait y en avoir une centaine de plus arrivant au cours des prochaines semaines, a déclaré au journaliste une porte-parole du mouvement colon, nommée Nadia Matar.
Le Palm Beach est un hôtel construit durant l’occupation égyptienne de la bande (1948-1967), que les Israéliens confisquèrent et utilisèrent longtemps, avant que le tourisme israélien dans la bande de Gaza ne s’effondre lors du déclenchement de la deuxième Intafada, et que l’établissement cesse d’être exploité.
Mais récemment, des dirigeants du mouvement colon, dont les extrémistes Itamar Ben Gvir et Baruch Marzel, ont investi les lieux, et n’ont apparemment eu aucun problème pour y acheminer tout le matériel nécessaire (ciment, peinture, équipements électro-ménagers, etc.) à leur rénovation. Une source officielle israélienne a déclaré à Ravi Nessman que tout ceci était « certes regrettable », mais que le gouvernement n’y pouvait rien, « car il faut bien respecter la propriété privée » ! De fait, les occupants de l’hôtel en interdisent l’entrée aux visiteurs indésirables (comme le journaliste d’AP, notamment), avec un panneau indiquant « Propriété privée – Défense d’entrer », des colons fortement armés montant la garde pour bien se faire comprendre. Aucune information n’est fournie sur les conditions dans lesquelles les colons sont devenus « propriétaires » de ces biens, volés une première fois par le gouvernement israélien à la faveur de la conquête de 1967.
Ben Gvir et Marzel sont notoirement, en Israël, des continuateurs du mouvement fasciste Kach, hors-la-loi après l’assassinat d’Itzakh Rabin par un de ses hommes en 1995.
Outre le Palm Beach Hotel, les colons sont en train de rénover une série d’autres habitations, des villas de bord de mer remontant elles aussi à la période égyptienne, mais laissées à l’abandon par l’occupant israélien (l’accès aux lieux étant bien entendu interdit aux indigènes palestiniens). Ravi Nessman a ainsi pu les voir au travail, et a pu rencontrer une des premières occupantes, Rivka Livnat, 47 ans, qui a quitté la colonie cisjordanienne d’Elon Moreh ces dernières semaines pour cet autre morceau de « la terre éternelle d’Israël ».
« On aura une maison où il fera bon de vivre, quand les travaux seront finis », déclare Rivka Livnat, par ailleurs belle-soeur de la ministre de l’Education d’Ariel Sharon, Limor Livnat.