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BANDE DE GAZA : HISTOIRE VRAIE RACONTEE PAR LA JOURNALISTE LAILA EL-HADDAD

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Laila El-Haddad, journaliste basée dans la Bande de Gaza, rapporte ce fait qui traduit bien la vie des Palestiniens de Gaza pendant le « processus de paix ».


« Le citoyen écrasé

J’étais invitée hier à assister à une réception dans Ramallah par mes anciens donateurs de bourse, l’Académie pour le Développement Educatif. Ils ont dit qu’ils s’occupaient du permis, bien qu’aucune garantie n’ait été donnée. Il y a quelques jours j’ai reçu l’information que mon permis était l’un de ceux qui avaient été approuvés. « Félicitations, vous allez à Ramallah. »

J’étais excitée : Je n’étais pas allée à Ramallah depuis 4 ans. Bien que ce soit qu’à une heure de route, les permis sont rarement délivrés aux Palestiniens de Gaza souhaitant se rendre en Cisjordanie.

J’appelle tous mes amis, parents, et collègues là-bas. Je me demande même si je pourrais aller à Jérusalem le vendredi.

Nous partons tôt, vers 7h du matin, de la ville de Gaza. Dans la camionnette, les autres filles avec qui je voyage plaisantent, partagent des anecdotes sur la période qu’elles ont passée en Amérique.

Quand nous approchons d’Erez, le raffut diminue, se transforme en chuchotements. « Qu’est-ce que c’est ? » demande une fille, qui n’était pas allée à Erez depuis plusieurs années. « C’est un tank, idiote ».

Nous entrons dans Erez, populairement connu ici sous le nom de parc à bestiaux, pour le long kilomètre clôturé dans le couloir où les passagers doivent marcher pour passer de l’autre côté. On nous interdit d’entrer du côté israélien sans avoir d’abord reçu l’approbation des Israéliens, via Talkie-Walkie au DCO palestinien. C’est toute la partie de l’occupation invisible de Gaza. Nous attendons, et une heure se transforme en deux, puis trois, puis quatre.

Les gens attendent en différents groupes, pour différentes raisons. Certains attendent l’approbation pour entrer afin de rendre visite à ceux qu’ils aiment dans les prisons israéliennes. D’autres pour recevoir un traitement médical. Il y a aussi des journalistes étrangers et des employés de l’Aide Humanitaire qui tentent de faire leur travail en allant à Gaza. Israel leur a rendu la tâche de plus en plus difficile. Souvent ils se voient refuser l’entrée, avec une note : « C’est pour votre propre protection ».

Alors que nous sommes assis, nous discutons de Gaza, et du désespoir total des gens là-bas, qui semble toujours être accentué sur les frontières.

Un des filles rappelle un caricature dans un magazine qu’elle a lu appelé « le Citoyen écrasé » : un homme squelettique et qui perd ses cheveux, vouté, la tête face au sol, déprimé, démoralisé. « C’est ce que nous sommes maintenant à Gaza, des citoyens écrasés » dit-elle. « complètement impuissants, désespérés, appauvris : tout est contre nous. »

Un officier palestinien approche et donne les noms des personnes à qui les Israéliens ont refusés l’entrée. « Ne me demandez pas pourquoi votre permis a été refusée, c’est comme ça. Les Israéliens ne donnent pas les raisons, c’est toujours au nom de la sécurité » dit-il à la foule de Palestiniens inquiets. « Samhiri, Ahmed, Hillis, El-Haddad… ».

« Pourquoi ne suis-je pas surprise ? » dis-je à l’une des filles. Ce n’est pas la première fois que je suis refusée d’entrer en Cisjordanie. L’officier suggère que j’essaye de faire quelques enquêtes, aussi je passe quelques coups de fil, et je resoumets ma carte d’identité au DCO palestinien. Le reste du groupe reçoit le feu vert pour avancer et passer du côté israélien, puis à Ramallah.

Après plusieurs heures d’attente, entourée de fil barbelé, de canettes de coca vides, et à l’horizon, la terre que je ne peux pas atteindre, j’apprends qu’il n’y a en fait aucun permis du tout : c’est ce que disent les Israéliens.

L’Américaine qui a fait la demande pour moi insiste qu’il a été approuvé. « C’est probablement leur manière de justifier votre refus d’entrée, ne vous inquietez pas pour ça » m’assure-t’elle.

J’appelle un ami israélien avec quelques relations. Il effectue quelques appels et termine avec la même réponse : il n’y a aucun permis. « En tant que juif, je suis désolé pour ça » dit-il.

Épuisée, affamée, et un peu « écrasée », je reviens à Gaza. Home sweet home, de 1,5 millions de citoyens écrasés. »

Source : Electronic Intifada
Traduction en français : MG pour www.ism-france.org

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