Voici le dernier compte-rendu des activités de DARNA, notre maison, la maison des associations de Naplouse créée à l’initiative de Youssef Haji. Bonne lecture !
« Une fois n’est pas coutume, nous avons dû apprendre à «mettre les petits plats dans les grands», à l’occasion de la cérémonie d’inauguration officielle de la maison, qui a eu lieu le 24 octobre 2005, en présence d’un vaste éventail d’institutionnels palestiniens et étrangers, dont une forte délégation officielle française conduite par le consul général de France à Jérusalem.
Alors, une semaine avant le jour J, c’est le branle-bas de combat à Darna, où toutes les associations se mobilisent :
« Faut-il mettre un ruban pour la photo traditionnelle où l’on verrait le consul et le gouverneur en train de le couper ? », « faut-il dire aux jeunes qui affluent au centre à l’heure de l’Iftar (rupture du jeûne pendant le mois de ramadan) de ne pas venir ce soir-là car on n’aura pas assez de place ? », sont autant de « graves » débats qui nous animent, au milieu des préparatifs des expositions, et des craintes de jeunes militants que le consul de France ne fasse finalement faux bond, pour des raisons politiques inavouables.
Craintes sans fondement. Le grand soir venu, les salles de DARNA se remplissent, tout le monde est bien là, et le consul général tient à souligner qu’en venant avec la moitié de son équipe de Jérusalem, il montre bien tout l’intérêt qu’il porte au projet Darna et plus généralement à la ville de Naplouse. Et ce ne sont pas les check-points israéliens, comme celui de Hawara qui encerclent la ville, qui l’empêcheront d’y revenir, ajoute-t-il.
Moharram BARGHOUTIE, président de l’Union de la Jeunesse Palestinienne, salue de son côté la nouvelle forme de financement incarnée par le projet DARNA, où l’aide publique française sert de déclencheur à l’aide privée palestinienne, aux côtés des apports des réseaux d’amis de la Palestine en France et au Maroc, à travers la création de l’association des Amis de Darna notamment.
Le gouverneur de Naplouse, Abou Jihad el Halloul, qui a perdu un fils tué dans la défense de la ville lors de la grande invasion israélienne d’avril 2002, insiste sur le fait que DARNA est extraordinaire à ses yeux, d’abord par sa simplicité: « Rassembler dans un même lieu, une infrastructure opérationnelle et souple au service des associations, sans intervention aucune, est un exemple à suivre pour l’optimisation de l utilisation des fonds, des équipements et des services », commente-t-il.
Nassir ARAFAT, président actuel de DARNA (la présidence est tournante), attire l’attention sur le fait que Naplouse est la plus grande ville de la Cisjordanie après Jérusalem. Sa population représente 8 % de l ‘ensemble de la population palestinienne, Gaza comprise. Naplouse a historiquement été le poulmon économique du pays, et, cette cité séculaire, qui doit être inscrite au patrimoine de l’humanité, mérite mieux que le silence qui a entouré trop longtemps son martyr.
Le consul de France est reparti avec un cadre représentant Naplouse avant 1948, un CD de l’association Palestinienne pour les logiciels libres et trois bouteilles d’huile d’olive de Bourine, un village qui amène les étudiants à passer 1 heure de transport et à dépenser 8 shekels (1,5 € environ) de frais de bus quotidiens, en raison des bouclages militaires israéliens, alors que le village n’est qu’à quinze minutes de marche de l’Université !
Dans ce rapport vous trouverez :
- Paroles de Naboulssi
- Etat de l’utilisation des locaux de DARNA pour le mois d’octobre
- Cela se passe à DARNA
- Entraide
- Comment nous joindre ?
1 – PAROLES DE NABOULSSI
L’automne
A Naplouse, les saisons sont bien marquées. Actuellement sur les marchés nous avons des kakis, des pommes de terre nouvelles, des pommes du Golan, plein d’étalages de confiseries pour l’Aïd , des patates douces, des dattes de Jericho… et les premières pluies. La pluie ça va, mais aux check-points de Beit Iba, Hawara ou Beit Dajan, elle est rapidement synonyme de boue. Le check-point, c’est en fait le royaume de la boue, celui de terres agricoles, mais que les engins militaires de l’occupant transforment inlassablement en gadoue. Fatine, étudiante.
Nancy AJRAM
En passant au check-point, je me suis fait fouiller comme d’habitude. Le soldat regarde attentivement mes livres et CD rom, tous des CD rom sur la programmation informatique.
Le soldat : Tu connais Nancy AJRAM?
Moi : Oui, c’est une chanteuse libanaise
Le soldat : et puis … ?
Moi : Ben, une star, si tu veux …
Le soldat : Connard, Nancy Ajram est une bombe sexuelle et la prochaine fois, tu me ramènes un de ses CD, sinon je te laisse pas passer. Saher, étudiant.
AID
Lors de la fête de l’Aïd, nous décorons nos cimetières de branches de palmier ; on échange des visites avec les familles de martyrs et de prisonniers. Mais dans la nuit, nous sommes réveillés par une enième incursion des Israéliens. Cette fois, ils se sont emparés de deux de nos jeunes et, pour faire bonne mesure, ils ont détruit les vitrines de deux magasins au centre de Naplouse. Ici, heureusement, nous n’avons pas de pillards comme on le voit dans d’autres pays, et la marchandise reste en place. Nos seuls voyous, ce sont les soldats de l’armée d’Israël.
Kamel, commerçant.
On se fait une toile ?
Le cinéma de DARNA, c’est super parce que malgré l’étroitesse du lieu, la magie nous emporte. J’ai proposé qu’on repasse une fois par mois le film « Kingdom of Heaven », de Ridley Scott. C’est un beau film sur les croisades. Pour une fois, les Arabes n’écopent pas du rôle des méchants. Je comprends mieux pourquoi le réalisateur a perdu de l’argent dans cette super-production. Heureusement pour lui, Ridley Scott avait encaissé pas mal de dollars avec son film précédent, Gladiators.
Edward Saïd
Au début, je n’osais pas demander « C’est qui Edward ? », ce monsieur dont le portrait orne la salle de DARNA. Puis j ai cherché sur internet avec un moteur de recherche et voilà que je trouve que ce Palestinien nous ressemble. Enfant de Jérusalem, il quitte sa ville natale pour le Caire puis Beyrouth puis les USA. Chrétien, il défend l’image des musulmans ; Palestinien il dialogue avec les juifs pour une paix juste, et s’oppose à Arafat et sa Paix des Naïfs. Ce que j’aime chez E. Saïd, c est le fait qu il était mauvais élève quand il était enfant, et qu’il est quand même devenu un professeur d’université dont les œuvres ont été traduites en plus de 20 langues. Pour moi qui n’ai pas brillé à l’école, tous les espoirs semblent donc permis. Iman, au chômage.
Départ
En quelques mois, les Syriens ont été obligés de quitter le Liban, et malgré cela l’ONU, la France et les Etats-Unis continuent de les harceler. Israël s’est retiré partiellement de Gaza, en gardant le contrôle des airs, des terres et de la mer et en campant en Cisjordanie. Cela a suffi pour que l’ONU, la France et les Etats-Unis accueillent Sharon comme un dieu antique faiseur de paix. Et tu veux qu on puisse avoir la moindre confiance dans les »valeurs » de l’Occident ? Kossay, commerçant.
Heure d’été
L’Autorité palestinienne a choisi le début du mois de Ramadan pour changer l’heure d’été. Le check-point de Hawara, lui, a continué de fermer à 20 heures, heure israélienne, c’est-à-dire 19 heures, heure palestinienne. Une heure de moins de possibilité de passer, donc. Mais les soldats disaient aux gens bloqués à cause du changement :
«Vous n’avez qu’à vous en prendre à Abou Mazen, qui ne respecte pas l’heure israélienne !». Nasser, formateur.
2 – L’UTILISATION DES LOCAUX DE DARNA EN OCTOBRE
PYU / DARNA
– Formation informatique Internet: 9 séances pour deux groupes de 10 participants chacun. Réunions volontaires: 15 participants
– Association Palestinienne Vision :
Réunion Jeunes leaders: 20 participants. 1 Iftar (rupture de jeune) pour volontaires: 18 participants
– Association Tamer :
2 ateliers d écritures : 30 participants 14/17 ans. 1 Iftar pour volontaires : 20 participants
– Le centre palestinien contre la violence faite aux femmes :
1 atelier de 3 heures « De mère à mère « : 20 participantes
– DARNA :
2 Réunions du CA.
1 conférence de presse avec le collectif de solidarité avec la Palestine de la Normandie : 20 participants
1 une rencontre-débat : « Etre Jeune Palestinien Aujourd’hui » : 60 participants
1 Iftar Inauguration de DARNA : 80 participants
2 projections filmées au village de Beit Dajan et Assira Chamaliya : 40 participants à chaque séance.
Réception et rencontres avec missions civiles pour la protection du peuple palestinien et des représentants de l’AFPS Montpellier et CAPJPO- EuroPalestine.
– Groupe palestinien des Logiciels libres : Atelier quotidien d’Internet de DARNA (4 étudiants programmeurs)
– Project Hope : 2 cycles d apprentissage d’anglais 3h hebdomadaires avec 8 élèves pour chaque cycle.
5 projection films DARNA PROJECT HOPE: 75 Participants a chaque séance
– KATAKIT : 3 séances de répétitions théâtrales
– Forum des Jeunes Leaders: Iftar : 30 Participants
– Human supporters: Iftar avec échange mission civile pour la cueillette des olives: 15 participants
– Union pour la réhabilitation des handicapes du camps d’Askar: Iftar avec échange mission civile animation enfants: 17 participants.
– Autres services de DARNA :
Cuisine : Libre service pour les boissons et fournitures partagées entre DARNA et les associations membres. Une moyenne de 30 usagers par jour.
Café-net : 10 ordinateurs en gestion semi-libre pour uniquement les membres d’associations et étudiants, Une moyenne de 20 usagers par jour.
Prêt d’ordinateurs portables : 6 ordinateurs prêtés dont 2 pour des doctorants, 1 pour un professeur et 3 pour des responsables associatifs. La durée moyenne du prêt est de 3 à 6 semaines.
Service restaurant : En octobre, nous avons servi environ 380 repas iftar .
Services photocopies : Les photocopies servent essentiellement aux travaux des associations (85%), des étudiants (10%) et à l’administration de DARNA (5 %).
3 – CELA SE PASSE A DARNA
– « Etre jeune en Palestine »
Avec le centre culturel français de Naplouse nous avons reçu à DARNA le 19 octobre Pénélope Larzillière pour un échange sur son livre « Être jeune en Palestine » (Balland Collection Voix et regards).
Qu’est-ce qu’être jeune, aujourd’hui, lorsqu’on vit dans les territoires qui relèvent de l’Autorité Palestinienne ? En 1987, la première Intifada mobilisait massivement les jeunes Palestiniens, convaincus que leur lutte conduirait à l’instauration d’un Etat indépendant. En 1993, les accords d’Oslo semblaient s’approcher de cet objectif. Depuis, l’espoir a cédé la place au désespoir, et celui-ci est au cœur de la seconde Intifada, lancée en 2000. Si la plupart d’entre eux maintiennent cet objectif politique national, tous développent un pessimisme absolu quant aux chances de sa réalisation. La vie quotidienne de ces jeunes est extrêmement dégradée, et comporte bien d’autres préoccupations que celles directement politiques et géopolitiques études, travail, religion, relations familiales, amoureuses, etc. Lors de la première Intifada, vie privée et vie publique centrée sur l’objectif national se combinaient aisément, et le militantisme apparaissait comme un moyen d’améliorer la situation dans tous les domaines de l’existence. Désormais cette articulation n’est plus possible. L’engagement est devenu, tout à la fois, nécessaire et sans espoir. Pénélope Larzillière mène depuis de nombreuses années des enquêtes de terrain dans les territoires palestiniens. Elle brosse ici le portrait étonnant d’une jeunesse dont l’expérience quotidienne est surdéterminée par l’évolution de la scène politique, mais ne s’y réduit pas.
4 – SOUTIENS RECUS AU COURS DU MOIS
L’association Shalom, Paix Salam membre du collectif normand a offert 300 euros pour les frais de restauration d’étudiants a DARNA et 100 euro pour le Club sportif du village BOURINE .
CAPJPO-EuroPalestine a remis 850 euros aux « Amis de DARNA » grâce à l’organisation d’un vide-grenier à Paris 13ème.
Du Cirque a Naplouse, nous avons reçu à DARNA la Famille Michelle qui travaille depuis deux ans sur la création d’une école de Cirque à Naplouse.
www.unetoilecontreunmur.org.
Darna a joué son rôle de facilitateur de partenariats entre associations palestiniennes locales et porteurs de projets de France.
Plusieurs réunions de travail, visites et échanges ont eu lieu avec le petit cirque de Naplouse, Katakit, Human supporters, Fondation Cheikh Amr Arafat, la délégation de l’éducation nationale. Objectif : ouvrir l’école au cours de l’été 2006, en coordination avec Une Etoile Contre le Mur, et L’école de cirque de Genève.
REMERCIEMENTS: Nous tenons à remercier tout ceux qui apportent un soutien au projet Darna et plus particulièrement les amis de DARNA France et Maroc, CAPJPO-Euro-palestine, Centre Ressources Jeunesse Ramallah, Paltel Naplouse, les Amis d’Al Rowwad, Shalom Paix Salam Caen, Marguerite (volontaire Al Najah)
5 – COMMENT NOUS JOINDRE
En France : Association « Les Amis de Darna ».
Chèques et courrier à envoyer à l’adresse suivante :
Les Amis de DARNA, 7 rue de l’Epée de Bois, 75005 Paris. _ E-mail : amis.darna@wanadoo.fr
Tel : 06 32 66 18 62 ou 06 78 31 10 52.
DONS : CCP N° 020 5153400 C. Paris ou chèque à l’ordre « Les amis de Darna ». Un justificatif avec un reçu fiscal vous sera envoyé, vous permettant de déduire de vos impots 60 % du montant de votre don.
En Palestine :
DARNA Tarik Al Jamiaa (Rue de l’Université)
Tel/fax : (00 972) (0)92379312 Pt. : (00 972) (0) 599 66 56 46 ou (00 972) (0) 545 59 20 31
darnanaplouse@yahoo.ca