« Nous tirerons directement dans la tête si vous manifestez », ont prévenu les soldats israéliens s’adressant aux villagesois d’Asira dans le district de Naplouse. Et pour bien montrer le sérieux de leurs intentions, ils ont tiré une balle dans la hanche d’un jeune Palestinien. Ci-dessous le récit de Sarita Ahooja du Mouvement International de Solidarité (ISM).
Plus de 250 villageois d’Asira, dans le District de Naplouse, s’étaient rassemblés à 10h du matin vendredi pour demander la liberté de mouvement et manifester contre les bouclages militaires qui ont été imposés à leur communauté depuis le début de l’Intifada Al-Aqsa. Les véhicules blindés de transports de troupes israéliens, déployés depuis l’aube, avaient cerné le village avant que les villageois puissent prendre la route de Sabaatash qui mène à Naplouse et atteindre le barrage routier.
L’armée a confisqué les voitures qui accompagnaient la marche, une ambulance et les clefs, des appareils-photo et un film, et a immédiatement bloqué l’entrée à plusieurs journalistes arabes et internationaux.
Un officier a indiqué à Khannan Aljamen, un responsable de la communauté, que la manifestation était illégale et qu’il tirerait directement dans la tête de toute personne qui essayerait d’avancer.
Sans avertissement, un soldat a tiré sur un jeune homme dans la hanche pour prouver ses dires. Les secouristes ont indiqué que ses blessures n’étaient pas critiques.
Khannan, qui a quelque connaissance de l’hébreu, a également surpris un soldat préciser à deux autres jeunes hommes positionnés sur le toit d’une voiture. Il a dit « Soyez sûrs de les toucher. »
Khannan s’est placé devant les fusils et leur a hurlé d’arrêter de tirer. Les soldats lui ont craché dessus.
Un officier de haut rang a réitéré sa menace : « Je vous promets qui si quelqu’un avance, nous lui mettrons une balle dans la tête! »
L’armée israélienne a également détenu et arrêté 10 pacifistes israéliens avant qu’ils puissent rejoindre les manifestants.
9 internationaux du Canada, de Suède, des Etats-Unis, et 1 habitant palestinien du camp de réfugiés de Balata ont été détenus par des soldats au barrage routier de Sabaatash alors qu’ils circulaient entre Naplouse et Asira pour rejoindre la manifestation. Ils leur ont demandé leurs passeports et ont refusé les autoriser à passer sous prétexte que c’était une Zone Militaire Fermée.
Les villageois étaient seuls face à la répression violente de leur protestation contre le barrage routier.
Quand Khannan a demandé à l’officier : « Pourquoi permettez-vous aux colons de se déplacer librement sur ces terres, et pas aux Palestiniens? Qu’en est-il de ces moutons là-bas… Sont-ils autorisés à se déplacer? »
L’officier a répondu : « Je voudrais maintenir le secteur fermé pour toujours, vous n’avez pas le droit de circuler. Les moutons peuvent se déplacer, ce sont des animaux. »
Une heure et demi plus tard, la plupart des soldats ont quitté le village.
Quand les activistes étrangers sont arrivés deux heures plus tard après être passés par un autre itinéraire, les soldats trainaient toujours parmi les arbres des collines environnantes.
Les activistes israéliens ont été libérés après avoir été détenus pendant une heure et sont rentrés en Israel.
Khannan nous a informé que les jeeps étaient entrées dans le village la nuit précédente et qu’ils avaient tiré en l’air pour intimider les villageois : la routine.
Nous sommes restés pour parler à quelques villageois qui n’étaient pas allés assister aux prières du vendredi avant de rentrer à Naplouse.
Nous travaillons actuellement pour nous assurer d’une présence internationale et médiatique pour la manifestation du jeudi 28 juillet prévue pour ouvrir Naplouse.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : MG pour www.ism-france.org