L’homme que Chirac vient d’inviter à venir en France ne cesse de lancer des provocations plus énormes les unes que les autres. Ainsi, au moment même où Condolezza Rice en visite au proche-Orient, déclarait qu’elle se portait garante du « désengagement de Gaza », Sharon l’a ridiculisée en annonçant publiquement la construction de 700 nouveaux logements pour colons en Cisjordanie; notre nouvelle colombe israélienne a multiplié ces derniers jours les incursions, arrestations, violences et brimades contre les Palestiniens, emprisonnant notamment l’un des coordinateurs de la santé en Palestine, ainsi que les organisateurs des manifestations non violentes contre le Mur à Bi’lin.
S’agisant de la seule semaine passée, et en l’absence de la moindre violence palestinienne, Israël s’est permis
d’instaurer un couvre-feu sur l’ensemble des territoires palestiniens, le 15 juin, sous prétexte de « fête juive », et
de procéder à 22 « incursions » dans divers villages, raflant 19 personnes dont 2 enfants, s’emparant de boucliers
humains pour fouiller les maisons en plusieurs endroits. L’armée a également provoqué la mort d’un Palestinien
malade, en l’empêchant d’accéder à l’hopital de l’autre côté du Mur.
Les colons ont pousruivi leurs exactions en toute impunité, voire avec l’aide de la soldatesque :
– le 9 juin, ils ont attaqué la clinique Al Mawasi de Khan Younis (Bande de Gaza), cassant les portes et détruisant
le matériel.
– Le même jour, à Hébron ils ont mis le feu à la boutique d’un commerçant palestinien de la vieille ville, tandis
que l’armée empêchait la population d’éteindre l’incendie pendant 3 heures.
– Le 10 juin, ils coupaient 400 arbres sur des terres palestiniennes au sud de Béthléem.
– Le 12 juin, les colons de Kiryat Arba au sud-est d’Hébron ont terrorisé des Palestiniens en jetant des pierres
et des bouteilles sur leurs maisons, endommageant 7 d’entre elles.
Pendant ce temps, les bulldozers ont continué leur sale besogne pour agrandir les colonies, notamment à l’Est de
Naplouse où il ont « aplani » des terrains palestiniens et confisqué des terres.
A Jérusalem Est, deux maisons ont été détruites mercredi dernier et le plan d’expulsion de milliers de Palestiniens
originaires de la ville s’intensifie dans le quartier d’Al-Bustan de la banlieue de Selwa où la démolition de 88
maisons est programmée.
A propos de Jérusalem-Est, les autorités israéliennes ont inventé une nouvelle mesure pour judaïser la ville :
arrêter et emprisonner ses habitants, y compris sans charge, puis leur consfisquer définitivement leurs papiers (la fameuse carte bleue qui donne le droit de résider dans la ville).
A part cela la « grande démocratie du Moyen-Orient » multiplie les brimades contre les prisonniers palestiniens. Dans la prison de Nafha, les jeunes sont privés de livres scolaires leur permettant de poursuivre leurs études, et les
détenus sont amenés collectivement enchaînés par les pieds, lors des rares visites, et après que leurs familles eussent
été soumises à des fouilles humiliantes.
A Telmond, punitions et fouilles corporelles redoublent sur les femmes pendant cette « lune de miel » israélo-palestinienne. L’appel dans les cellules humides se fait 4 fois par jour et si une prisonnière ne réussit pas à se lever, elle est isolée pendant 21 jours.
ISM rapporte d’autre part qu’Abdullah et Rateb Abu Rahma, deux frères qui font partie des organisateurs des actions non-violentes dans le village de Bil’in, près de Ramallah, ont été arrêtés vendredi au cours de la manifestation non-violente contre le Mur de l’annexion.
Ils sont actuellement retenus dans le camp de détention d’Ofer et aucune date pour leur audition n’a encore été fixée.
« Abdullah est accusé de « Perturbation d’un officier dans son travail » et Rateb de « jet de pierres sur les soldats » Ils proclament tous les deux leur innocence. Un enregistrement vidéo réalisé par un activiste israélien corrobore totalement leurs versions.
Cependant, la police israélienne refuse de regarder la partie de l’enregistrement vidéo qui les concerne alors qu’ils ont accepté de libérer les activistes israéliens sur la base du même enregistrement !
Rateb, âgé de 40 ans, a été actif dans « les Graines de la Paix » et était aux Etats-Unis avec l’une de leurs délégations en 2003. Il visite régulièrement les Etats-Unis dans son travail vers la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. Récemment (le 4 juin), il a assisté à une conférence à Notre Dame à Jérusalem consacrée au dialogue entre les pacifistes israéliens et palestiniens. Il travaille actuellement en tant que conférencier en sociologie à l’Université Ouverte d’Al-Quds.
Abdullah, âgé de 34 ans, a travaillé avec le Centre d’Israel/Palestine pour la Recherche et l’Information (IPCRI), le seul centre de réflexion commun Israélo-Palestinien au monde. Il a suivi leurs formations pour le dialogue et l’éducation de la Paix et met en application ce savoir dans sa tâche avec le Comité Populaire Contre le Mur de Bil’in, qu’il effectue en plus de son travail comme professeur d’Arabe dans un lycée de Ramallah.
Le Comité Populaire Contre le Mur de Bil’in a à sa base même le principe de la non-violence. Dans l’organisation de la Résistance à la Barrière d’Annexion, le Comité a essayé (et a réussi) à inventer de nouveaux et créatifs modes de résistance non-violente et n’a rencontré que la main extrèmement lourde de l’armée israélienne.
L’armée a non seulement employé beaucoup de violence en attaquant les manifestations non-violentes, mais a également envahi le village la nuit, en harcelant des membres du comité et leurs familles dans ce que le commandant de l’armée dans le secteur décrit comme une « punition collective ».
Rateb a été touché par une bombe assourdissante lancée directement sur lui par la police des frontières israélienne et a été arrêté car il était allongé face contre terre.
Il se trouvait sous une fausse pierre tombale, de même que beaucoup d’autres activistes locaux, israéliens et internationaux.
Les pierres tombales ont été conçues pour représenter la mort du village que provoque la construction de la barrière.
Rateb a été blessé près de l’aine et n’a pas été autorisé à recevoir un traitement médical au delà du banal contrôle habituel reçu à l’entrée en prison.
L’avocate israélienne Tamar Peleg, qui représente les deux frères, a déposé une demande devant la cour et les procureurs pour leur libération immédiate, puisque chaque preuve, chaque témoignage, prouvent leur innocence.
La résistance non-violente à Bil’in est devenu rapidement un modèle suscitant l’admiration et l’émulation dans l’ensemble de la Cisjordanie.
Il est clair qu’Abdullah et son frère n’ont pas été arrêtés comme conséquence directe de leurs actes, mais en tant qu’élément d’une campagne d’intimidation coordonnée par une armée qui ne peut pas traiter la non-violence. »
